Live News

Maladie neurodégénérative - World Alzheimer’s Month : comprendre, sensibiliser et agir

L’Alzheimer est la forme de démence la plus courante.

La maladie d’Alzheimer, l’une des principales causes de démence, affecte des millions de personnes à travers le monde. À l’occasion du World Alzheimer’s Month en septembre, la sensibilisation autour de cette pathologie souvent stigmatisée est primordiale. Le Dr Irfaan Daureeawoo, spécialiste en gériatrie, souligne l’importance de ne pas seulement soutenir les patients, mais aussi leurs familles et aidants. 

Publicité

La démence est un syndrome neurologique progressif qui altère les capacités cognitives, telles que la mémoire, le raisonnement et le comportement. Ses effets engendrent une détresse psychologique, sociale et financière non seulement pour les personnes atteintes, mais aussi pour leurs familles. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 55 millions de personnes souffrent de démence à travers le monde, un chiffre qui pourrait grimper à 139 millions d’ici 2050. 

« Parmi les différentes formes de démence, la maladie d’Alzheimer représente entre 60 et 70 % des cas », précise le Dr Irfaan Daureeawoo, spécialiste mauricien en gériatrie exerçant au Royaume-Uni. Découverte en 1906 par le Dr Aloïs Alzheimer, cette maladie provoque la dégénérescence des neurones dans les régions cérébrales responsables de fonctions essentielles telles que la mémoire et le langage. Si l’âge avancé reste le principal facteur de risque, d’autres éléments, comme l’hypertension, le diabète, l’obésité, le tabagisme, l’alcoolisme, la dépression ou encore le manque d’activité physique, contribuent également à son apparition. 

Évolution de la maladie

La maladie d’Alzheimer commence souvent de manière insidieuse, avec des oublis bénins et une légère diminution de la mémoire, notamment celle des événements récents. Ce stade initial, appelé « trouble cognitif léger », peut s’intensifier au fil du temps. « À mesure que la maladie progresse, elle affecte d’autres régions du cerveau, entraînant des troubles du comportement, des difficultés de reconnaissance et une perte d’autonomie dans les activités quotidiennes », explique le Dr Irfaan Daureeawoo. 

Dans les stades avancés, les patients perdent la capacité de se souvenir des événements passés et d’accomplir des tâches simples, ce qui mène à une dépendance totale. « Malheureusement, environ 75 % des personnes atteintes de démence ne sont pas diagnostiquées à temps », alerte-t-il.

Prise en charge 

Le diagnostic de la maladie d’Alzheimer est souvent retardé en raison de la stigmatisation et d’une mauvaise compréhension des symptômes précoces, souligne le Dr Irfaan Daureeawoo. Pourtant, identifier la maladie dès les premiers signes est essentiel pour garantir une prise en charge adaptée. Le processus diagnostique repose sur une évaluation clinique approfondie, incluant des questionnaires, des tests sanguins et des examens d’imagerie cérébrale, tels que l’IRM, permettant de différencier les divers types de démence. 

« Des centres spécialisés en démence offrent une prise en charge multidisciplinaire, avec la participation de neurologues, de psychiatres et de gériatres », précise-t-il. Dans certains cas complexes, une ponction lombaire ou une imagerie nucléaire peut s’avérer nécessaire pour confirmer le diagnostic. Le Dr Daureeawoo ajoute que l’intervention précoce permet non seulement de ralentir la progression de la maladie, mais aussi d’aider le patient et sa famille à se préparer à l’avenir, notamment en mettant en place des directives anticipées. 

Vivre avec la maladie 

« La gestion de la maladie d’Alzheimer doit être personnalisée et répondre aux besoins spécifiques du patient et de sa famille », souligne le Dr Irfaan Daureeawoo. Cela inclut, dit-il, des thérapies comportementales et cognitives, ainsi que des stratégies conçues pour maintenir les fonctions cérébrales actives. Parmi : la thérapie de stimulation cognitive qui joue un rôle-clé en encourageant les patients à s’engager dans des activités intellectuellement stimulantes, telles que l’apprentissage de nouvelles compétences ou la participation à des activités sociales.
La maladie d’Alzheimer n’affecte pas uniquement les patients. Pour les aidants, prendre soin d’un proche atteint de démence peut entraîner un stress physique et psychologique important. « Plus de 50 % des aidants rapportent un impact négatif sur leur propre santé », avertit le Dr Daureeawoo. Il souligne ainsi la nécessité de mettre en place des mesures de soutien pour les aidants, qu’il s’agisse de services de répit, de conseils spécialisés ou de groupes de soutien dédiés. 

Prévention et traitements

Bien qu’il n’existe pas encore de remède définitif contre la maladie d’Alzheimer, plusieurs études ont démontré que certains changements dans le mode de vie peuvent réduire le risque de développer la maladie. Voici quelques-unes des recommandations :

  • Prévenir le diabète, la dépression, l’hypertension et l’obésité.
  • Maintenir une bonne santé auditive, une vie sociale active et une bonne hygiène du sommeil.
  • Stimuler le cerveau par des activités intellectuelles et sociales. 
  • Pratiquer une activité physique régulière et adopter une alimentation saine. 
  • Limiter la consommation d’alcool et arrêter de fumer.

Sur le plan des traitements, des progrès significatifs ont été réalisés ces dernières années. Un nouveau médicament, le lecanemab, a été approuvé en 2024 par l’agence britannique MHRA pour les stades précoces de la maladie d’Alzheimer. 

Ce médicament ralentit la progression de la maladie en ciblant la protéine bêta-amyloïde, impliquée dans les processus dégénératifs de la maladie. « Cependant, des recherches sont encore en cours pour évaluer son efficacité à long terme et ses effets secondaires », précise-t-il.

Sensibilisation

Pour le spécialiste en gériatrie, le sous-diagnostic de la maladie d’Alzheimer reste un problème majeur dans de nombreux pays, en grande partie en raison de la stigmatisation qui entoure cette pathologie. « Beaucoup de personnes ignorent ou minimisent les premiers signes de la maladie, les confondant souvent avec un vieillissement normal. Or, une détection précoce permet d’améliorer la qualité de vie des patients et de mieux préparer les familles à l’évolution de la maladie », fait-il ressortir.

De plus, la maladie d’Alzheimer est une pathologie complexe, qui affecte non seulement les patients, mais aussi leurs proches et la société dans son ensemble. « En cette période de ‘World Alzheimer’s Month’, il est plus important que jamais de sensibiliser le public, de briser la stigmatisation et de promouvoir un diagnostic précoce. Les avancées récentes dans le domaine des traitements offrent de l’espoir, mais il reste encore beaucoup à faire pour soutenir les personnes touchées par cette maladie et leurs familles. Ensemble, nous pouvons faire en sorte que la maladie d’Alzheimer soit mieux comprise et mieux prise en charge, pour un avenir plus inclusif et empathique », conclut le médecin.

Quelques conseils pour communiquer avec un patient 

Le patient peut progressivement avoir des difficultés grandissantes à comprendre et à communiquer. Le Dr Irfaan Daureeawoo met l’accent sur la demande d’aide pour les personnes prenant soin d’un patient atteint de démence. « L’épuisement est réel et mène parfois, inconsciemment, à l’agressivité, à la négligence et au délaissement. Le soutien de l’aidant et des proches est primordial. C’est normal de solliciter de l’aide », précise-t-il.

1. Il est important d’instaurer un environnement et une ambiance agréables, tout en évitant les distractions qui perturbent la concentration.
2. Malgré les difficultés, il est impératif de garder son calme et de rester à l’écoute du patient, tout en faisant preuve d’empathie. 
3. Il est également conseillé de communiquer de manière claire et bienveillante avec le patient, en adoptant un ton calme et respectueux, tout en évitant toute forme d’infantilisation.
4. Il est conseillé d’établir un contact visuel et d’utiliser un langage corporel amical. La communication non verbale reste utile. 
5. Il est essentiel d’éviter la prise de somnifères et de calmants sans l’approbation préalable d’un médecin spécialisé, ayant une expertise dans le domaine de la démence.
6. Dans de nombreux cas, l’institutionnalisation devient inévitable aux stades avancés de la maladie, tant pour le bien-être du patient que pour celui des aidants.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !