Il y a 30 ans, jour pour jour, Essan Nanyeck, dit Alexandre, était exécuté à la prison centrale de Beau-Bassin. C’était le 10 octobre 1987. Depuis, les autres condamnés à mort ont échappé à la potence. L’application de la peine capitale, mise en veilleuse depuis août 1995, pourrait être réactivée. La commission d’enquête sur la drogue pourrait se pencher sur la viabilité de relancer les mécanismes législatifs sur la peine de mort.
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C’est le 10 octobre 1987 que Maurice a témoigné de la dernière exécution de son histoire, soit trente ans jour pour jour. Il s’agissait d’Essan Nanyeck, aussi connu comme le tueur fou. Huit ans plus tard, soit en août 1995, l’Assemblée nationale décide de suspendre la peine de mort. Ce sujet est sans cesse revenu sur le tapis année après année, mais les différentes prises de position affichées par le gouvernement de l’Alliance Lepep depuis 2014 ont démontré que la réintroduction de la peine de mort peut devenir une réalité.
Sir Anerood Jugnauth (SAJ), au temps de son mandat premierministériel, s’est montré favorable à cette peine en plusieurs occasions. Son successeur, Pravind Jugnauth, leader du Mouvement socialiste militant (MSM), a été, quant à lui, plus nuancé sur cette question en affirmant être pour la peine capitale pour les trafiquants de drogue.
S’apprête-t-on à témoigner de la réintroduction de la peine de mort avant la fin du mandat de ce gouvernement ? Plusieurs sources que nous avons contactées s’accordent à dire que la peine de mort n’est pas la priorité actuelle. « Le gouvernement s’est embarqué dans la réalisation de plusieurs ambitieux projets, tels que le Metro Express, et s’attèle à développer d’autres visant à relancer l’économie. La peine de mort n’est donc pas au centre de l’attention du gouvernement », fait part une source au Bâtiment du Trésor. Ce dernier fait cependant ressortir que si la réintroduction de la peine de mort venait à se matérialiser, le gouvernement s’engagera avant toutes choses de lancer un débat national sur la question.
Débat
D’autres sources à l’Hôtel du gouvernement sont d’avis que le débat pourrait être relancé très bientôt à travers la Commission d’enquête sur la drogue présidée par l’ancien juge Paul Lam Shang Leen. « Les recommandations du rapport peuvent tout relancer. Nous serons très attentifs au rapport afin de savoir si cela vaut la peine de nous pencher sur la question », explique un ministre. Ce dernier fait ressortir que le Premier ministre veut que la peine de mort soit appliquée uniquement dans les cas des caïds. « Si les conclusions du rapport Paul Lam Shang Leen sont accablantes, le débat pourrait en effet être sérieusement relancé », poursuit ce membre du gouvernement.
Au niveau des autorités, une source proche du dossier nous révèle que la question de la peine de mort devra inévitablement être abordée par la Commission d’enquête. « Beaucoup de personnes ont proposé à la Commission de recommander la réintroduction de cette pratique. Ce qui fait que le rapport devrait en faire mention. Mais cela ne veut en aucun cas dire que la Commission prendra une position tranchée sur la question », nous fait valoir cette source.
La soumission du rapport par la Commission devrait se faire durant la période des fêtes de fin d’année, après deux ans de travaux assidus.
Les condamnés à mort exécutés
- Louis Leopold Myrtille : Il était accusé d’avoir assassiné, le 12 décembre 1979, une dénommée Julienne Sarah à Petite-Montagne, Clémencia. Il a été mis à mort le 6 avril 1982.
- Essan Nanyeck : Il a été exécuté le 10 octobre 1987, pour avoir assassiné Abdool Rashid Achia, le 23 juillet 1983, devant le Marché central, à Port-Louis.
Une simple majorité suffit
La suspension de la peine de mort était en fait le résultat d’un accord électoral entre le MSM et le PMSD. Ainsi, le fait que cette pratique n’ait pas été abolie, sa réintroduction ne devrait pas être compliquée. Un simple projet de loi au Parlement, voté par une majorité simple, soit 35 voix sur 36, suffira pour réintroduire la peine de mort.
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