Neuf ans sans comptes approuvés - gestion opaque de la CNT : Alan Ganoo et Rao Ramah dans le viseur

Après près de neuf ans sans comptes approuvés, la Compagnie nationale de transport traverse une crise. Ces retards dans l’approbation des comptes soulèvent des interrogations sur la transparence de cette entreprise qui reçoit chaque année des milliards de roupies de fonds publics. Difficile d’évaluer son état sans ces données. L’heure de rendre des comptes a sonné… 

La Compagnie nationale de transport (CNT), acteur-clé du système de transport public, est confrontée à une grave crise de gouvernance. L’ex-directeur général, Rao Ramah, l’ancien ministre du Transport et du Light Rail, Alan Ganoo, ainsi que le conseil d’administration sont sommés de s’expliquer sur une gestion jugée défaillante, sans comptes approuvés depuis près de neuf ans. 

Cette absence d’approbation des comptes soulève d’importantes questions sur la gestion financière de la CNT. Malgré une assistance annuelle de plusieurs milliards de roupies puisés des fonds publics, l’entreprise semble avoir échoué à répondre aux exigences de transparence et de responsabilité. Environ 140 000 passagers empruntent les 500 autobus de la CNT chaque jour pour une centaine de routes desservies, ce qui place l’entité sous un lourd contrôle public.

Le ministère du Transport et du Light Rail a exprimé ses préoccupations : « La CNT est une compagnie bénéficiant de milliards de roupies d’assistance gouvernementale sous diverses formes et générant également des milliards de roupies. Ceux qui étaient en charge doivent s’expliquer. »

Joint au téléphone dans l’après-midi du jeudi 26 décembre 2024, le ministre Osman Mahomed a indiqué que les derniers comptes audités approuvés datent de l’exercice financier se terminant le 31 décembre 2015, c’est-à-dire neuf ans de cela. Il a souligné que bien que ceux pour l’exercice 2016-17 aient été reçus le 29 octobre 2024, ils n’ont toujours pas été validés par le conseil d’administration. En parallèle, les comptes des exercices 2017-18, 2018-19 et 2019-20 n’ont été approuvés que le 11 septembre 2024, avant d’être envoyés au National Audit Office le 16 septembre dernier pour audit.

Alors que les raisons de ces retards restent floues, le ministre estime que ces délais soulèvent des interrogations sur la gouvernance de la CNT durant les mandats du gouvernement précédent. Il a de nouveau abordé le sujet lors d’une visite au garage de la CNT à Bonne-Terre, Vacoas. 

Il a fait comprendre que les états financiers de l’organisme pour l’exercice 2020-21 devraient être finalisés d’ici fin décembre 2024. Quant aux comptes de gestion pour les années 2021-22, 2022-23 et 2023-24, ils sont, selon lui, actuellement en préparation. Leur date de finalisation est estimée à février 2025. 

Mais en l’absence de comptes finalisés, il est difficile d’évaluer la véritable situation financière de la CNT. Le directeur de l’Audit a d’ailleurs exprimé de sérieuses préoccupations sur la non-finalisation des rapports de la CNT dans ses lettres de gestion précédentes. Ces retards prolongés font naître des interrogations sur l’état réel de la CNT qui compte 2 300 employés, sur ses finances et sur sa gestion. Sollicité pour des commentaires, ni l’ex-directeur général de la CNT, ni l’ex-ministre du Transport n’a répondu aux demandes de déclaration.