Une île Maurice meilleure ! C’est ce que souhaitent la plupart de nos interlocuteurs pour les dix prochaines années. À l’aube du 51e anniversaire de l’indépendance, découvrons leurs rêves pour Maurice dans dix ans !
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Ken Arian - Senior Advisor – Prime Minister’s Office : «Demain sera meilleur»
« 51 ans de cela, Maurice naissait dans des conditions difficiles. Nous avons parcouru un long chemin, parsemé d’embûches, et aujourd’hui nous avons acquis le respect de la communauté internationale. Sur le plan national, économique surtout, nous avons su faire preuve de résilience face à l’adversité et nouer des liens indéfectibles avec les géants de ce monde. Je souhaite que mon pays puisse continuer sur cette voie. Pour moi, demain sera meilleur, avec un service public transformé par la technologie, avec un ascenseur social performant et une participation plus importante de la gent féminine dans les secteurs clés. D’ici dix ans, de nombreux grands projets d’infrastructures seront opérationnels, ce qui changera définitivement le paysage mauricien. Je pense que, d’ici là, nous aurons aussi complété notre transition vers l’énergie verte et sur le plan politique les Chagos feront à nouveau partie intégrante de notre territoire. »
Philippe Espitalier-Noël - Chief Executive Officer du groupe Rogers et président de la Commission du développement durable de Business Mauritius : «Maurice en quête d’un sursaut»
« Aux quatre coins du globe, on se dirige immanquablement vers des modèles économiques durables et Maurice n’a d’autre choix que de se plier aux exigences d’un mode de vie bouleversé par les conséquences du réchauffement climatique. Au sein de la communauté des affaires, et a fortiori chez Rogers, nous mettons en place de nouvelles structures, en vue d’aider le pays à surmonter certains fléaux environnementaux et sociétaux. L’avenir, je le conçois durable : des énergies propres supplantant petit à petit les énergies fossiles, un traitement plus efficace des déchets par le biais de l’économie circulaire, le déploiement d’une agriculture raisonnée ou encore la régénération des espaces urbains assortie d’un repli de la pollution. Je parierai aussi sur une meilleure prise en charge des populations vulnérables dans le cadre d’un développement inclusif. Ces avancées nécessaires sont tributaires d’une réelle prise de conscience collective. Les Mauriciens doivent s’engager vers la co-création d’un meilleur équilibre pour un développement pérenne du pays. »
Gilberte Chung - Directrice du service diocésain de l’éducation catholique : «Pour un système éducatif plus inclusif»
« J’aurais voulu que le système éducatif soit plus inclusif, que tous les jeunes aient une chance égale de réussir dans la vie. Quand je parle de réussite, c’est surtout en tant qu’humain pas juste réussir académiquement. Aujourd’hui il y a trop de différence entre ceux étiquetés académiquement bons et ceux en basse performance. Il n’y a pas juste la partie académique. Je souhaite que dans dix ans, il y ait plus d’inclusion et d’ouverture, que l’on donne de l’importance aux valeurs, car nous les oublions trop souvent. Je souhaite voir des jeunes engagés, honnêtes, courtois, au service des autres et de la société. »
Reza Uteem - Président du Mouvement militant mauricien : «Je rêve d’une île Maurice dirigée par des politiciens intègres»
« Mon rêve c’est une île Maurice où il y a moins de pauvreté, moins de chômeurs, moins de crimes, moins de corruption, moins de discrimination, moins de déchet. Une île Maurice où il fait bon vivre. Une île Maurice qui prône un développement économique durable et inclusif. Plus qu’un rêve c’est une mission. Je rêve aussi d’une île Maurice dirigée par des politiciens propres, intègres, compétents et travailleurs. Une île Maurice où il y a une démocratie vivante, où il y a des débats d’idées, des critiques justifiées et suggestions constructives. Une île Maurice qui prône l’égalité des chances où on récompense l’effort et la compétence. Une île Maurice qui attire ses meilleurs fils et filles du sol à faire de la politique et à occuper des positions de responsabilités à tous les niveaux. Une île Maurice où ses dirigeants et politiciens seront des modèles. »
Christina Chan-Meetoo - Chargée de cours en communication et média à l’Université de Maurice : «L’éducation est la clé de tout»
« Une société idéale où règne la démocratie complète n’existe pas. Je souhaite que nous ayons l’accès à l’information. Je souhaite qu’il y ait un changement de mentalité à tous les niveaux de la société. Chaque citoyen a droit de vivre dans une société juste et équitable, et où les occasions ne manquent pas. Nous vivons actuellement dans une société tournée principalement vers le matérialisme, l’hypocrisie et l’individualité. Je souhaite donc que nous changions notre comportement, car le civisme est un des piliers de la société. Je souhaite que les enseignants puissent inspirer les jeunes et leur insuffler cette envie d’apprendre et de réussir. Il ne faut pas que les enfants pensent qu’ils perdent leur temps en allant en classe. L’éducation est la clé de tout. »
Arvin Boolell - Député du Parti travailliste : «Pour mieux combattre les stigmas, les tabous et la discrimination»
« Il faut prendre en compte la réalité sociodémographique du pays après 50 ans. Le vieillissement de la population interpelle alors que les jeunes sont affligés par des problèmes sociaux tels que le chômage. À l’heure de l’intelligence robotique et artificielle, quel modèle économique adopté ? Quelle va être notre politique d’immigration ? Nous devrons miser sur une politique libérale et inviter la main-d’œuvre étrangère compétente, penser à comment sortir le pays du générique pour penser à l’étape de la spécialisation. Dans les années à venir, nous parlerons d’une économie d’intégration. Quel sera l’impact de la technologie sur notre société en pleine migration dans dix ans ? Nous devons aussi développer un nouveau modèle économique, avoir une approche intégrée pour forger une île Maurice qui pourra soutenir le développement durable. Faire que la jeunesse s’adapte à la nouvelle technologie afin de pouvoir être compétitive dans les divers secteurs. Nous devons faire du secteur financier un secteur de service régulateur, transparent pour qu’il n’y ait pas de mainmise familiale. Il est aussi primordial de revoir notre système éducatif, afin de pouvoir répondre à un service globalisé, sans oublier notre constitution. Nous pourrions mettre sur pied un conseil constitutionnel comme le Kenya, afin de combattre les stigmas, les tabous et la discrimination. »
Jean-Claude de l’Estrac - Observateur politique : «Il faut impérativement un renouveau»
« Maurice dans 10 ans ? Comment le savoir si vous ne savez pas qui gouvernera le pays ? Poser cette question, c’est méconnaître l’importance absolue de la gouvernance dans la réussite des nations. Tout est possible, le meilleur comme le pire. Le pays atteint ces temps-ci une double fin de cycle : politique et économique. L’actuelle classe politique, toutes les tendances confondues, y compris les prétendues relèves, est en phase de dépérissement. Il faut impérativement un renouveau. Ce n’est pas ce qui se profile, on va reprendre les mêmes et recommencer. Il faudra donc chercher à mettre du vin nouveau dans les vieilles outres. Le problème, c’est qu’il y a plein de vieilles outres et pas assez de vin nouveau. Fin de cycle économique aussi. Quelle politique industrielle dans la mondialisation, c’est cela le défi qui nous est posé. Mais y a-t-il un ministre de l’Économie ? Un ministre de l’Industrie ? Il n’y a plus qu’un choix : ralentir l’importation de promoteurs immobiliers, importer des cerveaux et des nouvelles technologies. Pour le reste, je ne vais pas jouer à Nostradamus ! »
Narghis Bundhun - Senior Counsel et présidente du Bar Council : «Je fais confiance à ceux qui ont aujourd’hui 20 à 30 ans…»
« Nous aurons moins de champs de cannes et cette verdure si présente sera chose du passé. Ils auront cédé la place aux buildings et smart cities. En même temps, je fais confiance à ceux qui ont aujourd’hui 20 à 30 ans, car ils auront pris conscience des enjeux par rapport à la protection de l’environnement. Ils veilleront donc à ce qu’il y ait moins de pollution. Avec le taux de natalité qui est en baisse, la population globale sera la même qu’aujourd’hui. Donc la migration de la main-d’œuvre étrangère accroîtra et il y aura aussi un nombre plus important de “riches” étrangers. L’école et le système éducatif seront les mêmes qu’aujourd’hui, car il n’y aura pas eu une réelle volonté politique de réforme. Sauf une refonte en profondeur, l’économie connaîtra quelques difficultés. Il y aura un ralentissement dans le nombre des membres des professions libérales, car les artisans retrouveront leur lustre et seront appréciés à leur juste valeur. »
Astrid Dalais - Directrice de Move for Art : «Que les hommes et les femmes se respectent»
« Dans dix ans, je rêve que mon île soit un exemple dans l’océan indien, un pays qui rayonne par ses valeurs, ses actions et son savoir-faire. Que les hommes et les femmes se respectent et s’entraident. Que la politique soit saine et transparente et que les besoins prioritaires du pays soient pris en compte. Que la préservation de l’environnement soit au cœur de nos préoccupations et qu’on remplace la culture de la canne à sucre par des arbres, des forêts, des arbres fruitiers, des potagers, des jardins partagés... Que la nature reprenne une place importante dans nos vies et dans nos villes. Qu’on protège nos lagons et nos eaux territoriales. Que notre patrimoine soit respecté, que l’histoire soit partagée. Que le développement prenne en compte les besoins de chacun, le potentiel humain, la transmission des savoirs et l’encouragement des belles initiatives. Et j’ai espoir qu’il y ait plus de moyens développés pour la culture, la créativité, l’expression, le sport et pour les jeunes. »
Khushal Lobine - Membre du Parti mauricien social-démocrate : «Nous verrons l’émergence d’une nouvelle génération de politiciens»
« Je rêve d’une île Maurice où il y aura plus de justice sociale, où la méritocratie primera. La méritocratie est le mot-clé si nous souhaitons évoluer. Il faut placer des hommes et des femmes capables à la tête des institutions de l’île. Notre richesse, ce sont nos ressources humaines, il faut donner la chance à ceux qui le méritent. Dans dix ans, le paysage politique changera drastiquement. Une grande partie des politiciens sera appelée à prendre sa retraite politique, car trop âgée ou trop usée. Nous verrons l’émergence d’une nouvelle génération de politiciens qui je l’espère travaillera en toute humilité, honnêteté et compassion, trois mots clés qui devront prôner dans dix ans. Je souhaite aussi que la population soit davantage conscientisée sur le danger du changement climatique. Dans dix ans nous devrons faire face à une grosse crise alimentaire. L’environnement doit être notre priorité. Maurice fait partie des sept îles les plus vulnérables au monde en matière de changement climatique. Nous devons placer l’écologie au cœur de la révolution économique. »
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