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Partielle à la circonscription n°10 : le Parti travailliste sous pression

Le leader des rouges et son parti n’auront pas droit à l’erreur si le Premier ministre venait réellement à organiser une partielle au n°10.

Le suspense est entier. Y aura-t-il effectivement une partielle à la circonscription n°10, comme l’a affirmé le Premier ministre ? Et si le MSM risque gros, c’est également le cas du Parti travailliste.

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La démission de Vikram Hurdoyal comme député du Mouvement socialiste militant (MSM) dans la circonscription n°10 (Montagne-Blanche/Grande-Rivière-Sud-Est) est considérée par de nombreux observateurs comme un défi épineux pour le gouvernement. Cependant, cette situation s’avère également délicate pour l’opposition, en particulier pour le Parti travailliste (PTr) et son leader.

« Une troisième défaite électorale pour Navin Ramgoolam équivaudrait à un K.O. », déclare l’observateur politique Faizal Jeerooburkhan. Comme de nombreux observateurs, il estime que la révocation suivie de la démission de Vikram Hurdoyal en tant que député, ainsi que le silence total du Premier ministre, Pravind Jugnauth, sur les raisons de cette révocation, ne jouent pas en faveur du gouvernement. Cependant, il reconnaît que le PTr et son leader, Navin Ramgoolam, prennent un risque considérable dans la perspective d’une éventuelle élection partielle. 

« Ne perdons pas de vue que Navin Ramgoolam a subi deux défaites électorales successives dans les circonscriptions n°5 et n°10. Une troisième défaite consécutive serait préjudiciable pour lui », souligne-t-il. D’autant qu’au sein de l’alliance PTr-Mouvement militant mauricien (MMM)-Parti mauricien social-démocrate (PMSD), l’accent est mis sur les rouges pour contrer l’influence du MSM dans les régions rurales, en raison de son enracinement historique auprès de cette frange de l’électorat. 

Néanmoins, Faizal Jeerooburkhan souligne que le gouvernement pourrait également subir des pertes significatives en cas de défaite lors d’une élection partielle. Il met en avant le fait que c’est le gouvernement qui a perdu un siège avec la démission de Vikram Hurdoyal. Et dans le scénario où le MSM serait battu par l’opposition lors d’une élection partielle, cela risquerait d’avoir un effet psychologique sur l’électorat, suggérant que le pouvoir a maintenant basculé du côté de l’opposition.

Le résultat d’une élection partielle peut avoir un impact sur la stabilité d’une alliance politique, comme cela a été le cas lors de l’élection partielle dans la circonscription n°9 (Flacq/Bon-Accueil) en 1998, rappelle l’historien et observateur Jocelyn Chan Low. À cette époque, Satish Faugoo du PTr avait remporté la victoire face au leader du MSM de l’époque, sir Anerood Jugnauth. Cette défaite avait conduit à la rupture de l’alliance entre le MSM et le MMM. Selon Jocelyn Chan Low, une situation similaire pourrait se produire si Navin Ramgoolam devait être défait lors d’une éventuelle élection partielle.

Il souligne également que si Pravind Jugnauth tient réellement ses engagements concernant l’organisation d’une élection partielle dans la circonscription n°10, ni l’opposition ni le gouvernement ne pourront se permettre de jouer aux abonnés absents, car cela serait perçu comme un signe de faiblesse aux yeux de l’opinion publique.

Opinions divergentes

Du côté du PTr, les opinions divergent actuellement quant à la participation à une éventuelle élection partielle dans la circonscription n°10. Bien que certains pensent que le Premier ministre finira par revenir sur sa décision, comme cela s’est produit en 2019 avec la démission de Vishnu Lutchmeenaradioo dans la circonscription n°7 (Piton/Rivière-du-Rempart), d’autres estiment que les rouges ne pourront pas esquiver cette élection et devront présenter un candidat. 

Selon une école de pensée comprenant certains députés, le PTr ne peut se permettre de se retirer, quel que soit le candidat choisi, car il est considéré comme le moteur de l’opposition. En tant que tel, il ne peut manquer une telle opportunité politique. « Que ce soit Navin Ramgoolam ou un autre candidat, le Parti travailliste ne peut se permettre de se soustraire à cette responsabilité. Nous sommes le fer de lance de l’opposition et nous ne pouvons pas manquer un tel rendez-vous politique », affirme un député d’une circonscription urbaine. 

Le député et président du PTr, Patrick Assirvaden, préfère s’aligner sur la position adoptée par Navin Ramgoolam. Ce dernier a été sollicité en plusieurs occasions lors de la conférence de presse de l’opposition parlementaire jeudi dernier, pour confirmer s’il se présentera comme candidat à une élection partielle au n°10. Il s’était alors contenté de déclarer qu’il n’y aura pas de partielle, tout en insistant sur la nécessité d’organiser des élections générales dans les plus brefs délais. Patrick Assirvaden exprime donc son scepticisme quant aux déclarations du Premier ministre, affirmant ne pas croire au « bluff du Premier ministre » concernant l’annonce d’une élection partielle dans la circonscription n°10. 

Pour des observateurs, le scepticisme du PTr et de ses alliés face à l’éventuelle tenue d’une élection partielle quelques mois seulement avant les élections générales est compréhensible. Ils soutiennent que l’opposition ne disposera pas des mêmes ressources financières que le MSM, qui peut également compter sur l’appareil d’État. Organiser une élection partielle, à ce stade, serait très coûteux, et il est évident que cela affaiblirait considérablement les finances de l’opposition. De plus, investir massivement dans une élection partielle pour un député qui ne siégerait que pour une courte période soulève la question de l’utilité de cet investissement.

Faux départ

L’ancien éditorialiste et observateur politique, Yvan Martial, avance pour sa part que l’opposition ne souhaite en aucun cas se préparer à une élection qui pourrait finalement ne pas se tenir. « Tant que le Premier ministre n’annoncera pas de date pour une élection partielle, l’opposition ne peut se permettre de s’engager dans une course qui pourrait être inexistante  », souligne-t-il. 

Yvan Martial est également convaincu que même l’annonce de la date du Nomination Day ne sera pas prise au sérieux par l’opposition, car tout cela pourrait se révéler être simplement un faux départ visant à déstabiliser l’opposition. Par ailleurs, Yvan Martial souligne que ce débat le conduit à penser que pour véritablement respecter les principes démocratiques, Maurice devrait s’inspirer de ce qui se fait aux États-Unis et en France, où les dates des élections sont fixées à l’avance. Ainsi, confier le pouvoir d’organiser les élections uniquement à une seule personne n’est pas sain pour le jeu démocratique.

 

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