Le Chinatown, quartier mythique du vieux Port-Louis, est aujourd’hui un lieu de commerce comme un autre. Roland Tsang Kwai Kew, ancien journaliste, qui s’efforce de garder vivant la mémoire de ce lieu au riche passé, évoque pour nos lecteurs, l’ambiance du Chinatown des années 60.
Nous sommes au début des années 50. Roland Tsang Kwai Kew est à cette époque encore adolescent. Il suffit au journaliste à la retraite de fermer les yeux pour qu’il brosse un tableau du Chinatown d’autre fois. à cette époque ce quartier de Port-Louis était un lieu de commerce fréquenté par de nombreux Mauriciens. Ils y trouvaient tous les produits dont ils avaient besoin : des légumes, de la volaille, des produits alimentaires et d’autres articles importés d’Asie.
« De nos jours, le quartier est une niche pour les boutiques et autres quincailleries. Mais avant on y voyait beaucoup de marchands de légumes par example à la rue Joseph Rivière (ex rue La Rampe), » se souvient Roland.
Folklores
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« L’on venait y boire « enn topet », acheter à crédit ou simplement «Kasse enn poz». Derrière son comptoir, le boutiquier passait son temps à faire ses comptes, à mettre à jour les redevances dans un vieux carnet. « Il serait bien pour la postérité que le gouvernement prépare un projet de reconstitution d’un musée retraçant l’histoire de la boutique chinoise d’autrefois, » souligne notre interlocuteur en parlant des nombreuses « laboutiksinoi »du vieux Chinatown.
Roland ne peut parler folklore sans évoquer les figaros chinois. « Ils ne se limitaient pas à couper les cheveux, ils épilaient les sourcils et le front, nettoyaient les narines et les oreilles, et pratiquaient un massage du cou, de la tempe, et des épaules du client. »
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[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"10304","attributes":{"class":"media-image size-full wp-image-17366","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1366","height":"768","alt":"Chinatown"}}]] Scène de vie…
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L’architecture
Bien avant les deux portiques, dons de la Mairie de Foshan à celle de Port-Louis, ville à laquelle la capitale mauricienne est jumelée, c’était surtout des maisons en bois. « Avant, comme partout ailleurs à travers le pays, il y avait des maisons en bois. Petit à petit, elles ont été rasées pour céder la place à des restaurants, des snacks et parkings payants. Chinatown se meurt à mesure que disparaissent les Sino-Mauriciens de la première génération qui a peuplé ce quartier.[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"10305","attributes":{"class":"media-image wp-image-17367","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"450","height":"271","alt":"La princesse Margaret"}}]] La princesse Margaret s’est rendue au Chinatown lors de sa visite à Maurice.
Le berceau de la cuisine chinoise
Des années se sont certes écoulées, mais Chinatown reste le lieu de rendez-vous des amateurs de la cuisine chinoise. « Avec une roupie et 50 sous, on pouvait dans les années soixante déguster à la rue La Rampe un délicieux bouillon du jarret de porc avec du « lawkon » (bigorneaux chinois séchés) ou encore un potage de hamchoy (brède salée) avec du « tram choy » (des moules séchées). Il est également à noter qu’à cette époque les nouilles frites ne faisaient pas partie des mets chinois qu’on proposait à même le trottoir à la Rue La Rampe. Par contre, on y trouvait de teokon farcis et de saomaï. Les vendeurs de gâteaux « arouille », de « mi kao pan », un crêpe cuite au bain-marie qu’on mangeait avec du caramel avaient la cote.Riche patrimoine culturel
Le quartier avait aussi une vie culturelle selon notre interlocuteur. « Par exemple les dimanches après-midi le restaurant Chez Mama proposait une séance du jukebox. Pour 25 sous trois vidéo-clips étaient proposés au choix à chaque séance qui durait un quart d’heure. «L’École est finie» de Sheila, «La plus belle pour aller danser» de Sylvie Vartan, «Quand j’entends siffler le train» de Richard Anthony et Zorro est arrivé (Henri Salvador) entre autres, étaient les tubes français en vogue qui faisaient la joie des fans. Le cinéma était aussi au programme. Au Century Palace, il y avait des séances cinématographiques gratuites de films chinois.Le sport
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"10306","attributes":{"class":"media-image size-full wp-image-17365","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1366","height":"768","alt":"Chinatown"}}]] Le quartier ne manquait pas d’activités sportives.
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Il faut aussi ne pas oublier que le Chinatown a été un haut lieu sportif. « Le Chan Stadium accueillait les activités culturelles mais était incontournable pour les événements sportifs. C’est au Chan Stadium que le basket-ball a été introduit à Maurice. Un dimanche après-midi passé au Chan Stadium pour assister à un match de basketball était un must pour les sino-mauriciens de la capitale», fait ressortir notre guide qui rappelle que le Chinatown comptait jadis une patinoire pour les amateurs de patins à roulettes.
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L’espoir
Cependant même si le Chinatown à beaucoup perdu de son âme, l’espoir est toujours permis : « L’initiative de la Chambre de Commerce Chinoise de faire revivre le Chinatown, l’espace d’un week-end chaque année en y apportant de l’animation musicale et culturelle et en organisant un festival de cuisine chinoise est fort louable. Il est à souhaiter que cette activité soit inscrite au calendrier touristique annuel avec l’aide de la Municipalité de Port-Louis, et du ministère du Tourisme pour redonner un peu de « night life » à notre vieille capitale. »Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !