Musée intercontinental de l’esclavage : Réconcilier avec le passé

Jusqu’au 20 janvier 2021, le public peut découvrir gratuitement l’ancien hôpital militaire à Port-Louis. Ce bâtiment abritera bientôt le Musée intercontinental de l’esclavage. Cette exposition temporaire a lieu dans le cadre de la première phase du projet et la consultation nationale. À la fin de la découverte, les visiteurs feront des recommandations et suggestions sur ce qu’ils souhaitent voir au Musée international de l’esclavage.

Le soleil brille de mille feux au-dessus de l’arc affichant « Intercontinental Slavery Museum » à Port-Louis. Qualifié comme un site de conscience, ce lieu côtoie l’Aapravasi Ghat classé patrimoine mondial par l’UNESCO en 2006. Le Musée intercontinental de l’esclavage invite à comprendre en profondeur l’histoire de notre passé, l’esclavage à Maurice et l’impact du commerce international des esclaves.
Passant sous cet arc, une équipe de ISM Mauritius Ltd (Intercontinental Slavery Museum) accueille les visiteurs.

Aichah Soogree, guide d’ISM Mauritius Ltd, procède à la visite. « Nous sommes dans l’enceinte de l’ancien hôpital militaire. À votre gauche, vous verrez le bâtiment qui abritera le Musée intercontinental de l’esclavage », indique-t-elle. Un filet vert indique les travaux de restauration en cours. Des échafaudages s’appuient contre la façade visible. Un ouvrier s’attelle à une grande fenêtre. La guide indique que le bâtiment a été érigé par les esclaves. Des artistes de Pondichéry sont ensuite venus pour apporter les dernières touches. Un « parc à tortues » était aménagé à proximité de l’hôpital. Les tortues étaient notamment utilisées dans un bouillon jugé efficace pour soigner les maladies du scorbut. Cette année, l’ancien hôpital militaire fête ses 280 ans d’existence. Il est donc le plus ancien bâtiment de l’île.

« Lesclavaz Nou Zistwar Nou Listwar » se lit dans la première pièce. Un extrait de « Lam Sakrifis» de Kaya est publié sur un pan de mur. L’histoire de l’esclavage dans le monde et à Maurice est contée. Les Espagnols et les Portugais ont été les premiers à placer des esclaves dans des champs sucriers dans les îles Canaries et Cap-Vert. Ces esclaves étaient Africains et venaient du royaume du Kongo. Ce modèle de plantation a ensuite été adopté et répliqué par les colonies européennes. « La colonisation et l’esclavage sont liés. L’esclavage était un système basé sur le profit. La canne à sucre générait du profit, mais ne pouvait être cultivée en Europe. Donc, il fallait trouver de la main-d’œuvre pour préparer le terrain, planter et couper la canne à sucre dans les colonies », dit Aichah Soogree. 

Le commerce des esclaves existait dans l’océan Indien durant l’Antiquité et le Moyen-Âge. Les esclaves étaient emmenés aux Indes, en Perse et dans l’Empire ottoman.  

À Maurice, les premiers esclaves ont été emmenés par les Hollandais en 1638. Puis, il y a eu l’occupation française. En 1794, l’esclavage était aboli dans les colonies françaises, mais cette décision a été refusée par les propriétaires des esclaves à Maurice.  La période d’apprentissage a débuté en 1835. Cela signifie que les esclaves n’étaient pas tout à fait libérés. Quatre ans après, ce système a été aboli.

Le Jardin du Moi est une salle blanche. Elle comprend un écran et des voix parlent aux visiteurs. Les conditions de vie des esclaves, le Code Noir ainsi que les idées préconçues contre les esclaves sont abordés. La salle se trouve à côté d’un espace ouvert.

Une autre pièce est consacrée à l’histoire de l’hôpital, les artisans de Pondichéry, les conditions du traitement des esclaves dans l’hôpital, une liste des esclaves décédés et une charte de Maurice comme centre majeur en ce qu’il s’agit du commerce des esclaves dans l’océan indien. Il est estimé que : 

449 896 à 565 193 esclaves ont été échangés dans l’océan Indien entre 1500 et 1850. 
De 1500 à 1834, les Portugais ont exporté du Mozambique vers l’Inde entre 41 875 à 83 750. 
De 1622 à 1804, les Britanniques ont exporté entre 5 698 et 5 716 esclaves d’Inde, de Mozambique, des Comores et de Madagascar, vers Surat, Bombay, Fort David, Cap de Bonne Espérance, Madras et Batavia, entre autres. 
De 1670 à 1848, les Français ont exporté vers les Mascareignes environ 334 936 et 384 040 esclaves d’Afrique, d’Inde, de Madagascar et d’Asie du Sud-Est.

Est également exposé, un panneau lumineux sur lequel sont tracés deux esclaves enchaînés. Dans la petite pièce adjacente, un clip est projeté sur un esclave prénommé Pedro. Il raconte ses conditions de travail.

La visite prend fin dans une pièce mettant en exergue les dessins d’une trentaine d’élèves en cinquième année du primaire à l’école Notre-Dame-de-Lourdes RCA à Rose-Hill. Le 21 août 2019, les élèves ont montré la vie des esclaves à travers un dessin, lors d’une activité en classe. Un film sur l’hôpital militaire par David Constantin et un autre sur l’esclavage par Hans Ramduth peuvent être visionnés. Puis, les visiteurs sont conviés à remplir une fiche sur ce qu’ils souhaitent voir dans le Musée intercontinental de l’esclavage.