
Une coopérative de transport dénonce de graves irrégularités au sein de la National Land Transport Authority (NLTA). Attribution douteuse de permis, favoritisme et fraudes aux subventions : autant d’allégations qui suscitent de vives interrogations. Face à ces accusations, le ministre des Transports promet des vérifications.
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La Grand Port Flacq Bus Owners Coop Society Limited accuse certains officiers de la NLTA de favoritisme et de corruption dans l’attribution des permis d’exploitation. Selon son président, Vipin Betchoo, deux nouveaux permis ont été accordés l’an dernier sur l’itinéraire Flacq-Mahébourg (Route 18) sans respecter la procédure réglementaire de publicité. Il affirme que ces permis auraient été délivrés en échange de pots-de-vin politiques, compromettant ainsi la transparence et l’intégrité de l’institution. La coopérative estime que l’ajout de ces bus sur la ligne représente un manque à gagner pour ses membres.
Malgré plusieurs plaintes adressées à la NLTA et à son commissaire, aucune réponse n’a été obtenue à ce jour, selon notre interlocuteur. Pire encore, lorsque des responsables de la coopérative se sont rendus au siège de l’institution pour un suivi, des officiers auraient refusé d’enregistrer leurs déclarations. « Les dossiers ont été rangés dans un tiroir et ignorés », affirme Vipin Betchoo, précisant que les premières plaintes remontent à février 2023.
Des irrégularités troublantes
Parmi les anomalies relevées, la coopérative pointe du doigt un permis temporaire accordé à un véhicule immatriculé en avril 2009, présentant deux numéros de châssis distincts – une situation qui pourrait révéler une fraude ou une tentative de dissimulation. Une lettre accompagnée de preuves photographiques a été envoyée à la NLTA, mais aucune mesure corrective n’a été prise. Par ailleurs, les exploitants de ce bus, ainsi que ceux d’un autre véhicule immatriculé en février 2009, n’auraient pas soumis leurs déclarations mensuelles obligatoires, entraînant ainsi l’ouverture d’une procédure judiciaire.
Récemment, la coopérative a obtenu des informations selon lesquelles l’opérateur du bus immatriculé en avril 2009 aurait perçu l’intégralité de la subvention "Free Travel Subsidy" pour la route No 10, alors que son véhicule était hors service pendant plusieurs semaines sur une période de neuf mois. La coopérative affirme détenir des documents prouvant l’absence d’activité de ce bus, ce qui suggère une falsification des déclarations pour toucher indûment ces aides.
« NLTA dan nou lamin » : un climat d’impunité ?
Les responsables de la coopérative dénoncent un climat d’impunité au sein de la NLTA, où certains opérateurs affirment ouvertement : « NLTA dan nou lamin » (la NLTA est entre nos mains). De plus, certains officiers auraient déclaré que « les ordres viennent d’en haut », laissant entendre que des interventions politiques influenceraient encore les décisions de l’autorité, malgré le changement de gouvernement. Ils regrettent que la NLTA applique toujours les anciennes pratiques, où les intérêts financiers primaient sur la réglementation.
Face à cette situation, la coopérative a adressé une lettre à notre rédaction afin qu’une enquête soit menée sur ces pratiques douteuses. Engagée dans la lutte contre la corruption, elle espère que cette fois, sa voix sera entendue.
Sollicité, le ministre du Transport, Osman Mohammed, a réagi en ces termes : « Après avoir pris connaissance de ces allégations très graves, j’ai convoqué le commissaire de la NLTA à mon bureau vendredi après-midi et lui ai demandé de faire venir tous les dossiers relatifs à cette affaire pour vérification. À la lumière d’un examen minutieux par mon ministère et la NLTA, les actions nécessaires seront prises. » Des sanctions pourraient ainsi être envisagées.

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