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Menon Munien : «Je bénéficie de la confiance du Premier ministre»

Le président du conseil d’administration de la Cargo Handling Corporation Ltd (CHCL) n’envisage pas de rendre son tablier. Face aux commentaires de la Port-Louis Maritime Employees Association (PLMEA) concernant la gestion du port, il estime qu’il est essentiel de faire la distinction entre les opinions individuelles et la réalité des activités au sein de la CHCL. 

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La colère gronde au sein de la CHCL…
La CHCL reconnaît l’importance de traiter les préoccupations de nos partenaires avec sérieux et s’engage à travailler activement pour trouver des solutions. C’est une communauté forte et solidaire, et nous sommes convaincus que grâce à un dialogue ouvert et à une collaboration sincère, nous surmonterons les défis et émergerons encore plus forts. 

Quel est le véritable problème au sein de l’organisme ?
Il n’y a pas de problème fondamental. Nous avons récemment conclu un nouvel accord collectif. Les employés étaient tous satisfaits du contenu du document au moment de la signature. Le syndicat a même remercié le Premier ministre publiquement. Le document est en cours d’application de manière exhaustive. 

Cependant, nous reconnaissons qu’il existe actuellement une divergence d’interprétation entre la direction de la CHCL et le syndicat concernant la « Seniority List » (liste d’ancienneté). Cela n’entrave nullement la mise en œuvre globale de l’accord collectif. 

Nous travaillons diligemment pour parvenir à un consensus sur l’interprétation de la « Seniority List » et résoudre toute divergence. Nous sommes confiants que grâce à ces efforts conjoints, nous parviendrons à une résolution mutuellement bénéfique et continuerons à faire de la CHCL un lieu où les intérêts de tous sont pris en compte de manière équitable.

Dites-nous en plus sur cette « Seniority List »…
L’article 7 de notre accord collectif a été établi dans un esprit de collaboration et de transparence entre les partenaires, dans le but de revisiter les « Seniority guidelines ». Ce document a été signé par le management et le syndicat. 

Conformément à l’accord, tout ajustement dans les « Seniority guidelines » entraînera naturellement des modifications dans la liste de séniorité des employés. En effet, la « Seniority List 2016 » a été basée sur des critères qui ont été modifiés avec la conclusion du nouvel accord collectif. 

La direction de la CHCL a agi en stricte conformité avec les termes de cet accord révisé. La nouvelle liste de promus est le résultat direct de la mise en application des critères mis à jour conformément à l’accord collectif actuel. Les ajustements dans la « Seniority List » reflètent donc les changements convenus de manière démocratique entre les parties concernées. 

Ces ajustements sont conformes aux dispositions claires énoncées dans l’article 7 de l’accord collectif, où les deux parties ont expressément convenu de revoir les « Seniority guidelines »’. La direction travaille en toute bonne foi pour garantir que ces ajustements soient appliqués de manière équitable.

La majorité des employés de la CHCL seront promus conformément à l’accord collectif et à la nouvelle ‘Seniority List’»

On vous reproche de ne pas respecter l’accord collectif qui a été signé en août dernier…
Nous avons ici des syndicalistes aguerris. Si vraiment la direction de la CHCL ne respectait pas l’accord collectif, la PLMEA aurait immédiatement sollicité les instances appropriées, et aurait pleins droits, et gagnerait la partie haut la main. 

Permettez-moi de dissiper tout malentendu concernant les allégations selon lesquelles la CHCL ne respecterait pas l’accord collectif signé en août 2023. Je vous assure que nous respectons scrupuleusement chaque aspect de l’accord collectif, tel que convenu. Nous sommes pleinement engagés dans la mise en application de l’accord collectif de manière stricte et précise. 

Chaque mesure que nous prenons est en conformité avec les dispositions énoncées dans cet accord, et tous les employés de la CHCL bénéficient des droits et avantages mentionnés dans ce document. Nous continuerons à travailler de concert avec le syndicat et tous les membres pour assurer une compréhension commune et le respect mutuel des termes de l’accord collectif.

Comment réagissez-vous à la menace de grève des employés du port ?
Je comprends que des inquiétudes ont été exprimées quant à la possibilité d’une grève des employés du port. En ma qualité de Chairman, j’ai pris la décision d’effectuer l’exercice de promotion en me basant sur la nouvelle « Seniority List ». Je suis toutefois conscient des préoccupations soulevées par le syndicat pour certains employés quant à l’interprétation de cette liste. 

Pour garantir un processus équitable, j’ai décidé de suspendre temporairement les promotions pour les quelques employés qui sont concernés, en attendant une décision finale, prise par les autorités compétentes. Surtout en ce qui concerne l’interprétation de la « Seniority List ». Cette décision vise à assurer que tout ajustement nécessaire est fait de manière juste et en tenant compte des préoccupations légitimes des employés. 

La majorité des employés de la CHCL seront promus conformément à l’accord collectif et à la nouvelle « Seniority List ». Cette information a déjà été communiquée au président du PLMEA. La question de grève générale ne se pose même pas. 

La question de grève générale ne se pose même pas» 

Dans une récente déclaration, Gerard Bertrand, le négociateur auprès de la PLMEA, demande au Premier ministre de désamorcer la crise qui secoue le port. C’est un signal fort qu’on ne veut plus de vous au sein de la CHCL…
Il n’y a aucune crise qui secoue le port. Les opérations se déroulent normalement et nous maintenons notre engagement envers un fonctionnement efficace. Chacun a le droit d’exprimer son opinion, et nous respectons le droit de Gerard Bertrand de le faire. Il est crucial de distinguer entre des opinions individuelles et la réalité des activités au sein de la CHCL. 

Nous restons concentrés sur notre mission principale qui est de garantir le bon fonctionnement du port et de répondre aux besoins de tous. Nous sommes déterminés à maintenir la stabilité et l’efficacité opérationnelle du port.

Les représentants syndicaux des employés du port, à savoir la PLMEA, ne mâchent pas leurs mots envers vous depuis quelques mois. Votre démission est réclamée. Pensez-vous démissionner ?
Ma démission n’est pas à l’ordre du jour. Je reste déterminé à assumer mes responsabilités en tant que Chairman de la CHCL. Je bénéficie de la confiance du Premier ministre, qui suit la situation de très près. Mon engagement envers le bon fonctionnement de la CHCL et le respect de nos engagements envers les employés et la communauté reste intact. Je suis convaincu que, malgré les défis actuels, nous pourrons trouver des solutions constructives par le biais du dialogue et de la collaboration.
La stabilité et le succès de la CHCL sont au cœur de mes priorités, et je reste engagé à surmonter les difficultés actuelles de manière constructive. Je répète : la situation est sous contrôle.

Et pourtant, vous faites l’objet de commentaires. On vous demande de retourner dans le domaine de l’enseignement, affirmant que votre place n’est définitivement pas au sein de la CHCL… 
Je suis pleinement conscient des commentaires et des qualificatifs qui circulent actuellement. Mon objectif principal est de servir au mieux les intérêts de la communauté portuaire et de contribuer au développement économique du pays. Je préfère me concentrer sur les actions tangibles que nous entreprenons au sein de la CHCL au lieu de réagir aux critiques. Nous travaillons en étroite collaboration avec la MPA ainsi que d’autres parties prenantes pour promouvoir l’avancement du port, favoriser le développement professionnel des employés du port et, par extension, contribuer de manière significative à l’économie nationale.

Les décisions que nous prenons sont guidées par la vision de renforcer l’efficacité opérationnelle du port et d’assurer un environnement de travail propice à la croissance et à l’épanouissement. Les projets et les initiatives en cours démontrent notre engagement envers l’amélioration continue et le succès à long terme de la CHCL. Je reste ouvert aux opinions et aux critiques constructives. Mon objectif est de favoriser un dialogue ouvert et transparent pour résoudre les préoccupations légitimes tout en continuant à faire progresser les objectifs stratégiques de la CHCL. 

Le port navigue-t-il vraiment en eau troubles comme rapporté dans la presse récemment ?
La saison festive, conjuguée au volume de marchandises, a traditionnellement posé des défis opérationnels dans le port. Des incidents mondiaux récents, tels que le détournement du trafic maritime du Canal du Suez via le Cap et les difficultés au port de Durban, ont compliqué les choses. Les conditions météorologiques défavorables, les fermetures officielles du port et le protocole relatif au ver blanc ont aggravé la situation, exigeant une stratégie pour assurer des opérations portuaires continues.
Selon la presse, « les employés ont, de leur propre chef, pris la décision de bouder les heures supplémentaires qui consistent à doubler leurs services afin de remplacer les employés absents ». Cette décision coïncide avec le paiement du boni de fin d’année, une reconnaissance symbolique du dévouement et du travail des employés du port tout au long de l’année. 

Malgré la mise en place de mesures strictes, notamment une interdiction de congé du 15 décembre au 5 janvier, l’absentéisme après le 15 décembre demeure un problème persistant. Cependant, il est important de noter que le port continue de fonctionner, bien qu’avec un nombre limité de portiques, assurant la continuité des services essentiels.

La réticence des travailleurs à participer à des quarts de travail supplémentaires pendant cette période est attribuée à des engagements familiaux et à des raisons personnelles. En réponse à ces défis, Port-Louis mobilise activement toutes les ressources disponibles pour rattraper les opérations de manutention et assurer un flux efficace des marchandises. Nous comprenons l’importance de la productivité pendant cette période cruciale et nous nous engageons à minimiser les perturbations dans la mesure du possible.

Nous sommes engagés dans un processus continu d’évaluation et d’ajustement pour garantir que le port réponde aux normes les plus élevées en matière d’opérations portuaires. Cela implique des efforts concertés pour identifier les domaines où des changements sont nécessaires, et nous travaillons de manière proactive pour mettre en œuvre ces ajustements.

Selon vous, quel doit être le profil du nouveau directeur de la CHCL et de son adjoint ?
Je considère que ces postes nécessitent des professionnels expérimentés et capables de relever les défis spécifiques du secteur portuaire. Ensemble, le nouveau directeur et son adjoint devraient former une équipe dynamique, complémentaire et axée sur l’atteinte des objectifs stratégiques de la CHCL, tout en répondant aux besoins de la communauté portuaire et des partenaires commerciaux. Je reste confiant quant au futur succès de la CHCL avec une équipe de direction compétente et engagée.

N’empêche que Port-Louis se classe à la 327e place sur 344…
Ce rapport publié par la Banque mondiale ne parle pas directement de la productivité de Port-Louis. L’indice de performance des ports à conteneurs (CPPI), abordé dans le rapport, est basé uniquement sur le temps total écoulé depuis l’entrée d’un navire dans un port jusqu’à son départ du quai. Cela inclut le temps d’attente passé au port extérieur, le temps nécessaire aux services de pilotage et de remorquage pour amarrer les navires au quai, la durée des opérations de manutention des conteneurs de marchandises et une série d’activités incluant le ravitaillement en carburant, le retrait des déchets ou des résidus, la fourniture des provisions par les « ship chandler’s », le chargement de pièces de rechange, etc.

Notre port a été établi en tant que plaque tournante de transbordement, où les navires de collecte (« feeder vessel ») doivent attendre en rade leurs navires-mères. Il est courant que les navires de collecte déchargent leurs conteneurs au quai, puis se déplacent en dehors du port pour attendre plusieurs jours avant de charger leurs conteneurs qui arrivent généralement sur d’autres navires-mères de différents services. Ce temps d’attente, agréé par les compagnies maritimes, ne peut pas être attribué à des retards dans les opérations portuaires. Cette situation ne se compare pas avec les ports captifs.

Cependant, la productivité du port est évaluée en fonction du temps nécessaire pour les opérations à quai et du nombre de conteneurs manipulés par heure par grue. En ce qui concerne Port-Louis, les opérations à quai prennent en moyenne 29 heures, un chiffre qui se situe avantageusement par rapport aux autres ports de la région. La moyenne de conteneurs manutentionnés par heure par grue est de 22, ce qui est parmi les meilleures performances des ports de transbordement de la région.

Port-Louis propose une gamme variée de services connexes portuaires visant à dynamiser les activités économiques. Parmi ces prestations figurent la réparation navale, la relève d’équipage, les contrôles d’inspection, ainsi que le nettoyage de la coque. Il convient de souligner que ces facilités ne sont pas offertes dans l’ensemble des ports de la région. D’autre part, étant donné que les navires sont desservis selon le « Fixed Berthing Window Scheme », il n’y a pas eu de plaintes de la part des compagnies maritimes concernant les retards dans les opérations, mais le rapport n’a pas pris en compte cet aspect positif.

Une lecture professionnelle des rapports qui tombent régulièrement permet à la personne et au secteur de grandir. Une lecture partisane, cependant, ne cherche qu’à paralyser. Dans le port, j’apprends énormément chaque jour en côtoyant les personnes avec beaucoup d’expérience dans la gestion, mais aussi sur le terrain. 

Depuis l’application de l’accord collectif en août 2023, nous avons intégré près de 275 General Purpose Workers à la compagnie»

Un bon nombre de personnes se plaignent de retards dans la livraison de leurs produits durant la période festive. Combien de cargos sont restés bloqués ou n’ont pu être débarqués à temps ?
Je comprends les préoccupations de la communauté quant aux retards dans la livraison des produits pendant la période festive, et je tiens à fournir des éclaircissements sur les facteurs qui ont contribué à ces retards. Plusieurs raisons ont contribué aux retards observés : la période de fin d’année est souvent marquée par une pénurie de main-d’œuvre en raison des absences. Cela a impacté notre capacité à traiter efficacement le volume accru de marchandises. Les paiements du boni et du « back pay » de l’accord collectif le 15 décembre ont eu un impact sur la disponibilité des travailleurs pour les heures supplémentaires, ce qui a affecté l’efficacité et le nombre de personnel disponible pour manipuler les volumes supplémentaires de manière opportune.

La période festive coïncidant avec la saison cyclonique a été accentuée par des conditions météorologiques difficiles récemment, ce qui a créé des perturbations supplémentaires dans nos opérations. La mise en œuvre du protocole de ver blanc avec l’île de la Réunion a ajouté une couche de complexité, affectant davantage la fluidité des opérations portuaires. Le nombre croissant de porte-conteneurs à destination de Port-Louis pendant la période festive, combiné au volume accru de conteneurs à manutentionner, a dépassé la capacité normale du port. Certains navires ont dû attendre leur tour pour être desservis.

Revenant à votre question. Il est difficile de préciser le nombre de cargos bloqués, car nous sommes responsables de la manutention et ne disposons pas de détails sur le contenu spécifique des cargaisons. De plus, les armateurs prennent leurs propres décisions sur l’ordre de priorité en fonction de leurs besoins. Nous comprenons l’impact de ces retards sur la communauté et nous nous engageons à mettre en œuvre des mesures correctives pour minimiser les perturbations à l’avenir. Nous travaillons en étroite collaboration avec tous les partenaires pour résoudre ces problèmes et assurer une meilleure gestion des opérations portuaires.

En guise de conclusion, ne pensez-vous pas que les employés de la CHCL ont besoin d’un peu d’espoir ?
Je partage la préoccupation légitime concernant le bien-être des employés de la CHCL, et je tiens à souligner que des mesures concrètes ont été prises pour offrir un avenir prometteur à notre précieuse équipe. Depuis l’application de l’accord collectif en août 2023, nous avons intégré près de 275 GPWs (« General Purpose Workers ») à la compagnie. Celadémontre notre engagement envers la croissance professionnelle et l’avancement des employés du port. 

L’exercice de promotion en janvier 2024 est mis en œuvre pour créer des opportunités d’avancement au sein de la CHCL. Ces promotions visent à reconnaître les performances exceptionnelles et à encourager l’épanouissement professionnel de nos collaborateurs.

Nous comprenons l’importance d’insuffler de l’espoir au sein de notre équipe, et ces initiatives concrètes reflètent notre engagement envers le bien-être, la progression et l’épanouissement des employés. Nous continuerons à explorer des moyens supplémentaires pour renforcer la motivation et créer un environnement propice à la réussite individuelle et collective au sein de la CHCL. En tant que Chairman, je suis déterminé à soutenir chaque employé et à œuvrer pour un avenir prospère pour tous au sein de notre communauté portuaire.

 

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