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Mario Nobin, commissaire de police : «Les policiers sont des êtres humains, avec leurs forces et leurs faiblesses»

La mafia de la drogue a-t-elle infiltré la force policière ? La question se pose, alors que cinq membres des forces de l’ordre ont été arrêtés cette année pour des délits liés à la drogue. Dernier cas en date : un policier arrêté à l’aéroport avec un colis évalué à Rs 37 millions.

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Cette année, cinq policiers ont déjà été arrêtés pour des délits liés à la drogue. Dans certains milieux, on n’hésite pas à dire que la mafia de la drogue a infiltré la police. Qu’en pensez-vous ?
Ce qui s’est passé, ces derniers jours, ne fait pas honneur au pays et à l’image de la force policière, qui se veut une police de proximité, prête à servir et protéger les membres du public tout en faisant respecter la loi. Les collègues de ceux qui ont été arrêtés sont indignés, car ils travaillent jour et nuit pour combattre le crime en général.

Comme nous l’avons dit, nous n’allons tolérer aucun écart de conduite de la part des policiers, ni aucune implication dans des cas de drogue. D’ailleurs, ce qui s’est passé démontre que les policiers sont prêts à sévir contre leurs propres collègues impliqués dans le business de la drogue. Mais dire que la mafia de la drogue a infiltré la police, c’est aller un peu vite en besogne. Il s’agit seulement d’une infime minorité de policiers, que nous ciblons d’ailleurs et que nous allons mettre au pas. Nous venons de l’avant avec des mesures plus strictes pour les contrer.

Le nombre de policiers arrêtés est pourtant inquiétant...
Je ne vais pas vous contredire, mais les policiers sont des êtres humains avec leurs forces et leurs faiblesses. Ce qui est important, c’est que les policiers sont déterminés à combattre le trafic de drogue et sont prêts à sévir même contre leurs propres collègues.

Des membres de l’Anti-Drug & Smuggling Unit (Adsu), une unité ayant pour tâche de combattre le trafic de drogue, ont été arrêtés pour délit de drogue. N’est-ce pas tragi-comique ?
Je vous répète que le policier est un être humain avec ses faiblesses. L’important, c’est qu’il y a cette volonté de l’ensemble de la force policière de ne pas laisser les trafiquants et autres malfrats faire ce qu’ils veulent.

Ne pensez-vous pas qu’il y a des gros bonnets derrière les drogues saisies sur ces policiers ?
Cela saute au yeux. C’est pour cette raison que la police mène une enquête de fourmi pour remonter au plus haut niveau de l’échelle des trafiquants de drogue. Avec son salaire, je ne vois pas ce policier acheter des drogues de cette valeur. C’est pour cette raison qu’on fait tout pour remonter la filière.

Vous avez fait état d’une surveillance. Pensez-vous qu’il y a d’autres policiers impliqués dans le trafic de drogue et que vous parviendrez à les éliminer ?
Au sein de la force policière, il y a des éléments incognito qui veillent au grain. Ils guettent le moindre faux pas des policiers qui se laissent tenter par l’appât du gain. Nous allons passer à l’attaque, aussitôt les preuves réunies.

Certains policiers pourraient être impliqués dans le trafic de drogue et d’autres, surtout des jeunes, consomment du cannabis. Y a-t-il une étude au sein de la police pour identifier ceux qui pourraient être influencés par l’appât du gain ?
Nous avons déjà commencé un travail en ce sens. Les dernières recrues sont surtout sensibilisées à la sécurité routière, aux effets néfastes de la drogue, et à la nécessité de ne pas se laisser tenter par l’appât du gain. Je suis sûr que nous verrons une nouvelle génération de policiers à partir de janvier.

Pensez-vous qu’il est nécessaire de mettre sur pied une unité spéciale pour combattre les différents types de délit dans la force policière ?
Je ne suis pas en faveur de la création d’une unité spéciale car, si jamais on trouve des éléments véreux en son sein, ce serait un autre coup de massue porté à l’image de la police. D’ailleurs, nous avons déjà au sein de la force différentes unités qui peuvent faire ce travail. Cependant, il faut préciser que ce n’est pas que l’Adsu qui a la responsabilité de mener le combat contre la drogue, mais l’ensemble de la force policière.

Ces derniers temps, on a vu des policiers en uniforme effectuant des fouilles dans des maisons, dans des voitures et dans certains endroits, après avoir reçu des renseignements du public. Et toutes ces opérations ont été fructueuses. Je profite de l’occasion pour renouveler mon appel aux membres du public afin qu’ils nous donnent des renseignements en appelant sur le 148. Cela nous aidera dans le combat contre la drogue. Nous garantissons leur anonymat.

Pouvez-vous donner la garantie que tous les membres de l’Adsu sont intègres ?
Je ne peux répondre pour chaque membre de l’Adsu. Je ne peux répondre pour chaque membre de la force policière, mais je peux dire que, de par le nombre d’appels que nous recevons sur le 148 et le nombre d’opérations que nous avons réussies, la population peut avoir entière confiance en la police.

Quel est votre sentiment par rapport aux policiers qui se font attaquer par des membres du public lors d’opérations pour arrêter des trafiquants de drogue ?
Là où il y a de la drogue, il y a de l’argent et les gens se laissent influencer. En dépit de ces résistances, la police va redoubler d’efforts pour sévir dans ces endroits. Il n’y a aucun lieu à Maurice où la police ne peut entrer.

Irez-vous déposer devant la commission d’enquête sur la drogue ?
Certainement, étant donné que certains membres de la force policière ont été arrêtés pour des délits liés à la drogue. C’est tout à fait naturel que le chef de la police apporte sa contribution en bon patriote. Je ferai des recommandations pour aider à lutter contre le fléau de la drogue.

Trafic de drogue : 5 policiers arrêtés

La brigade antidrogue a découvert, mardi 25 octobre, deux kilos de stupéfiants, d’une valeur marchande de Rs 35 millions, dans la valise d’Arvind Hurreechurn. Ce policier, affecté au poste de Piton, revenait de Madagascar. Un autre policier, Gary Bruno Gopaul, affecté au poste de Pamplemousses, a lui aussi été arrêté. C’est lui qui aurait introduit Arvind Hurreechun dans le réseau de trafiquants. Une policière, considérée comme étant proche de Shashikant Jayepall, un troisième suspect, est dans le collimateur des enquêteurs.

Le lundi 10 octobre, Tounaiven Armoogum, âgé de 22 ans et membre de la Special Support Unit, qui compte deux ans de service au sein de la force policière, a été appréhendé à La Chaussée, Port-Louis. Son arresta­tion a été faite par une équipe de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu). Une fouille effectuée sur lui a permis de saisir une dose d’héroïne. Dans son casier, sur son lieu de travail, ces enquêteurs ont découvert une seringue portant des traces d’héroïne.

Quelques semaines plus tôt, soit le jeudi 22 septembre, le sergent Rooben Nair, garde du corps à la Very Important Person Security Unit (Vipsu), et le constable Vijayen Moothoo ont été épinglés, alors qu’ils tentaient de vendre 36 g de métham­phétamine à des policiers. La valeur marchande de cette drogue est estimée à Rs 500 000.

 

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