Simple machiniste durant son adolescence, Nazoolbee Bolaki, plus connue comme « Meemah », a bâti au fil des années un empire, brassant un chiffre d’affaires de Rs 120 millions par an. Incursion dans ce business familial dans le cadre de l'enquête entourant la saisie de Rs 52 millions découvertes dans les coffres et valises chez la famille Bolaki à Plaine-Verte.
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Selon son entourage, Nazoolbee Bolaki n’a pas eu une enfance facile. Ses parents se sont séparés alors qu’elle était encore très jeune. Sa mère ayant refait sa vie, Meemah habitait avec sa mère et son beau-père. Bibi Nazoolbee s’est mise à travailler dès son plus jeune âge, comme beaucoup de filles à l’époque, dans une petite entreprise de textile à la rue Desforges. « Premye zour so patron, ki ti enn sinwa, inn donn li enn semiz ek inn dir li met bouton ladan ek lame. Se byen apre ki li finn koumans travay lor masinn », raconte son actuel époux, Iqbal Utteemun.
C’est avec son premier mari, décédé en 2008, que Nazoolbee Bolaki s’est lancée dans les affaires, notamment dans le textile. On est alors au milieu des années 80 qui coïncide également avec le boom économique que connaît le pays. Les débuts sont cependant très modestes. Pour démarrer, il faut trouver du capital. Meemah hypothèque une maison que lui a léguée sa mère pour importer de la toile. « Li osi pran latwal credi avek bann magazin lari Lacorderi », ajoute son époux Iqbal. Elle contracte un emprunt auprès de la Banque coopérative pour s’acheter une machine à broder « 12 latet ». C’est ainsi qu’elle se lance dans la confection de draps et de vêtements prêt-à-porter sur lesquels elle imprime des broderies.
Pour écouler ses produits, Meemah et son premier époux arpentent les rues de la capitale. « Gramatin zot al vann lor lari dan Porlwi. Avek letan, kan business ti pe marse, zot aste enn van kraz-kraze ek dan tanto zot ale Floreal devan bann lizinn », poursuit notre interlocuteur. C’est à Port-Louis, plus précisément à la rue Ti-Pamplemousses que Meemah se fera remarquer par des Mahorais qui fréquentent l’hôtel Grand Cardeau se trouvant dans ladite rue. « Zot finn kontan so bann prodwi ek zot inn koumans aste avek li », soutient le directeur.
Meemah Fashion : vers l’exportation
Ses travaux sont appréciés et les commandes affluent. En 1995, le couple décide d’acheter une usine vouée à l’exportation. De Max Garment, l’usine est rebaptisée Meemah Fashion. C’est là qu’ils commencent à exporter vers Mayotte puis vers l’île de La Réunion. Durant cette même période, afin d’arriver à honorer les commandes grandissantes, l’entreprise a recours à la main-d’œuvre étrangère, notamment des Sri Lankais, des Bangladais et des Indiens.
Mais Meemah, la femme d’affaires, ne néglige pas pour autant le marché local. Le couple ouvre son premier magasin en 1988, qu’il achète pour Rs 25 000 aux Kinoo. Au début des années 2000, un deuxième magasin ouvre ses portes à la rue Farquhar, puis deux autres en 2007 à la rue La Corderie.
Tout le monde s’y met
De sa première union sont nés quatre enfants : un fils (Reza) et trois filles (Sameerah, Dilshad et Aniisah) qui ont eux aussi intégré l’entreprise familiale.
« Lorsque le besoin se fait sentir, chacun met la main à la pâte. Parfois son gendre et moi faisons office de chauffeurs. Meemah, bien que directrice, n’a aucun complexe à se mettre à la machine pour donner un coup de main de temps en temps ou pour découper le tissu. Li vinn deblok travay-la », dit-il.
Outre les 25 travailleurs qui opèrent à son siège à l’angle des rues Paul & Virginie et Hassen Sakir (Pagoda), à Plaine-Verte, l’entreprise emploie une dizaine de personnes dans les magasins ainsi qu’une dizaine d’autres qui travaillent de chez elles. « Nou donn zot masinn. Nou montre zot travay. Nou al kit louvraz devan zot laport ek real pran kan zot fini. Nou fer dimounn viv », affirme Iqbal Utteemun.
Rs 40 millions d’investissements à l’étranger
Les quatre entreprises que possède Bibi Nazoolbee Bolaki (Meemah International Fabrics Ltd, Meemah Fashion Industries Ltd, Meemah Fancies Ltd et Zoolbee Fashions Ltd) brassent un chiffre d’affaires annuel qui avoisinerait Rs 120 millions à Rs 125 millions. C’est ce qu’indique Iqbal Utteemun, l’actuel époux et directeur du groupe.
De cette somme, le groupe s’acquitte de la taxe pour un montant variant entre Rs 1 million et Rs 2 millions. De plus, Bibi Nazoolbee aurait investi massivement auprès des banques locales. Le montant avoisinerait les Rs 40 millions. « Li investi ek labank ki investi deor, dan la Chine par exemple, ek bann investisman dans la Bourse », souligne-t-il.
Ce serait avec cet argent, dit-il, que Nazoolbee Bolaki aurait fait construire une maison pour son fils. « Une autre maison est en construction pour sa fille. S’ensuivra une autre maison pour une autre de ses filles. Tousala avek kas travay », insiste-t-il. Sans compter le fait que Meemah avait investi quelque Rs 22 millions dans le Super Cash Back Gold de la BAI, montant qu’elle a retiré moins de deux mois avant l’écroulement du groupe.
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