Les gérants des stations-service sont prévenus. Ashit Gungah envisage de révoquer leur permis d’opération s’ils mettent à execution leur menace de grève le 11 novembre. « Qu’il le fasse et on verra », rétorque, quant à lui, Bhim Sunassee, le président de la Petrol Retailers Association.
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25 octobre 2018. La Petrol Retailers Association annonce que les 125 stations-service à travers l’île feront une grève si les autorités ne revoient pas à la hausse leur marge de profits. Une menace de grève qui fera vite réagir le gouvernement. Pravind Jugnauth déclarera le samedi 27 octobre qu’il « ne travaille pas sous la menace, mais plutôt dans le dialogue » et que « lorsqu’il faudra agir, nous agirons ».
Le ministre Ashit Gungah lui emboîte le pas le lundi 29 octobre. Sur les ondes de Radio Plus, il déclare que les stations-service doivent, d’après une clause de leur permis d’opération, opérer de 6 heures à 20 heures en jour de semaine et de 6 heures à midi les dimanches et les jours fériés. « Au cas contraire, des actions peuvent être prises contre les gérants. Leur permis risque d’être révoqué. J’espère qu’ils reviendront à de meilleurs sentiments », a déclaré Ashit Gungah.
De son côté, Bhim Sunassee, président de la Petrol Retailers Association, ne se laisse pas démonter. « Le ministre dit qu’il revoquera les permis. Qu’il le fasse et on verra ! Il peut révoquer mon permis, mais il ne revoquera pas mon honnêteté et ma sincérité », martèle-t-il.
Est-ce donc la guerre ouverte entre les gérants des stations-service et le ministre du Commerce ? « Ce n’est pas une guerre ouverte. Ni un chantage d’ailleurs. C’est à la demande du ministre lui-même que nous avons soumis en décembre 2017 un memorandum sur nos revenus et nos dépenses et la justification derrière une augmentation de 56 sous de notre marge de profits. Il nous a parlé de la mise sur pied d’un comité technique qui fera, par la suite, des recommandations. Or, le 8 octobre, nous recevons une lettre nous informant qu’il n’y aura pas de comité technique. Nous ne comprenons pas cette attitude. Avons-nous été menés en bateau pendant un an et demi ? Pourquoi nous avoir demandé un mémoire pour finalement ne rien faire ? », rétorque Bhim Sunassee.
À savoir que la Petrol Retailers Association a envoyé une correspondance au Premier ministre le lundi 29 octobre. « Nous souhaitons avoir une rencontre avec le Premier ministre pour discuter avec lui de nos griefs et trouver une solution. J’espère que le bon sens va prévaloir du côté du gouvernement et qu’on n’aura pas à aller jusqu’à faire grève pour faire entendre notre voix. Nous pouvons avoir des divergences d’opinion, mais nous souhaitons à la fin arriver à une ‘win-win situation’ », conclut Bhim Sunassee.
EN CHIFFRES
56 sous. C’est le montant d’augmentation de leur marge de profit que réclame la Petrol Retailers Association au gouvernement. Les gérants de stations-service touchent actuellement une marge de Rs 1,8680 sur un litre de diesel et Rs 1,9040 sur un litre d’essence. Or, 7 sous seulement ont été ajoutés à leur marge. « Alors que les compagnies pétrolières en ont obtenu 22 sous en juin dernier », deplore Bhim Sunassee.
Suttyhudeo Tengur : « L’intérêt des consommateurs doit primer »
« Il ne faut pas que les automobilistes soient pénalisés par la guerre ouverte entre la Petrol Retailers Association et le ministère du Commerce », recommande Suttyhudeo Tengur. Le président de l’Association pour la protection de l’environnement et des consommateurs (APEC) insiste que « l’intérêt des consommateurs doit primer ». « Nous n’avons rien contre les revendications de la Petrol Retailers Association, mais il ne faut pas qu’elle mélange les ‘issues’, car une grève, surtout en période de fin d’année, va affecter les consommateurs », avance notre interlocuteur.
Mosadeq Sahebdin : « C’est du chantage »
Mosadeq Sahebdin est catégorique. « Quand un opérateur économique ferme son business et refuse d’offrir un service, c’est un ‘lock out’ et non une grève. Le ministre Gungah a raison d’évoquer la révocation des permis. Si un opérateur refuse d’offrir un service, qu’on offre le permis à un autre qui pourra le faire », martèle le president de la Consumer Advocacy Platform (CAP). Un ‘lock out’, ajoute-t-il, n’est pas dans l’intérêt des consommateurs. « C’est du chantage qu’ils font et ce n’est pas correct », conclut-il.
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