À peine une année de règne, le gouvernement montre déjà des signes de perte d’autorité et un mépris des règles du jeu.
C’est pourtant un régime politiquement fort, disposant d’une majorité parlementaire plus que confortable et contrôlant tous les leviers du pouvoir central et municipal. Il n’a pas su imposer ses marques afin de prendre toutes les décisions difficiles mais nécessaires à la relance et à la consolidation de l’économie nationale.
La première année d’un mandat électif est toujours la plus cruciale pour préparer les conditions propices au redémarrage de la machine économique. Mais nos gouvernants ne cessent de penser à leur niveau de popularité comme s’ils étaient encore en campagne électorale. Si c’est ainsi qu’ils continueront à gouverner jusqu’à la fin de leur mandat, ils auront à rendre des comptes aux chômeurs en pleurs.
Le pouvoir politique donne l’impression de vaciller et d’être à bout de souffle. Il accumule des ratés, des reculades et des volte-face. Il cède à la pression populaire, à la menace syndicale et au matraquage médiatique. Il administre au jour le jour et n’est donc pas en mesure de donner un sens de direction aux acteurs économiques. Il est tellement empêtré dans les affaires courantes du pays qu’il ne pense pas aux grandes réformes structurelles.
Gâtée par le gouvernement et bercée par les illusions d’un deuxième miracle économique, la population n’a pas une idée de l’état réel de notre économie. Celle-ci va stagner si les Mauriciens ne se réveillent pas rapidement aux réalités économiques. Sans un sursaut national, le pays ne sortira pas de l’ornière.
On a le gouvernement qu’on merite. On ne peut pas reprocher à une alliance politique élue par le peuple de travailler pour le peuple. Le problème est qu’elle cherche à faire plaisir à n’importe quel prix, puisque Maurice, c’est un plaisir. Elle l’a commencé avec le retrait du permis à points. On ne pouvait avoir un signal plus fort que ça en matière d’indiscipline, de manque d’autorité et de non-respect des règles de conduite. Résultat : nos routes se sont avérées plus meurtrières avec une hausse du nombre de victimes cette année. Même nos ambulanciers sont devenus des chauffards irrespectueux du code de la route, mettant en péril la vie des automobilistes.
Le nouveau gouvernement a aussi fait plaisir aux bénéficiaires de la pension de base. Il est vrai que c’était une promesse électorale. Mais quand on a compris l’impact de sa réalisation sur les finances publiques, fallait-il rendre celles-ci encore plus précaires avec une généreuse compensation salariale pour tous ? Et comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement se hâte d’en accorder une deuxième, six mois avant la prochaine année fiscale de son budget.
Devant de telles largesses, notre Subron national, qui n’est pas à une outrance près, déclare sur un air pince-sans-rire que « le gouvernement est devenu l’otage du secteur privé ». Ce même secteur privé qui vient d’être tancé par ce même gouvernement sur l’emploi. C’est oublier que les entreprises privées ne sont pas des corps paraétatiques que l’État peut dicter à sa guise pour plaire à leurs syndicalistes. À l’instar des Casinos de Maurice où le management n’est pas foutu de réduire les sureffectifs pour stopper l’hémorragie financière.
Dans le secteur parapublic, il est loisible à l’État de reculer à chaque fois qu’il avance. Mais un gouvernement sérieux et responsable ne saurait jouer ce même jeu débile avec les opérateurs privés. Il doit plutôt assurer que les règles du jeu soient respectées, à commencer par lui-même. Elles ne peuvent pas être modifiées selon son humeur du moment. Quel étranger va investir à Maurice si elles ne sont pas inscrites dans la durée ? Quel Mauricien va créer des emplois si elles se retournent contre lui ?
Sur la compensation salariale, le ministre des Finances a bafoué d’un coup trois règles du jeu pour faire plaisir. Premièrement, elle a de tout temps été accordée au début de l’année financière. C’est ce que les entreprises ont été amenées à comprendre lorsqu’il fut décidé de ne plus aligner celle-ci sur l’année civile. C’est sur cette base qu’elles ont préparé leur budget prévisonnel, croyant que la prochaine compensation allait intervenir en juillet 2016. Au lieu de cela, elles paieront une nouvelle compensation à partir de janvier et n’auront d’autre choix que d’augmenter leurs prix de vente. Dépréciation continue ou pas de la roupie, l’économie va entrer dans une spirale prix-salaires.
Deuxièmement, le principe de compensation est supposé inapplicable quand le taux d’inflation officiel est inférieur à 5 %. Il arrive qu’on y déroge à 4 %, voire à 3 %, d’inflation. Mais à moins de 1,5 %, on tourne en dérision ce principe, puisque l’exception devient la règle.
Troisièmement, une compensation salariale est faite pour rattraper la perte du pouvoir d’achat. Or, depuis quelques années, on compense plus que le taux d’inflation, avec un montant uniforme qui ignore la relativité salariale. Dans ce cas, à quoi bon calculer l’inflation ? D’ailleurs, toute la politique du taux d’intérêt de la Banque de Maurice est faussée, car les facteurs de prix sur lesquels elle se fonde ne sont pas fiables.
La confiance ne se construit pas par des paroles, mais par des actes. L’intervention étatique dans la politique salariale de l’entreprise rend plus difficile la création d’emplois, quand elle ne conduit pas à des licenciements. Les perdants sont ceux qui se (re)trouvent au chômage. Parce qu’ils ne les voient pas, nos gouvernants ne s’apitoyent pas sur les larmes des chômeurs.
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