À chaque Noël, les commerçants misent sur la vente des jouets pour multiplier leurs chiffres d’affaires. Cette année encore, la technologie s’invite au grand concert des tendances, avec des drones, des jeux vidéo et des smartphones. Qu’en est-il des traditionnelles poupées et des jeux de société ? Ont-ils encore de beaux jours devant eux ou sont-ils voués à disparaître ?
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« On n’a pas encore enterré les poupées et les voitures téléguidées, mais elles sont encore plus perfectionnées. Les poupées pleurent ou rigolent », explique le directeur d’Original Training avant de concéder que « les drones, dotés de caméras et de WiFi, sont très prisés ».
Le grand inconnu est le pouvoir d’achat : est-ce que les Mauriciens sont-ils prêts à dépenser une fortune pour plaire à leurs enfants ? « Non. Depuis ces dernières années, ils regardent à la dépense parce qu’ils sont prudents. Beaucoup de familles sont endettées ou dépensent en priorité en alimentation, en soins de santé ou en leçons particulières. D’autres économisent en pensant à l’avenir. Beaucoup veulent dépenser utile », explique le directeur.
Objet ludique
Depuis bien des années, le cadeau de Noël a cessé d’être cet objet ludique qui émerveille les enfants. Une instit, mère de famille, a une explication : « Les gosses ne croient plus au père Noël. C’est fini le mythe du vieillard au bonnet rouge qui dépose des cadeaux à minuit au pied d’un sapin. »
L’apparition du téléphone portable, suivi du smartphone et ses nombreuses applications, a porté un sérieux coup aux jouets traditionnels. Les avancées technologies ont aussi profité aux fabricants de jouets, une des plus notables étant le drone qui, d’année en année, s’améliore avec la connexion Internet, ce qui ouvre des perspectives illimitées. On peut s’attendre à des super-drones connectés dans le futur, avec des applications qui défient l’imagination.
Et le smartphone dans tout ça ? « Tous les parents n’offrent pas de smartphones en cadeau », fait ressortir le directeur d’Original Trading. « Si des parents offrent ce cadeau à leur enfant, les oncles ou tantes, eux, offrent d’autres cadeaux, peut-être un jeu de société ou une poupée. C’est parfois une question de pouvoir d’achat, d’autant que les enfants ont tendance à réclamer des smartphones dernier cri. »
Mais il ne faut pas croire que seul seul le revenu d’un parent est le facteur déterminant qui dicte son choix. « Certains parents qui exercent des professions libérales choisissent des jeux dits intelligents, comme les jeux de société. Pour eux, c’est un investissement dans l’éducation de leurs enfants », explique-t-il.
Nouvelles techniques de communication
Li Ah Choon, directeur de Titen Trading, note qu’une grosse tendance en faveur des drones se dessine cette année. « Avec un budget allant jusqu’à Rs 3 200, on peut s’acheter un drone avec caméras et applications mobiles, par comparaison au drone professionnel, vendu à quelque Rs 40 000 et notamment utilisé par les photographes », dit-il.
Il reconnaît lui aussi qu’il existe une clientèle-type pour les Lego et Playmobil. « Il se pourrait que les enfants de classe modeste exercent plus de pression sur leurs parents que ceux issus des classes aisées », fait-il observer. Aujourd’hui, grâce aux nouvelles techniques de communication, les importateurs passent les commandes à travers WhatsApp ou e-mail. « On peut se rendre compte de toute la diversité de l’offre en temps réel et avoir la possibilité de commander immédiatement », fait-il valoir.
L’influence des dessins animés sur les enfants est sans pareille. Que ce soit La Reine des Neiges ou, hier encore, Hannah Montana, l’image télévisuelle agit sur l’inconscient des filles et leurs produits dérivés sont une grosse source de revenus tant pour les producteurs que pour les comédiennes.
« C’est un indicateur de tendance pour nous autres importateurs de jouets. Durant l’année, on suit les séries à la télévision. Parfois ce sont nos enfants qui nous servent de boussoles. En octobre, on passe les commandes, qui arrivent vers la mi-novembre. On sait à coup sûr quelles sont les tendances », explique notre interlocuteur.
Jeux de société : le facteur collectif
Les jouets sont-ils devenus un indicateur social tout comme le vêtement, la voiture et l’alimentaire ? Perry Chung Fat, directeur de Lotus D’Or, l’admet avec quelques nuances. « Même certains parents issus de la classe ouvrière achètent des jeux de société chez moi. Il ne s’agit pas tellement de classe sociale que d’influence culturelle », dit-il pour l’avoir constaté dans ses trois magasins situés à Port-Louis, Tamarin et Trianon.
Le mode de vie américain est devenu planétaire et s’exerce surtout à travers son monde du spectacle, mais aussi à travers ses vedettes sportives. Les stars du basket-ball américain sont sponsorisées par des multinationales de tennis dont l’influence atteint notre vie quotidienne. « Porter telle ou telle marque est une expérience », clament les publicitaires. « La problématique c’est lorsqu’on s’attache plus au nom qu’au produit et le brand name impose un style de vie fake », explique Perry Chung Fat.
Le jouet, souligne-t-il, tend à devenir un objet personnel, qui conduit l’enfant à se replier sur lui-même, alors que le jeu de société, lui, est de nature collective et impose à ses participants à travailler ensemble. « C’est un type de jeu qui développe la solidarité, le dialogue et la communication, toutes des notions-valeurs qui sont en voie de perdition. Le jouet doit être un jeu qui stimule l’imagination de l’enfant, or le smartphone ne le permet pas. Au contraire, il lui rend la vie trop facile. »
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