Bien qu’elle ne se soit pas prononcée en faveur de la dépénalisation du cannabis, la commission d’enquête sur la drogue, présidée par l’ancien juge Paul Lam Shang Leen, s’est largement exprimée sur la politique de répression. Si le gouvernement actuel, en particulier le ministre mentor, sir Anerood Jugnauth, a plusieurs fois exprimé son intransigeance sur la question, la commission qu’il a lui-même instituée en 2015, prône une toute autre logique. Le rapport, rendu public vendredi, recommande sans ambiguïté que les fumeurs occasionnels de cannabis, les fumeurs récréatifs et ceux souffrant d’addiction soient « diverted from the criminal justice system ». Un point que Patrice Armance, député du Parti mauricien social-démocrate de la circonscription no 1 (Port-Louis Ouest/Grande-Rivière-Nord-Ouest), trouve très valable. « C’est important que la commission ait pris le soin de distinguer les différentes catégories d’usagers de cannabis. Les utilisateurs de cannabis ne sont pas des criminels et le rapport l’a bien fait comprendre », avance-t-il.
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Autre élément qui démontre la volonté de la commission de rompre avec la politique de répression, c’est son souhait que des poursuites contre les fumeurs occasionnels et ceux souffrant d’addiction soient abandonnées. « If a person is identified as an occasional user or a drug addict, prosecution can even be suspended », ajoute le rapport.
Dans le pire des cas, l’ancien juge propose des amendes ou des travaux communautaires contre les récidivistes. « Il y a, en effet, trop de stigmatisation à l’encontre des consommateurs de cannabis qui ne sont pas des criminels. Le débat sur toute la question est en train d’être relancé. Je ne suis pas en train de dire que je suis pour la dépénalisation, mais on ne peut plus continuer à considérer les consommateurs comme des criminels », ajoute le député.
Le rapport de la commission prend aussi le soin de faire la distinction entre les usagers de cannabis et les trafiquants. Ces deux catégories de personnes ne peuvent être mises dans le même panier. Considérant le phénomène de surpopulation dans les centres pénitenciers, la commission recommande que les prisons soient uniquement réservées aux « drug trafickers, dealers and their financiers ».
S’ils sont plusieurs à considérer que la politique de répression contre les fumeurs de gandia est une pratique dépassée, au sein du gouvernement, ils sont toutefois plus d’un à recommander plus de sévérité. Bashir Jahangeer, député du Mouvement socialiste militant de la circonscription no 13 (Rivière-des-Anguilles/Souillac), considère, en effet, qu’il est grand temps que Maurice donne un signal fort à la communauté internationale en adoptant des mesures encore plus sévères. « La répression a été un succès dans plusieurs régions du monde, notamment à Singapour et en Malaisie. On s’imagine difficilement respirer le parfum d’un joint dans ces pays », dit-il. Le député soutient qu’il y a trop d’étrangers qui estiment que c’est facile de faire entrer de la drogue à Maurice. « Par contre en Malaisie, ou à Singapour, ce n’est pas le cas », dit-il.
Le débat est en tout cas plus que jamais relancé, même si le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a affirmé que la question n’était pas d’actualité.
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