Ils sont sept ministres néophytes à avoir prêté serment le mardi 12 novembre. Plus d’une semaine après, se sont-ils familiarisés avec les rouages du ministère qui leur a été attribué ? Quels sont leurs dossiers prioritaires ? Quels sentiments les animent ? Autant de questions que nous avons abordées avec quatre d’entre eux.
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Bobby Hurreeram - Ministre des Infrastructures nationales et du Développement communautaire : «Je reste le Bobby que tout le monde connaît»
Les 10 premiers jours comme ministre
C’est vraiment challenging, je dois dire. Heureusement que nos camarades ont déjà fait un travail de base et maintenant, c’est la continuité. Ce n’est pas comme si un autre gouvernement était au pouvoir et que maintenant, on devait mettre de l’ordre. Donc, le travail se poursuit. Il y a eu beaucoup de progrès, mais le pays reste un grand chantier. Même si je squatte toujours le bureau de mon PS, qui a été bien gentil de me le céder. Je lui suis reconnaissant. Or, je dois dire que ma priorité n’est pas d’avoir un bureau et je ne pense pas à mon confort personnel. J’ai eu un espace de travail et on travaille, c’est le plus important.
Au bureau
Je me suis fait le devoir de faire le tour de mon ministère et d’aller à la rencontre des fonctionnaires. J’ai voulu voir l’environnement dans lequel ils travaillent et mieux comprendre les rouages. J’ai parlé à chacun individuellement pour établir une relation. Il me reste encore des visites à faire. J’ai d’ailleurs participé au premier Management Meeting. Je dois souligner que j’ai une bonne équipe avec des personnes compétentes et qualifiées, aussi bien que consciencieuses. J’ai également pris note des dossiers qui sont en cours, notamment le grand pont de Coromandel ou encore le fly-over de Jumbo.
Première réunion du Conseil des ministres
La première fois, cela a été impressionnant, mais c’était très bien. Tu sens le poids qui pèse sur tes épaules. N’empêche, cela reste une belle expérience. Je remercie encore une fois le Premier ministre, qui m’a donné l’occasion de servir le pays à ce niveau.
Première fonction
Je n’ai pas eu la chance de participer à une fonction jusqu’ici.
Dans la circonscription
Depuis que j’ai prêté serment, je suis occupé à mettre le ministère en place. Mes mandants comprennent que j’ai de lourdes responsabilités. Les week-ends, je suis dans la circonscription, comme dimanche dernier, où j’y étais de 9 heures à 21 heures. J’ai été à l’anniversaire d’une personne qui fêtait ses 103 ans et j’ai rendu visite à des familles endeuillées. Je reste un député de proximité. Je l’ai toujours été et je ne me vois pas être autrement. J’aime ce feeling.
À la maison
On m’a toujours connu politicien, animant des réunions ou vaquant à d’autres occupations. Heureusement que ma famille le comprend et me soutient. Mon épouse est très compréhensive. C’est elle qui gère tout ce qu’il faut. Je dois dire que j’ai de la chance à ce niveau.
Regard des parents et amis
Ils sont fiers. Ils savent qu’il y a eu des sacrifices derrière. Ils apprécient ce que je fais à sa juste valeur. Bien entendu, cela ne change en rien mes relations. Je reste le Bobby que tout le monde connaît.
Chamboulement dans la vie de tous les jours
Au bureau, je multiplie les réunions et, pris entre les dossiers, je dois mettre le téléphone de côté pour que mon travail ne soit pas perturbé. Je m’applique à lire et comprendre mes dossiers. Au bureau, c’est toujours busy. Le seul hic, c’est que je n’arrive pas à respecter l’heure du déjeuner. D’ailleurs, une fois bien établi, je vais me remettre à la gym.
Kalpana Koonjoo-Shah - Ministre de l’Égalité des genres et du Bien-être de la famille : «Il faut avoir l’amour de travailler pour la patrie»
Les 10 premiers jours comme ministre
C’est avec beaucoup d’humilité que j’ai pris ce maroquin ministériel. Je dois beaucoup au Premier ministre, qui a cru en moi et m’a accordé une investiture au no 7 (Piton/Rivière-du-Rempart). Le chef du gouvernement m’a fait confiance, il n’y a donc pas « room for error ». Je suis une habitante de la région, j’ai le soutien des femmes et des jeunes. Avant, j’étais fonctionnaire, là je suis ministre de toute l’île Maurice. Je suis confiante et je suis une femme de principes. Il y a beaucoup de travail. This is only the beginning, the only way is up.
Au bureau
C’est très busy. J’ai des réunions sectorielles. Je dis aux fonctionnaires que, dans un passé récent, j’étais de l’autre côté de la table. Je comprends donc ce qu’ils ressentent. Je me fais un devoir d’être à leur écoute. Je suis entourée de plusieurs éléments qualifiés et compétents. Puis, le plus important, c’est de savoir travailler en équipe. Il faut avoir l’amour de travailler pour la patrie. Ce que j’ai. En milieu de semaine, il y a eu l’incendie à Cité-Longère. Je suis allée m’assurer que deux enfants qui avaient respiré de la fumée se portaient bien, étant moi-même mère de famille. Je me suis assurée que les familles étaient bien installées dans les centres de refuge. J’ai fait installer des ventilateurs. Les familles sont bien encadrées. Avec mes autres collègues ministres, on fait un travail d’équipe. Sinon, au bureau les réunions se multiplient. Vu que j’étais au ministère de la Santé, j’épaule le ministre Jagutpal et le ministre Husnoo sur les directives du Premier ministre. Quant à moi, ma collègue Fazila (Daureeawoo) me soutient. Elle a abattu un travail colossal. Ma priorité reste le Children’s Bill. Il y a quelques modifications à apporter et, une fois prêt, il sera au Parlement.
Première réunion du Conseil des ministres
Cela s’est passé à merveille. Il y avait une ambiance bon enfant, amicale et beaucoup de convivialité. L’entente entre les nouveaux et les anciens est super. Nos discussions ont porté leurs fruits.
Première fonction
Dimanche, avec le Premier ministre, j’ai assisté au match de foot. J’ai félicité les gagnants. Une ambiance incroyable y régnait. Il y avait beaucoup de dames en saree avec leurs vuvuzelas. J’étais très contente.
Dans la circonscription
Je n’ai pu être présente au bureau du CAB mercredi, car il y avait la conférence sur les droits de l’enfant. En tant que ministre de l’Égalité des genres et du Bien-être de la famille, il était très important pour moi d’être présente. Mes deux colistiers Maneesh (Gobin) et Ravi (Dhaliah) étaient, eux, présents sur le terrain. C’est sûr que je serai aussi sur le terrain. C’est la promesse que j’ai faite à l’électorat. Je maintiens que c’est une promesse que je vais honorer. C’est ce que j’ai appris depuis toute petite. Même si quelqu’un a plus de responsabilités, les valeurs et la personne restent les mêmes.
À la maison
Je suis une personne qui accorde beaucoup d’importance à la famille. Elle m’a beaucoup manqué durant la campagne électorale. J’essaye de passer le plus de temps possible avec ma famille. Mon époux est très « supportive ».
Regard des parents et amis
J’ai la bénédiction de mes aînés et de l’électorat, surtout les femmes. Cela compte beaucoup pour moi.
Chamboulement dans la vie de tous les jours
Je dors dans la même chambre que mes enfants. J’ai un bébé de 15 mois, Khairav, qui se réveille à 5 heures du matin. Li fer meeting dan so ber. Il y a mes deux filles, Aayushi, qui a cinq ans et demi, et Aditi, deux ans et demi. Ainsi, dès mon réveil, je commence à m’occuper d’eux, je prépare un petit-déjeuner chaud. Je tiens beaucoup à cela. Je m’assois avec eux. Quand j’étais fonctionnaire, c’était plus le rush. J’ai une baby-sitter qui m’aide. Les deux autres vont à la crèche. C’est mon époux qui les dépose pour ensuite les ramener dans la soirée. Une fois au lit, je leur lis une histoire. Avoir des enfants est un grand bonheur. Ils grandissent chaque jour.
Deepak Balgobin - Ministre des Technologies, de la Communication et de l’Innovation : «Enn zanfan lendrwa in arive»
Les 10 premiers jours comme ministre
C’est intéressant. Il y a beaucoup de défis à relever. J’ai à ma charge le portefeuille des Technologies, de la Communication et de l’Innovation. Je dois amener des choses novatrices qui peuvent être bénéfiques au pays. C’est un secteur qui peut même devenir un pilier fort de notre économie.
Au bureau
Je suis parti à la rencontre de tous les fonctionnaires dans tous les départements pour une prise de contact. Désormais, je pense visiter tous les corps paraétatiques tombant sous ma tutelle, pour rencontrer les employés, la direction et le Conseil d’administration. Je me familiarise avec le Day-to-day Management. Surtout que de nombreux projets ont été enclenchés et que d’autres le seront bientôt. Il y a beaucoup de dossiers sur lesquels je travaille, mais je ne peux vous en dévoiler les détails. Il faut qu’ils passent par le Conseil des ministres. Un de mes projets prioritaires est de mettre sur pied le Mauritius Artificial Intelligence Council. Je dois présenter un projet de loi en ce sens. Je veux aussi m’assurer de bien promouvoir la télécommunication. Encore un projet que j’ai à cœur : la numérisation de tous les services gouvernementaux et des ministères. Il est important de donner un bon service au peuple.
Première réunion du Conseil des ministres
C’était très bien. Je me suis senti à l’aise.
Première fonction
Le lendemain de la prestation de serment, j’ai eu ma première fonction avec le Mauritius Research and Innovation Council, en collaboration avec l’ambassade américaine.
Dans la circonscription
Mercredi, j’étais dans la circonscription, au bureau du CAB de Flacq. J’ai reçu une centaine de personnes. J’ai également participé à l’anniversaire d’un centenaire à Poste-de-Flacq. J’ai participé dans différentes prières. Je donne un coup de main là où je peux. Le contact avec l’électorat du no 9 (Flacq/Bon-Accueil) est là. Je prône une politique de proximité.
À la maison
Ça se passe très bien. Je ne suis pas novice en politique. Tout le monde comprend mes nouvelles fonctions en tant que ministre et député. Il ne faut pas oublier que je dois aussi m’occuper de ma circonscription. Je suis certain que tout se passera bien.
Regard des parents et amis
Mes parents sont très fiers. Mon papa, qui a été président du Conseil de district de Flacq en 2000, m’a été d’un soutien à toute épreuve durant la campagne. J’habite l’Est du pays, à Mare-La-Chaux. J’ai grandi ici, j’ai fait ma scolarité à Flacq. Je reçois beaucoup de messages de félicitations. C’est une grande fierté « ki enn zanfan landrwa in arive ». Tout le monde est content.
Chamboulement dans la vie de tous les jours
Je ne dirais pas ça. Simplement, j’ai aujourd’hui plus de responsabilités. Je suis ministre pour le pays, député de ma circonscription, il y a le Parlement, le Conseil des ministres et les fonctions… J’aurais aimé avoir plus de temps pour travailler davantage.
Avinash Teeluck - Ministre des Arts et du Patrimoine culturel : «L’aventure ne fait que commencer»
Les 10 premiers jours comme ministre
En toute honnêteté, je ne m’attendais pas du tout à avoir un portefeuille de ministre. Quand je l’ai appris, cela a été l’une des plus belles surprises de ma vie. Et quand j’ai informé ma famille, ce qui m’a le plus touché, c’est le regard tout fier de mon père. Il a toujours cru en moi. Mon épouse Prina a, elle aussi, toujours cru en moi.
Être ministre est un honneur, c’est un honneur de pouvoir servir son pays et j’en profite pour remercier le Premier ministre, qui m’a fait confiance en m’accordant le poste de ministre des Arts et du Patrimoine culturel. Je donnerai le meilleur de moi-même pour répondre aux attentes de la population en tant que député et ministre. Le travail a d’ailleurs déjà commencé. Dès le premier jour, je me suis fait un devoir de passer en revue les dossiers prioritaires du ministère avec la Permanent Secretary. L’aventure ne fait que commencer. Je suis très motivé et j’ai hâte de pouvoir présenter mon premier bilan comme député et ministre.
Au bureau
Cela n’a pas été très compliqué pour moi, étant déjà dans le domaine de la culture. Avec l’aide des officiers et des techniciens, j’apprends petit à petit à connaître les rouages. Cela se passe très bien. C’est un grand ministère avec plusieurs départements et corps paraétatiques opérant sous sa tutelle. Je n’ai pas encore rencontré tout le monde. Mais on a déjà commencé des sessions de travail avec certains et cela se poursuivra. Je suis heureux de pouvoir travailler avec eux. Je connais plusieurs d’entre eux, certains sont même des amis.
Première réunion du Conseil des ministres
C’était tout nouveau pour moi. C’était assez impressionnant, mais cela s’est très bien passé. Le Premier ministre a su nous mettre à l’aise. Une très bonne expérience.
Première fonction
Ma première sortie officielle, c’était parmi des artistes locaux et internationaux pour l’inauguration de la 3e édition du Festival SAGAM, de Stephen Bongarçon, qui se tenait au Centre Nelson Mandela pour la culture africaine. J’appréhendais un peu, car j’allais aussi prononcer mon premier discours. Je savais que les regards allaient être braqués sur moi et qu’on allait me juger. Comme on le dit, first impression is the last impression. Mais j’ai été si bien accueilli que je me suis senti chez moi, très à l’aise.
Dans la circonscription
Je me suis même rendu dans ma circonscription en compagnie de mon colistier pour dresser un plan de travail.
À la maison
Je dois quand même avouer que ce n’est plus la même chose à la maison. Je passe la majorité de mon temps dans ma circonscription. J’ai le soutien de mon épouse, mais j’aurais quand même aimé passer plus de temps avec ma fille, Nawmi, qui a 4 ans. Depuis la campagne, je passe de moins en moins de temps avec elle et cela me manque. Mais j’ai fait un choix, celui de servir mon pays. Je vais devoir conjuguer avec mon rôle de père, de député et de ministre. Je sais qu’avec le soutien de ma famille et de mes collaborateurs, je vais y arriver.
Regard des parents et amis
Je dois déjà les remercier pour leur soutien. Ils ont toujours été là pour moi et c’est, en effet, grâce à eux, ainsi qu’à toute l’équipe de ma circonscription qui était à mes côtés durant la campagne, que je suis arrivé là où je suis aujourd’hui. Ils sont tous heureux et je reçois encore des appels de félicitations.
Chamboulement dans la vie de tous les jours
Je ne dirais pas chamboulement, mais c’est certainement un gros changement, avec de nouvelles responsabilités. Les journées semblent des fois trop courtes avec toutes les activités dans ma circonscription et ailleurs, sans compter celles de mon ministère. Mais comme je l’ai dit, l’aventure ne fait que commencer.
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