Yousouf Mohamed est aujourd’hui un homme blessé et amer. C’est dans cet état d’esprit que, lors d’un entretien à son bureau, il a commenté l’arrestation de son fils Shakeel, intervenue lundi.
Comment avez vous vécu l’arrestation de votre fils Shakeel?
Très mal. J’avais appris depuis la veille que la police allait faire un ‘landing’ chez Shakeel lundi à 4h00 du matin. J’ai téléphoné au commissaire de police pour en savoir plus et il m’a assuré que les choses allaient se faire selon les procédures établies. M. Jangi m’a ensuite rappelé pour me dire d’accompagner Shakeel au bureau de la Central CID le lendemain matin. La police a, cependant, refusé de dire ce qui était reproché à Shakeel avant de perquisitionner sa maison. Cette perquisition n’a rien donné parce que chez les Mohamed, nous ne voyons pas la nécessité de détenir une arme.
Votre fils a pourtant été arrêté…
À notre retour aux Casernes centrales, Me Glover a préparé un "writ" habeas corpus afin de réclamer la remise en liberté sous caution de Shakeel mais la police a pris beaucoup de temps pour loger l’acte d’accusation. La cour a entendu l’affaire à 18 heures et le magistrat a donné son ‘ruling’ à 19h30 après avoir écouté les arguments des deux parties. Je voudrais saluer la magistrate Boojharut qui a entendu l’affaire. Elle a fait preuve de patience et s’est donné beaucoup de peine. Je dois ici réitérer ma confiance dans la justice.
Les institutions fonctionnent…
Rien ne marche dans ce pays à part la justice qui est un rempart contre la domination des politiciens au pouvoir contre leurs adversaires qu’ils considèrent comme des ennemis. Les avocats du Parquet n’ont pas jugé utile de contre-interroger Shakeel. Je dois ici complimenter la droiture de ces avocats parce qu’ils reconnaissaient qu’il n’y avait pas de ‘case’ contre Shakeel. Pour la famille Mohamed, cette journée a été très éprouvante.
Diriez-vous qu’on veut humilier la famille Mohamed?
Il y a eu plusieurs passes d’armes entre les Jugnauth et les Mohamed. Quand mon secrétaire avait été arrêté suite à un match de football à Rose Hill, il y a quelques années, et que je m’étais rendu à la police pour savoir ce qui s’était passé, Anerood Jugnauth avait fait des remarques déplaisantes et diffamatoires et je l’ai poursuivi en justice. Il avait par la suite présenté des excuses que j’avais acceptées. En 1996, l’incident de la rue Gorah-Issac impliquait des activistes du MMM et du PTr, qui étaient en alliance pour les élections municipales, et ceux du Hizbullah. Le MSM n’était aucunement impliqué. Shakeel était alors candidat du MSM aux côtés d’Anil Gayan à Port-Louis.
Avez-vous une explication à la réouverture de l’enquête de la police sur l’affaire Gorah Issac ?
Qui a accompagné Swaleha Joomun pour faire sa déclaration à la police? À l’Assemblée nationale, quand Shakeel a demandé que la loi Bhadain sur l’Asset Recovery remonte à plus de sept ans, Anerood Jugnauth lui a lancé « al okip to zafer Gorah-Issac ».
Il semblerait que vous n’êtes pas sur la même longueur d’ondes que votre fils Shakeel qui dit qu’il est content que cette affaire arrive enfin en Cour…
Je suis sur la même longueur d’onde que lui mais je m’élève contre cette façon de procéder, car la police nous a dit qu’il n’y a pas de ‘new evidence’ contre Shakeel. Il n’y a que la déclaration faite, il y a 19 ans, par Khadafi Oozeer, qui s’est, par la suite, rétracté. Je crois que cette affaire est un ‘blessing in disguise’ pour Shakeel car cela lui a donné l’occasion de s’expliquer en Cour et les avocats de la poursuite n’ont pas trouvé une seule question à lui poser. Il a quitté le tribunal comme un héros sous les applaudissements du public. Voyez la vague de sympathie que son arrestation a suscitée et les réactions favorables qu’il a recueillies dans la presse et sur Facebook. Je crois que le MSM est aujourd’hui le meilleur agent de Shakeel.
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