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Les spécialistes en recrutement confirment le scénario d’un taux de chômage de moins de 6 % 

Le ministre des Finances a affirmé, cette semaine, que le taux de chômage va reculer en dessous de 6 % pour 2024. Selon les spécialistes en recrutement, l’on se dirige bien vers un tel scénario. Car, il y a une belle dynamique dans l’économie. Par ailleurs, ils estiment que l’objectif d’atteindre le plein emploi est réalisable si les conditions sont réunies.

Employabilité et amélioration du climat économique 

Le taux de chômage descendra sous le seuil des 6 % cette année. C’est ce qu’a affirmé Renganaden Padayachy, le ministre des Finances, à la presse cette semaine. Les spécialistes en recrutement et en ressources humaines estiment que cette prévision est réaliste. « Il me semble que nous allons dans la direction souhaitée par le ministre des Finances », explique Thierry Goder, Chief Executive Officer chez Alentaris. « Le taux de chômage était estimé à 6,1 % fin 2023. Avec l’expansion des business et le recrutement dans la Fonction publique et la construction, le taux peut descendre légèrement en dessous des 6 % cette année », avance, pour sa part, Ravish Pothegadoo, directeur de Talent on Tap. 

taux de chomage.

Adilla Diouman-Mosafeer, directrice de Talent Lab, y va aussi de son commentaire. Elle explique que le taux de chômage est calculé à partir du pourcentage de la population qui recherche activement du travail, mais qui n’en trouve pas. « Ces chômeurs sont enregistrés au Bureau de l’Emploi. Si on se base strictement sur cette définition, le taux de chômage sera inférieur à 6 % », explique-t-elle.  

Plusieurs signes indiquent cette tendance positive. Tout d’abord, poursuit Thierry Goder, une augmentation des investissements dans divers secteurs de l’économie pourrait créer de nouvelles opportunités d’emploi ainsi qu’une hausse du recrutement dans le secteur public. « De plus, les efforts déployés par le gouvernement pour promouvoir l’entrepreneuriat et soutenir les petites et moyennes entreprises pourraient également contribuer à la création d’emplois. En outre, si l’on observe une croissance stable dans des industries clés comme le tourisme, les TIC et le secteur financier, cela pourrait entraîner une demande accrue de main-d’œuvre, ce qui aiderait à maintenir le taux de chômage à un niveau bas », indique Thierry Goder. Enfin, ajoute-t-il, une amélioration générale du climat économique et des indicateurs de confiance des entreprises et des consommateurs pourrait également soutenir cette tendance positive en matière d’emploi.

Ces signes qui attestent de la bonne dynamique du marché de l’emploi

… Adilla Diouman-Mosafeer, directrice de Talent Lab

Adilla Diouman

« Il y a un certain dynamisme dans le monde des affaires. Il y a des initiatives de l’État en termes de projets d’infrastructures, mais aussi pas mal d’investissements de la part du secteur privé. De nouvelles entreprises internationales s’installent à Maurice presque chaque semaine. L’environnement des affaires s’agrandit. Les investisseurs et les entreprises font leur part. Ils prennent des risques et créent de l’emploi. La confiance est là et l’optimisme règne malgré une conjoncture internationale compliquée. Cette tendance devrait même s’accélérer, mais trouvera-t-on le capital humain adéquat pour répondre à cela. C’est la question à se poser. »

 

 

 

… Thierry Goder, Chief Executive Officer chez Alentaris

Thierry Goder.

  • La diversification économique : « On a réussi à diversifier son économie au-delà du sucre et du textile, en se tournant vers des secteurs comme le tourisme, la finance, les TIC, et l’externalisation des services. Cette diversification crée de nouvelles opportunités d’emploi dans des domaines variés. » 
  • L’investissement étranger : « L’île Maurice est devenue une plaque tournante pour les investissements étrangers, attirant des entreprises internationales grâce à son cadre réglementaire favorable, ses incitations fiscales et sa main-d’œuvre qualifiée. Ces investissements créent des emplois directs et indirects. » 
  • La formation et l’éducation : « Le gouvernement mauricien a mis l’accent sur l’éducation et la formation professionnelle pour répondre aux besoins du marché du travail. Des programmes de formation sont mis en place pour développer les compétences nécessaires dans les secteurs en croissance, ce qui favorise l’employabilité des Mauriciens, même si je pense qu’on peut mieux faire. » 
  • Les infrastructures : « L’amélioration de l’infrastructure, notamment dans les domaines des transports et des technologies de l’information, facilite la croissance des entreprises et favorise la création d’emplois dans divers secteurs. » 
  • La stratégie gouvernementale : « Le gouvernement mauricien met en œuvre des politiques visant à stimuler la croissance économique et à favoriser l’emploi, notamment à travers des initiatives de développement des petites et moyennes entreprises et de promotion de l’entrepreneuriat. » 
  • Le hub régional : « En tant que centre financier et commercial régional, Maurice attire de plus en plus d’entreprises souhaitant étendre leurs activités dans la région de l’océan Indien, créant ainsi de nouvelles opportunités d’emploi…tous ces facteurs combinés contribuent à un dynamisme sur le marché de l’emploi à Maurice, offrant aux Mauriciens et aux résidents étrangers un large éventail d’opportunités professionnelles. » 
taux de chomage

Le plein-emploi est réalisable 

Le plein-emploi est défini comme une situation où le taux de chômage est autour de 3 %. Peut-on espérer arriver à une situation de plein-emploi ? Pour Thierry Goder, l’objectif du plein-emploi représente un GRAND défi, mais il est réalisable. « Bien que le pays ait traditionnellement maintenu des taux de chômage de 6 %, atteindre un taux aussi bas que 3 % devra nécessiter des efforts soutenus et des politiques ciblées », soutient-il. Pour espérer arriver à une situation de plein-emploi, plusieurs éléments doivent être pris en compte.  Thierry Goder les énumère. 

Diversification économique 

Maurice dépend fortement de certains secteurs, tels que le tourisme, le textile et l’agriculture. Diversifier l’économie en développant des secteurs à plus forte valeur ajoutée (secteur pharmaceutique, l’intelligence artificielle, la biotechnologie,…) peut créer de nouvelles opportunités d’emploi. 

Formation et éducation

Investir dans l’éducation et la formation professionnelle est essentiel pour fournir aux travailleurs les compétences nécessaires pour répondre aux besoins changeants du marché du travail, notamment dans les domaines de la technologie et de l’innovation.

Encouragement à l’entrepreneuriat

Soutenir les entrepreneurs locaux peut stimuler la création d’emplois et encourager l’innovation. Des politiques favorables aux petites et moyennes entreprises peuvent être mises en place pour faciliter la croissance du secteur privé.

Politiques de plein-emploi

Des politiques gouvernementales telles que des incitations à l’embauche, des programmes de réinsertion professionnelle pour les chômeurs de longue durée et des mesures visant à réduire les obstacles à l’emploi des jeunes peuvent aider à stimuler l’emploi.

Marché du travail flexible

Il est important de maintenir un équilibre entre la protection des droits des travailleurs et la flexibilité nécessaire pour favoriser la création d’emplois. Des réformes du marché du travail peuvent être envisagées pour encourager l’embauche et l’investissement. « En résumé, bien que l’atteinte du plein-emploi à l’île Maurice puisse nécessiter des efforts importants et des réformes structurelles, elle reste un objectif réalisable avec une vision stratégique et des politiques adaptées aux défis économiques et sociaux spécifiques du pays », conclut Thierry Goder. 

… Ravish Pothegadoo, directeur de Talent on Tap

  • Des postes à pouvoir : « Il y a beaucoup de recrutement dans les secteurs comme la Fonction publique et les corps paraétatiques, et dans le privé (les services financiers, les TIC, BPO et l’hôtellerie). » 
  • Davantage d’entreprises : « Il y a une expansion du business à Maurice notamment dans les TIC-BPO et surtout le secteur financier. » 
  • Plus de self-employed : « On compte plus de ‘self-employed’ grâce aux réseaux sociaux. Il n’y a qu’à voir le boom en termes de ventes des produits sur Facebook, ne nécessitant pas de dépenses comme la location d’un bureau ou d’une vitrine pour les produits y compris pour la restauration et le catering et la confection de gâteaux, etc. On observe aussi un nombre croissant de consultants (personnes avec beaucoup d’expérience dans un secteur précis qui ne souhaitent plus être employés par une entreprise). Ce qui arrange les PME qui n’ont pas le budget pour recruter ces personnes à temps plein. » 
  • Ces autres raisons : « Compte tenu de l’inflation, et du coût actuel de la vie, plus de personnes par foyer, y compris les jeunes doivent, à présent travailler. De même, avec le nombre croissant de divorces, on note que certaines personnes - qui normalement ne seraient pas sur le marché de l’emploi – ont pris de l’emploi, mais c’est à très petite échelle. À noter que plus de 75 % des personnes sortant du pool des sans-emploi cette année-ci sont des femmes. »Ces défis à prendre en considération

Ces défis à prendre en considération

Thierry Goder : 
« En plus des défis traditionnels tels que le chômage et l’adéquation entre les compétences des travailleurs et les besoins du marché, il existe d’autres défis spécifiques. Ces défis incluent la nécessité d’adapter les compétences des travailleurs aux industries émergentes telles que la technologie et le numérique, ainsi que la création d’emplois durables dans un contexte de pression sur les ressources naturelles et environnementales de l’île. De plus, la pandémie a accentué les inégalités économiques et les disparités d’accès à l’emploi, ce qui nécessite une attention particulière pour assurer une reprise inclusive et équitable. »

Adilla Diouman-Mosafeer : 
« Les Mauriciens qui émergent sur le marché du travail ne trouvent pas chaussure à leur pied et se tournent vers l’étranger alors que le pays fait venir des étrangers car la main-d’œuvre locale n’est pas autant présente qu’on en a besoin. C’est paradoxal. Il faut changer de stratégie pour établir un équilibre. Il faut répondre à ce problème de mismatch. Il faut solutionner les disparités entre l’offre et la demande. Il faut aussi qu’il y ait l’acception de la main-d’œuvre étrangère dans les entreprises. Nous n’avons pas le choix. Nous devenons comme Singapour et Dubaï. Nous sommes obligés de faire venir de la main-d’œuvre. C’est une solution sur le court terme. Mais, sur le long terme, il nous faut développer toute une stratégie. Mais, surtout, il faut comprendre les attentes, les besoins et l’évolution des valeurs de notre main-d’œuvre locale. Les entreprises ont aussi un effort à faire pour « meet the emerging generation halfway ». Ils ont des besoins différents d’il y a dix ans de cela. Les entreprises doivent s’adapter à tous ces changements de sorte à rendre les offres d’emploi plus attrayantes. »

 

Ravish Pothegadoo : 

Ravish Pothegadoo« Le dynamisme constaté ne reflétera pas forcément, dans certains cas, une diminution des sans-emploi, mais plus une rotation des mêmes profils.  Avec l’inflation, beaucoup de personnes changeront d’emploi et accepteront des offres pour Rs 2 000/ Rs 4 000 de plus sur leurs salaires. Il y a donc un risque élevé de turnover pour les postes basiques. »

 

 

 

 

 

 

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