La mise en œuvre et la planification autour de la Negative Income Tax, visant à venir en aide aux personnes se trouvant au bas de l’échelle, font débat au ministère des Finances. Deux écoles de pensées s’affrontent à ce sujet.
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L’introduction de la Negative Income Tax est actuellement au centre d’un débat au ministère des Finances. Il y a, d’un côté, ceux qui sont d’avis que cette mesure budgétaire se révélera être un « échec » et de l’autre ceux qui veulent se montrer optimistes, la considérant comme novatrice. Des conseillers, de nature conservatrice, alertent depuis la semaine dernière le secteur privé et les ministres au sujet de l’introduction de cette mesure sociale visant à venir en aide aux personnes à faibles revenus.
Une source proche de l’Hôtel du gouvernement, qui parle sous le couvercle de l’anonymat, n’y va pas de main morte. « C’est une idée qui a été présentée au ministère des Finances pratiquement à la veille du budget. Il n’y a eu aucune planification, aucun sondage et aucune enquête sociale. Dans de telles conditions, c’est très difficile d’espérer des résultats concluants », nous confie cet interlocuteur.
Loin des 150 000 visés
Ce dernier ne manque d’ailleurs pas de nous renvoyer à un extrait du dernier discours budgétaire du Premier ministre et ministre des Finances, Pravind Jugnauth. « I am introducing the negative income tax system to provide financial support to some 150 000 employees in full time employment. » À quelques jours de la révision des critères d’éligibilité, seuls 18 700 employés se sont fait enregistrer.
Ce qui démontre une fois de plus que l’on est loin des 150 000 visés. Un économiste proche du monde des affaires, qui préfère aussi parler anonymement, explique que le nouvel objectif du ministère des Finances est d’atteindre 107 000 personnes, mais que l’on devrait au final avoir entre 60 000 et 70 000 personnes.
Une autre école de pensée au ministère des Finances, ceux qui se présentent comme favorables à la Negative Income Tax, est d’avis qu’il y a actuellement un débat entre les
« progressistes » et les « dinosaures ». Un cadre au ministère des Finances nous explique que le contentieux réside dans le fait que ce sont ceux qui n’ont pas été capables de proposer cette idée en premier qui sont en train de contester la Negative Income Tax.
« Si le Premier ministre a décidé de faire de cette idée une mesure phare de son budget, c’est parce que le budget souffrait en termes de manque d’innovations », nous explique ce cadre du ministère des Finances. Il est d’avis que ceux qui étaient censés donner un souffle nouveau à ce budget n’ont pas été capables de le faire. « Il y a certes eu certains ajustements qui ont dû être réalisés, mais le point est qu’il s’agit d’une mesure révolutionnaire qui démontre l’intérêt du gouvernement pour les plus démunis », dit-il.
Mauvaise planification, mauvais calcul, idée novatrice. Les qualificatifs pour décrire cette mesure budgétaire ne manquent pas. Si Pravind Jugnauth ne compte pas faire marche arrière au sujet de la Negative Income Tax, il nous revient, qu’à l’avenir certaines nouvelles institutions telles que l’Economic Development Board (EDB) auront comme mandat de mieux analyser les nouvelles mesures sociales dans le but d’éviter tout cafouillage.
Propositions budgétaires « confidentielles »
S’il y a bien un nom qui revient sans cesse lorsqu’on discute de la Negative Income Tax, c’est celui de Renganaden Padayatchy, économiste et responsable du pôle analyses et recherches économiques de la Mauritius Chamber of Commerce and Industry (MCCI). Ils sont plusieurs conseillers et techniciens au ministère des Finances à le présenter comme celui qui a proposé l’introduction de cette mesure fiscale.
Certains ne manquent d’ailleurs pas de dire qu’il a la confiance de Pravind Jugnauth. Joint au téléphone hier, Renganaden Padayatchy explique que c’est à travers la MCCI qu’il a accès au ministère des Finances. « Les propositions budgétaires que nous avons faites au ministère des Finances sont confidentielles. Je ne peux donc vous en dire plus », nous a-t-il déclaré.
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