L’association des marchands ambulants est très active ces jours-ci. Elle milite pour les droits de ses membres, estimés à environ 2 000 personnes. D’autres associations, à l’instar du Front Commun des Commerçants ou l’association des taximen, luttent également pour les droits de leurs membres. Et si ces diverses associations pouvaient mieux s’engager pour le bien-être économique de leurs membres ?
La Constitution de Maurice garantit la liberté de créer des associations. La liberté d’association est le droit de constituer, d’adhérer et de refuser d’adhérer à une association. Le pays compte environ 14 000 associations inscrites au Registrar of Associations, l’institution publique qui régit les associations. Selon les chiffres officiels, de janvier à mars 2016, il y a eu 119 nouvelles associations enregistrées. Par ailleurs, il y a environ 370 syndicats inscrits à cet organisme. Les associations sont communément appelées ONG (Organisation non gouvernementales).
Une association est un contrat passé entre plusieurs personnes qui décident de mettre en commun leurs connaissances ou leurs activités pour réaliser un projet collectif dans un but autre que le partage de bénéfices. L’association peut aussi regrouper des opérateurs dans un secteur spécifique. Bien souvent, l’association a un but non lucratif. Mais cela ne signifie pas qu’une association ne peut avoir des activités lucratives (c’est-à-dire qui lui permettent de réaliser des bénéfices), mais ces activités servent uniquement à financer les objectifs de l’association.
Pour exister, les associations ont besoin de ressources financières. Elles ont recours à l’aide de l’État, de particuliers ou d’entreprises. Les cotisations des membres ou la rémunération des activités ne suffisent pas pour équilibrer les comptes. À Maurice, le gouvernement subventionne plusieurs types d’associations, par exemple les associations de consommateurs ou les associations religieuses. D’autres ONG bénéficient d’un financement des entreprises privées à travers la Corporate Social Responsibility (CSR). Chaque année, les entreprises sont tenues de verser l’équivalent de 2 % de leurs bénéfices aux Organisations non gouvernementales reconnues par le National CSR Committee.
Les divers types d’associations se servent plutôt d’outils traditionnels pour assurer l’intérêt de leurs membres. Par exemple, elles sollicitent l’aide et l’intervention de l’État pour un financement, une subvention ou une mesure incitative en leur faveur. Des associations font pression sur les autorités sous diverses formes, par exemple la grève de la faim. Pourtant, les associations et autres groupements sociaux auraient pu jouer un plus grand rôle et résoudre leurs problèmes eux-mêmes, s’ils étaient mieux organisés, innovants et s’ils évoluaient avec le temps. Mais il y a aussi l’obstacle légal causé par la législation régissant les associations qui date des années 1970 et qui demande à être réactualisée.
Les marchands ambulants
Ils se vantent d’avoir plus de 2 000 membres. Avec une cotisation mensuelle d’un minimum de Rs 500 par membre, l’association des marchands ambulants peut générer des revenus d’un million par mois, suffisant pour investir dans les infrastructures nécessaires. Dommage que les banques ne prêtent pas facilement aux associations, sinon, avec une telle capacité de remboursement, l’association pourrait emprunter pour financer la construction des foires modernes pour loger ses membres, avec la collaboration des autorités ou même sous un concept Public Private Partnership avec des investisseurs. L’union fait la force, mais malheureusement, l’absence d’idées novatrices ou un déficit de conseils appropriés prive ces gens de développer leur potentiel et les renferme dans ce qu’ils concernent à tort être l’ultime recours : grève de la faim !Les taximen
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"16364","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-full wp-image-27619","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1280","height":"720","alt":"Hotels Taxi"}}]] Le pays compte environ 4 000 taximen, qui sont regroupés au sein de plusieurs associations régionales. Jusqu’ici, leurs combats collectifs se limitaient plutôt à la lutte contre les agressions dont ils sont souvent victimes, la dénonciation de la concurrence déloyale posée par les taxis ‘marrons’ et contre l’encombrement des rues par les marchands. Ils luttent aussi contre des contraintes opérationnelles au sein des hôtels, ce qui a poussé le gouvernement à prendre une décision concernant la mise sur pied des ‘taxi desks’. Dommage qu’à l’ère d’Uber et d’Ola et autres applications informatiques concernant les taxis à travers le monde, chez nous, la National Transport Authority en est encore à l’époque des ‘Taxi Stands’ avec des chauffeurs se bagarrant pour des places limitées dans les centres villes (ou ailleurs) et sujets à des règlements obsolètes. Pourtant, les 4 000 taximen, au lieu d’attendre que les autorités évoluent, auraient pu eux-mêmes innover à travers la contribution de leurs milliers de membres pour venir de l’avant avec des systèmes modernes de ‘booking’ et autres services ancillaires, résultant non seulement en un rehaussement du niveau de service, mais aussi une création d’emplois et d’autres opportunités pour eux-mêmes. Mais encore une fois, c’est la législation qui fait obstacle. Concernant les taxis ‘marrons’, le bouillant Rama Valayden avait autrefois suggéré un modèle calqué sur les ‘Minicabs’ britanniques, mais il n’y a jamais eu de réflexion. En attendant, ces associations ignorent le potentiel de leur force.Les coopératives
Les coopératives sont des entités qui peuvent ouvrir de nouveaux horizons pour les membres, mais l’innovation n’est pas encore passée par là. Heureusement que le gouvernement a décidé de revoir complètement le secteur, à commencer par la législation, afin de booster les sociétés coopératives. L’objectif est d’engager les coopératives dans les nouveaux secteurs comme le ‘bio-farming’, l’aquaculture et l’économie verte. Les coopératives traditionnelles ne saisissent pas les opportunités qui s’offrent à elles. D’autres n’utilisent pas leur force commune pour réaliser des bénéfices. Un simple exemple : les sociétés coopératives regroupant des propriétaires d’autobus se plaignent toujours de la hausse des coûts d’opérations et réclament souvent, (et avec raison parfois), soit des subsides, soit la majoration du ticket d’autobus. Pourtant, ces coopératives auraient pu réaliser des bénéfices si elles opéraient vraiment avec l’esprit coopératif. Par exemple, elles peuvent bénéficier d’économie d’échelle sur l’achat commun des pneus, des pièces de rechange ou du diesel. Les sociétés coopératives auraient pu se lancer dans des activités économiques en parallèle, comme l’entretien des bus, la commercialisation de véhicules, etc. Il y a déjà l’exemple des coopératives dans le secteur agricole qui importent elles-mêmes leurs fertilisants. Les sociétés de petits éleveurs, si elles étaient mieux regroupées, pourraient, à leur tour, importer leurs propres aliments pour bétails, ce qui leur reviendrait nettement moins cher.Les obstacles
Les associations sont limitées dans leurs actions par plusieurs obstacles. D’abord, il y a un obstacle légal. La loi gouvernant les associations ne permet pas l’évolution des associations en de véritables entreprises sociales. Une telle éventualité aurait permis à bon nombre d’associations à devenir autonomes financièrement et aussi aptes à créer des emplois. Les associations ne peuvent également pas facilement emprunter à la banque pour leurs projets. Un accès plus facile au financement pourra les encourager à mieux réaliser leurs objectifs. L’absence des compétences est aussi un défaut, car une ONG ne peut attirer des personnes qualifiées pour les épauler. Dans de telles situations, la tendance mondiale est de créer un lien entre les professionnels à la retraite et les ONG afin que celles-ci bénéficient des compétences de ces retraités.La politique économique
Alors que le Budget approche à grand pas, il serait intéressant si le ministère des Finances vient avec des mesures incitatives pour aider les ONG à exploiter davantage leurs potentiels économiques. Peut-être qu’il est aussi temps pour que les donateurs bénéficient de réductions fiscales afin d’encourager la solidarité. L’entreprise sociale doit être considérée comme un moyen de création d’emplois. Les associations et les entreprises sociales doivent mieux bénéficier des facilités bancaires pour financer leurs projets. Tout comme les petits entrepreneurs font face à une bureaucratie allégée, les associations et autres ONG doivent également être épargnées de la lourdeur administrative.Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !