Mardi dernier, le service européen Copernicus a annoncé que juillet 2023 a largement battu le record du mois le plus chaud jamais enregistré sur Terre, avec une hausse de 0,33°C par rapport au mois précédent détenteur du titre (juillet 2019). Quelles sont les implications ? C’était le thème abordé lors de l’émission « Au Cœur de l’Info » animée par Jane Lutchmaya le mercredi 9 août. Les intervenants appellent à des mesures pour accroître la résilience de notre île face aux impacts du dérèglement climatique.
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L’ancien directeur de la météo, Subiraj Sok Appadu, affirme que les effets des changements climatiques touchent la planète entière, y compris Maurice. Selon lui, cette situation persistera et continuera à perturber nos vies dans les années à venir. Il prévoit même de nouveaux records en la matière l’année prochaine.
Initialement évoqué dès 1988, le concept de dérèglement climatique était alors abstrait. Aujourd’hui, avec les effets tangibles que nous ressentons, une prise de conscience s’est produite, dit-il : « La tendance actuelle montre une nouvelle hausse des températures. Les émissions de gaz à effet de serre agissent comme une barrière qui emprisonne la chaleur terrestre, l’empêchant de se dissiper dans l’espace. Cela entraîne une accumulation de chaleur et, par conséquent, provoque le réchauffement climatique. »
Selon lui, les catastrophes naturelles trouvent leur origine dans le dérèglement climatique. Il estime que la recherche de solutions nécessite une approche collective, car agir seul n’est pas viable. Il croit également que Maurice n’est pas suffisamment préparé pour faire face à des conditions extrêmes. Dans cette lutte, il insiste sur le rôle central de la recherche. « Il est essentiel de rendre transparente l’utilisation des fonds destinés au changement climatique et à la réduction de notre vulnérabilité. De plus, il est impératif de poursuivre davantage de recherches dans un environnement perturbé. Nous avons besoin d’une plateforme où chacun puisse contribuer avec son expertise pour renforcer la résilience du pays », affirme Subiraj Sok Appadu, qui préconise également une campagne de sensibilisation étendue.
Fabrice David, député de la circonscription n°1 (Port-Louis Ouest/Grande-Rivière Nord-Ouest) et expert en environnement, exprime une profonde inquiétude. « Nous sommes au début d’une phase climatique infernale. Le mois de juillet 2023 a établi un nouveau record de chaleur jamais enregistré, une réalité désolante. C’est également un avertissement alarmant qui témoigne du dérèglement climatique. Ses conséquences sur les petits États insulaires ne feront que s’accentuer et s’aggraver », prévient-il.
Il déplore le fait que les autorités réagissent avec un inquiétant retard et que la prise de conscience tarde à se manifester. « L’urgence est désormais impérieuse. Deux axes cruciaux émergent : l’atténuation et l’adaptation. Ces deux volets requièrent d’importants investissements », préconise-t-il.
Pour sa part, Michael Atchia, expert en environnement, souligne qu’à partir de 1986, les Nations unies ont lancé des alertes concernant ce problème, mais que peu de mesures concrètes ont été prises par les grandes puissances pour y remédier. « Actuellement, des mesures sont entreprises, mais elles demeurent insuffisantes. Maurice a également sa part de responsabilité à assumer. Malheureusement, nous ne sommes pas assez actifs, surtout au niveau des énergies renouvelables et de la reforestation », indique-t-il. Selon lui, face à cette situation, notre pays a besoin de soutien pour effectuer les transformations nécessaires.
Abordant l’urgence climatique, Nadeem Nazurally, Senior Lecturer à l’université de Maurice, souligne également que les températures sont anormalement élevées à l’échelle mondiale. « Le changement climatique est une réalité tangible. Les années à venir pourraient même être plus préoccupantes. C’est un fait indiscutable. Étant donné que Maurice est une petite île, elle subit des impacts majeurs malgré sa faible contribution aux émissions de gaz à effet de serre », dit-il.
En revanche, il fait remarquer que l’UoM est engagée dans des initiatives en collaboration avec des partenaires internationaux pour faire face à cette situation. « Des recherches sont en cours. Il est difficile pour notre pays d’affronter seul le changement climatique. Divers projets bénéficient du soutien de l’étranger, impliquant des scientifiques éminents, en vue de protéger et préserver notre écosystème », assure Nadeem Nazurally, tout en soulignant les défis considérables liés à la restauration environnementale.
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