Economie

Mobilité professionnelle: des hôtels perdent leurs meilleurs éléments au profit des bateaux de croisière

Les bateaux de croisière recruteront un total de 1 000 Mauriciens cette année.
Pas moins de 700 Mauriciens seront embauchés sur les paquebots d’ici à la fin de l’année. Si côté pile, les hôtels perdent leurs meilleurs éléments, côté face, ils bénéficient de l’expérience internationale de ces jeunes quand ils retournent dans le circuit hôtelier. De janvier à ce jour, 300 Mauriciens ont obtenu de l’emploi sur un bateau de croisière. Entre mai et décembre, 700 Mauriciens additionnels seront recrutés pour des postes divers (cuisinier, serveur, animateur, assistant serveur, housekeeping, ingénieur de son, massage therapist, coiffeur, etc) sur des paquebots. « Chaque semaine, nous interviewons une trentaine de personnes. 80 % des candidats qui nous approchent ont de  l’expérience dans l’hôtellerie ou ont fait l’école hôtelière », indique Chandra Kumar Seepaul, Managing Director de CSCS Manning International Ltd et recruteur pour la compagnie Royal Carribean pour la région de l’Océan indien. Pour Marc Marivel, ‘freelance trainer’ and ‘HR Adviser’ pour l’industrie touristique,  les Mauriciens, qui sont connus pour leur sens d’hospitalité et leur bilinguisme, ont toujours été sollicités pour travailler à l’étranger. « C’est une tendance qui date depuis 15 voire 20 ans. Toutefois, ces dernières années, nous notons une accélération en termes de recrutement de Mauriciens en raison de l’expansion de l’industrie des croisières. C’est une bonne chose pour les jeunes de voyager, de voir du monde et de côtoyer d’autres cultures. Toutefois, l’industrie locale se trouve priver, du coup, de ses meilleurs éléments, car ce sont les meilleurs qui sont embauchés », fait ressortir Marc Marivel. Ainsi, avance-t-il, un hôtel peut se retrouver priver de cinq voire de dix bons éléments d’un seul coup, car les bateaux recrutent par centaines de gens. Or, il est difficile voire impossible pour les hôtels de concurrencer les bateaux de croisières surtout que sur les paquebots, les employés obtiennent des salaires élevés. « Les Mauriciens sont payés en dollar et touchent des pourboires intéressants. Comme ils sont logés, nourris et blanchis, ils n’ont ainsi pratiquement pas de dépenses et peuvent donc économiser leur argent », soutient Marc Marivel. À titre de comparaison, explique Chandra Kumar Seepaul, un serveur peut toucher cinq à dix fois son salaire. Il peut, en effet, obtenir un salaire de Rs 60 000 voire Rs 90 000 par mois alors qu’à Maurice il ne touche que Rs 9 000 comme salaire de base. « Le serveur est payé cinq dollars par jour par passager servi. Ainsi, s’il a servi 20 passagers lors d’un service, il obtient 100 dollars (plus de Rs 3 500). Or, un serveur fait généralement deux services par jour, soit l’équivalent de 200 dollars (plus de Rs 7 000). Plus il est performant, plus il obtient de l’argent », soutient Chandra Kumar Seepaul. Quant à un barman, il est payé 15 % sur toute vente effectuée alors que le ‘housekeeper’ est payé en fonction de chambre nettoyée. « Il n’y a pas de comparaison possible. Les hôtels ne pourront jamais aligner les salaires avec ceux pratiqués sur les bateaux de croisières, où la productivité est plus élevée. Les Mauriciens sont considérés comme des expatriés sur les paquebots et sont payés d’après les salaires à l’international. À Maurice, les employés sont payés en fonction des barèmes existants », souligne Marc Marivel. Pour Brice Lunot, directeur de Lux* Grand Gaube, les hôteliers ne sont, toutefois, pas perdants sur toute la ligne quand les jeunes partent travailler sur les paquebots. « C’est une opportunité non seulement pour ces employés, mais également pour les hôteliers, car une fois de retour à Maurice, ces jeunes apportent leur expérience internationale au sein de l’industrie touristique. Nous sortons définitivement gagnants quand ils reviennent », conclut-il.
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