
- Siddique Khodabocus : « L’importation parallèle pourrait réduire les prix de 30 à 40 % »
Une nouvelle rupture de stock touche plus d’une centaine de médicaments dans les pharmacies privées. Si des génériques restent disponibles, l’importation parallèle pourrait être une solution pour pallier ces pénuries et réduire les prix, selon Siddique Khodabocus.
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Les pharmacies privées font face à une nouvelle pénurie de médicaments. Plus d’une centaine de produits, couvrant des pathologies variées – cardiologie, hypertension, diabète, maladies neurologiques et psychiatriques, gastroentérologie, gynécologie, dermatologie, rhumatologie et ophtalmologie – sont concernés.
Malgré cette situation, des alternatives existent. « Les médicaments génériques sont disponibles pour la plupart des catégories », affirme Siddique Khodabocus, de l’Association des petits et moyens importateurs de produits pharmaceutiques. Il encourage les patients à leur faire confiance, soulignant qu’ils sont tout aussi efficaces et plus abordables. « Les patients ne devraient pas s’attacher aux médicaments de marque », insiste-t-il.
Cependant, pour éviter ces ruptures récurrentes, Siddique Khodabocus préconise l’importation parallèle, qui permettrait d’offrir un choix plus large aux consommateurs, y compris ceux habitués à certains médicaments de marque. Certains produits n’ayant pas d’alternative générique se retrouvent introuvables sur le marché. Or, bien que prévue dans le manifeste électoral du gouvernement, l’importation parallèle pourrait être freinée par certains lobbies, selon lui.
« Les arguments contre l’importation parallèle ne tiennent pas la route », soutient-il. Il plaide pour la mise en place d’un laboratoire d’analyse pharmaceutique à Maurice afin d’assurer la qualité des produits importés. Toutefois, il insiste sur le fait que ce contrôle devrait s’appliquer à tous les médicaments, qu’ils proviennent des circuits habituels ou parallèles. « Les mêmes règles de qualité et de traçabilité doivent être appliquées », dit-il.
Le ministre du Commerce, Michaël Sik Yuen, rappelle de son côté que ce dossier implique plusieurs ministères – la Santé pour le contrôle de la qualité, le Commerce pour la régulation des prix et les Affaires étrangères pour les accords internationaux. « Ce processus peut prendre plus de six mois », prévient-il.
L’importation parallèle permettrait aussi de lutter contre les prix abusifs. « Le ‘regressive mark-up’ a échoué, mais l’importation parallèle pourrait faire baisser certains prix de 30 à 40 % », estime Siddique Khodabocus. Il appelle à un dialogue avec toutes les parties prenantes, qu’elles soient favorables ou opposées à cette mesure.
Par ailleurs, en réaction à la rareté du dollar sur le marché mauricien, Michaël Sik Yuen suggère aux importateurs de négocier avec leurs fournisseurs afin de régler leurs factures en devise locale du pays d’origine. Il estime que cette adaptation pourrait atténuer la crise monétaire.
Révision des prix sur les équipements médicaux
Le ministère du Commerce travaille à une révision des prix des équipements médicaux pour les rendre plus accessibles. « Nous vérifions d’abord les marges de profit avant d’implémenter nos mesures », déclare Michaël Sik Yuen. Sont concernés : fauteuils roulants, lits médicaux et dispositifs pour les personnes à mobilité réduite.
L’importation de ces équipements reste peu réglementée, souligne le ministre. « Il n’y a pas de TVA sur ces produits, mais les marges sont élevées, atteignant parfois 100 % », affirme-t-il. Une régulation des prix s’impose pour améliorer l’accessibilité de ces dispositifs.
« Importation » à petite échelle
L’importation parallèle des médicaments existait il y a quelques années. « Il n’y a aucune raison de ne pas la remettre en place, au moins pour les médicaments indisponibles », estime Siddique Khodabocus. Certains patients se procurent leurs traitements à La Réunion, parfois avec l’aval des autorités, ce qui constitue une forme d’importation parallèle, selon lui. « Rien n’empêche l’importation de produits déjà disponibles à Maurice », soutient-il. Il plaide ainsi pour une légalisation du processus.

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