Nathacha Appanah figure parmi les auteurs mauriciens qui séduisent à l’étranger. L’écrivaine et journaliste a récemment participé à trois événements sous l’égide de l’Institut français de Maurice (IFM). Parcours.
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« Je suis une petite romancière et c’est bien de voir que son livre est apprécié »
Lors de son séjour à Maurice, Nathacha Appanah a eu l’occasion de partager son expérience avec un groupe d’étudiantes en littérature au Queen Elizabeth College (QEC). Le jeudi 29 juin, il y a eu une rencontre littéraire sur le thème Écrire pour dire le monde animée par la journaliste Dominique Bellier. Puis, Nathacha Appanah a eu un échange enrichissant avec de jeunes auteurs lors d’un atelier d’écriture, le samedi 1er juillet.
Nathacha Appanah a marqué l’actualité de la dernière rentrée littéraire, grâce à son roman Tropique de la violence. Il lui a aussi valu le Prix Femina des lycéens 2016 et Prix Roman France Télévisions 2017. La jeune femme est aujourd’hui une romancière très suivie.
Pourtant, cette native de Mahébourg ne s’attendait pas à être écrivaine. Elle a passé son enfance à Piton, avant de déménager vers le centre de l’île. Elle a fréquenté la Hugh Otter Barry Government School, à Curepipe, puis le Dr Maurice Curé State College, à Vacoas.
La romancière indique que c’est sa mère qui l’a initiée à la lecture. « J’aime cette sensation d’être absorbée dans une histoire de quelqu’un que je ne connais pas. L’histoire des autres m’intéresse. Je suis curieuse de nature », dit-elle.
Elle se met à produire des petites histoires à 13 ans. À 17 ans, elle remporte un prix littéraire à la suite d’un concours organisé par l’express. « J’ai trouvé étrange que le prix me soit décerné. Je me suis dit que quelqu’un a approuvé ce que j’ai fait. Je ne me suis jamais dit que je serai un jour écrivaine », confie notre interlocutrice.
Après le Higher School Certificate, elle fait une année d’études en Humanities à l’université de Maurice.
Quelque temps après, elle prend de l’emploi comme secrétaire de rédaction chez Week-end Scope. Elle affûte sa plume au fur et à mesure qu’elle anime sa chronique. Elle mêle sans effort l’humour à l’actualité.
Elle saisit l’occasion de suivre une formation dispensée par le Centre de formation et de perfectionnement des journalistes (CFPJ) au Media Trust. « À la clé de cette formation, il y avait des bourses permettant de faire des stages en France », relate l’auteur de La Noce d’Anna.
Ainsi, en 1998, elle met le cap sur la France, plus précisément Grenoble. À l’issue de ses trois mois de stage chez Le Dauphiné Libéré, elle obtient une proposition d’emploi. La France lui plaît et elle y reste. Elle passe son temps à arpenter les bibliothèques et à s’imprégner des expériences des auteurs lors de rencontres et de conférences littéraires.
« Je les écoutais. Je buvais leurs paroles. Je feuilletais leurs œuvres. À ce moment, je me suis dit qu’il était possible d’écrire un livre et de vivre de cet art », ajoute-t-elle.
L’écriture est venue de façon inattendue, dit-elle. « La rédaction pour laquelle je travaillais a cessé ses activités. Du coup, j’étais libre pendant trois mois, avant de démarrer un nouveau travail. Je me suis alors autorisée à écrire », raconte-t-elle.
L’idée de Les rochers de Poudre-d’Or commence à germer. « J’habitais Lyon et les gens me demandaient souvent d’où je venais. C’était une question confuse. Je n’ai pas tardé à réaliser qu’ils s’enquéraient sur mes origines. L’idée était de tisser une intrigue autour de l’engagisme. Nous avons tous quelque chose à dire. Certains s’expriment à travers la musique, d’autres avec un stylo », explique-t-elle. Elle se documente et apprend. Les rochers de Poudre-d’Or est publié en 2003.
« Mon éditeur me disait qu’un roman doit être comme un œuf. Il n’y a pas de trou. Un deuxième projet s’est enchaîné, et ainsi de suite », livre-t-elle. Aujourd’hui, elle se concentre sur son métier de journaliste en freelance et traduit aussi des textes. Elle peut travailler sur pas moins de six articles par semaine et se consacre à ses projets personnels en parallèle.
Tous les matins, elle prépare sa fille de 8 ans et demi. Par la suite, elle la dépose à l’école. Elle bosse jusqu’à 16 heures, avant de se relancer dans sa routine de mère et d’épouse.
« Ce n’est pas évident, mais il y a un équilibre à trouver. Il peut m’arriver d’écrire un paragraphe, puis de l’effacer. Je peux me pencher sur une idée pendant cinq jours. Ce n’est qu’au sixième que le texte commence à couler. C’est un processus apprentissage », dit-elle. Quand elle écrit, plusieurs émotions l’animent. « Je peux même ressentir de la colère », poursuit-elle avec un clin d’œil.
Selon Nathacha Appanah, ses livres se vendent grâce au bouche à oreille. Elle ne s’attendait pas au succès de Tropique de la violence. « Il y a trois rentrées littéraires et chacune accueille 700 romans. Je suis une petite romancière et c’est bien de voir que son livre est apprécié », fait-elle ressortir.
Bibliographie
- Les Rochers de Poudre-d’Or
- Blue Bay Palace
- La Noce d’Anna
- Le Dernier frère
- En attendant demain
- Tropique de la violence
- Petit Éloge des fantômes.
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