Le paysage politique a récemment été le théâtre de vifs affrontements entre Navin Ramgoolam et Pravind Jugnauth. Cette résurgence des tensions offre un aperçu préliminaire de ce qui pourrait se profiler pour l’année 2024. Cependant, la question fondamentale demeure : quel est réellement le niveau du débat politique ?
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L’on a, la semaine dernière, témoigné de nouvelles attaques personnelles entre le leader du PTr Navin Ramgoolam et Pravind Jugnauth, avec des allusions à la vie privée et le recours à la religion comme sujet de débat. Le Premier ministre (PM) a insisté sur les faiblesses passées de Navin Ramgoolam pour le décrédibiliser, tandis que l’ex-PM a critiqué le bilan jugé désastreux de Pravind Jugnauth et du MSM, tout en présentant une série de promesses électorales.
L’intensification des tensions laisse entrevoir un regain de rivalité en cette fin d’année, avec des indications d’une escalade en 2024. Cependant, la question fondamentale persiste : ces attaques constitueront-elles un moyen efficace pour aborder de manière constructive les défis nationaux ?
Pour l’observateur politique Faizal Jeerooburkhan, « Pravind Jugnauth se concentre sur le passé de Ramgoolam, exposant des comportements parfois immoraux et des lacunes en matière de gouvernance, tandis que Navin Ramgoolam met, lui, l’accent sur la situation actuelle, abordant des problématiques comme le pouvoir d’achat, le népotisme, la fraude et la corruption ». Selon lui, le débat entre les deux leaders est « déplorable ». « Au lieu de se concentrer sur des questions cruciales (environnement, économie et productivité), ils s’engagent dans une surenchère d’attaques personnelles. Cela contribue à créer une atmosphère négative et détourne l’attention des véritables enjeux nationaux », ajoute-t-il.
L’observateur politique critique également le recours à des promesses consistant à offrir davantage d’argent, soulignant que cela pourrait « engendrer une nation d’assistés ». Il suggère qu’une approche sérieuse aurait dû se concentrer sur l’amélioration de la productivité nationale, car c’est ainsi que la richesse d’un pays peut réellement croître.
La classe politique de notre pays n’est-elle pas capable de mieux, se demande Géraldine Hennequin, d’Idéal Démocrate. « Ces postures soulignent deux décennies d’échecs du débat politique. La parole venant des politiciens s’est considérablement appauvrie année après année, élection après élection. Elle est parfois devenue vulgaire. Elle n’a plus porté de sens à notre destinée commune », déclare-t-elle.
Elle fait aussi ressortir que la classe politique n’a pas su galvaniser l’élan démocratique du pays ni accompagner les nouveaux défis et enjeux sociétaux et économiques. « Cette parole n’a pas su rassembler et nous enjoindre à nous élever au-dessus de nos limites et de nos tensions. Elle joue à les exacerber quand l’occasion se présente. Les débats au Parlement soulignent que, même sur la forme, la médiocrité est la norme chez de nombreux députés au sein de la majorité », commente-t-elle.
« Les Mauriciens que je rencontre sur le terrain en sont pleinement conscients ! Ils n’aspirent pas à un règlement de comptes entre leaders fatigués, à court d’arguments et de propositions pour que notre pays soigne ses maux et libère encore mieux son potentiel », poursuit Géraldine Hennequin. En cette fin d’année 2023, des milliers de familles sont confrontées à la vie chère. « C’est l’angoisse quotidienne de tellement de familles aujourd’hui. Que fait le gouvernement pour soulager ces ménages à part saupoudrer par-ci, par-là quelques roupies comme bouche-trou ? Combien de familles s’endettent-elles ‘pou zwenn ledebout ?
C’est une réalité », fait-elle part.
Commentant également les récentes prises de position des deux prétendants au poste de Premier ministre, l’observateur politique Abdallah Goolamallee avance que cela reflète la culture politique inchangée à Maurice. « Malgré le désir de changement exprimé par la population, le changement de culture politique ne se produira pas du jour au lendemain. » Toutes ces attaques et sorties politiques démontrent que « nous entrons dans la dernière ligne droite à l’approche des élections de 2024. Chacun commence à mobiliser ses arguments pour s’attaquer mutuellement, donnant ainsi le ton de la campagne électorale à venir ».
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