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Mondial-2022: Amnesty demande à nouveau à la Fifa d'indemniser les travailleurs étrangers du Qatar

L'ONG souligne aussi le silence de Gianni Infantino EYEPIX GROUPMAXPPP - SIDHIK KEERANTAKATH / EYEPIX GRO

Amnesty International a de nouveau exhorté le président de la Fifa Gianni Infantino à verser une compensation financière aux travailleurs immigrés qui ont construit les stades de la Coupe du monde de football au Qatar, vendredi dans une tribune publiée dans le quotidien français Le Monde.

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À neuf jours du début du tournoi, l'ONG renouvelle une demande qu'elle avait déjà effectuée en mai, conjointement avec 24 autres ONG dont Human Rights Watch, pour remédier aux "abus" dont ont souffert, selon elles, les ouvriers.

Les ONG affirment que de nombreux travailleurs étrangers, principalement d'Asie du Sud et du Sud-Est, ainsi que d'Afrique, ont été exploités et maltraités.

Des travailleurs se sont plaints de mauvaises conditions de travail allant du travail forcé aux heures effectuées mais non-payées, en passant par un nombre insuffisant de jours de repos.

Certains sponsors de la Coupe du monde comme Adidas, Coca-Cola et McDonald's ont soutenu le premier appel, et l'équipe australienne de football a dénoncé dans une vidéo la maltraitance des ouvriers qui ont construit ou rénové les huit stades où se déroulera le Mondial.

"Silence remarqué de Gianni Infantino"

"Au milieu de cette clameur croissante, la voix la plus cruciale de toutes a gardé un silence remarqué: celle de Gianni Infantino", regrette la secrétaire générale d'Amnesty International Agnès Callamard dans la tribune publiée vendredi.

"Malgré les assurances privées et publiques de la Fifa qui a affirmé +étudier la proposition+, Gianni Infantino, hormis quelques platitudes, a constamment éludé la question. Il n'a toujours pas répondu à notre lettre conjointe", poursuit-elle.

Le président de la Fifa a récemment attisé la colère des associations de défense des droits humains en enjoignant aux 32 nations participant au tournoi de "se concentrer sur le football", dans une lettre dont le contenu a été révélé par Sky News le 4 novembre. Infantino a également prié les équipes de ne plus "donner de leçons de morale".

Si Callamard note qu'Infantino "avait (...) présidé à un changement notable dans l'approche de l'instance dirigeante du football mondial en matière de droits humains", elle qualifie la demande de l'Italo-Suisse de "tentative grossière et sans équivoque d'exonérer la Fifa de sa responsabilité dans ces atteintes aux droits humains et envers ces travailleurs".

"L'engagement de la Fifa à remédier aux violations auxquelles elle contribue est pourtant inscrit dans sa propre politique", rappelle-t-elle.

"Au regard du passé bien documenté en matière de violations des droits du travail au Qatar, la Fifa connaissait – ou aurait dû connaître – les risques évidents pour les travailleurs au moment de l'attribution de la Coupe du monde à ce pays."

"Coup de pub

Le Qatar a rejeté les appels à une compensation financière, que le ministre du Travail qatari Ali bin Samikh Al Marri a qualifié de "coup de pub" ce mois-ci auprès de l'AFP.

Le ministre a affirmé que le pays du Golfe avait déjà mis en place son propre fonds d'indemnisation et qu'il avait distribué déjà des centaines de millions de dollars en compensation de salaires perdus ou non versés. Les critiques des ONG, a-t-il ajouté, relèvent du "racisme".

Dans la tribune publiée vendredi, Amnesty critique l'attitude du pays et de la Fifa, qui "se plaisent à répéter qu'un +package+ de mesures d'indemnisation serait compliqué à élaborer et à appliquer".

"Certes, le nombre de personnes concernées et l'ampleur des violations rendent cet engagement complexe, mais cela ne saurait servir d'excuse à l'inaction ou à un retard supplémentaire", selon l'ONG.

"Tout ce que nous demandons à ce stade, c'est que la Fifa s'engage fermement à indemniser les victimes d'atteintes et financer des programmes de prévention, dont un centre où les travailleurs pourront s'informer sur leurs droits et obtenir une assistance et des conseils juridiques, ajoute Agnès Callamard. Il suffirait pour cela d'un simple trait de plume de Gianni Infantino."

© Agence France-Presse

 

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