Après deux fermetures d’école forcée en mars 2020 et mars 2021 dues au confinement, nous sommes en à la troisième, instaurée depuis le 10 novembre dernier. Quel est le bilan des dix derniers jours de classe en ligne ?
Jamais deux sans trois, dit l’adage. Avec la fermeture des écoles, élèves, professeurs, chefs d’établissements et parents ont dû se réadapter à la formule de classe en ligne. Cette pratique, introduite depuis le premier confinement en mars 2020, rencontre encore certaines difficultés pour fonctionner à plein régime. Le ministère en est arrivé à cette décision à cause de la situation sanitaire à l’île Maurice. Plusieurs mesures introduites comme les classes alternées ont fonctionné à un moment. Cependant, la ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun a dû annoncer la fermeture des classes jusqu’au 17 décembre suivant le nombre de cas positifs enregistrés dans la communauté.
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Ce qui fonctionne et ne fonctionne pas
Au niveau des établissements scolaires, il y a malheureusement certaines conditions qui ne permettent pas que les cours soient dispensés à la satisfaction de tout le monde. Il y a des enseignants d’un certain âge, par exemple, qui affirment avoir encore du mal à utiliser convenablement l’outil informatique. Les élèves plus habiles n’hésitent pas alors à passer des remarques désagréables.
Les élèves du Extended Programme (EP) pénalisés
Les élèves admis au sein des classes de l’Extended Programme n’ont toujours pas de cours. C’est ce que fait remarquer Brian Pitchen. Cet enseignant considère que ce sont les grands perdants du système actuel. Ces élèves, rappelons-le, prennent part aux mêmes examens que ceux du « main stream ». Or, ils ont besoin d’une assistance spéciale, n’ayant pas eu le même encadrement depuis leur entrée au secondaire. D’ailleurs, ces élèves prennent les examens du NCE après quatre années de cours, contrairement aux autres qui le font après trois ans.
Autre incident : un enseignant est allé jusqu’à menacer les élèves de ne pas dispenser de cours tant que le collège ne lui remet pas un ordinateur portable ! C’est ce que raconte Reena, qui est en Grade 11 dans un collège privé des Plaines-Wilhems. Une autre enseignante s’est réveillée en retard et elle n’a pas fait de classe, alors que les élèves l’attendaient. Elle a demandé à ces derniers d’être présents à 17 h 00. Cette situation n’est pas à l’avantage des élèves qui ont des leçons particulières à cette heure.
Selon Alexandre, élève en Grade 10, suivre les classes à la maison n’est pas toujours évident à cause du bruit environnant. « Par exemple, il y a un bâtiment en construction juste à côté de ma chambre. Il y a aussi des enseignants qui font la classe et qui doivent aussi s’occuper de leurs enfants. On peut entendre certains bébés pleurer. C’est un problème pour rester concentré. Je suis vite distrait », relate-t-il. Il y a également des professeurs qui prennent des congés, à l’instar de l’enseignant de la fille de Suraj. Cette élève de la Grade 9 n’a pu eu de classes d’anglais lundi et mardi, parce que l’enseignant a pris deux jours de congé.
Mais heureusement, un grand nombre de professeurs font preuve de sérieux. C’est ce qu’indique Nashreen. Cette mère a trois enfants qui sont au primaire et au secondaire. C’est vrai qu’au début, elle était angoissée, mais au final, les choses se passent bien, malgré quelques soucis. « Au commencement, on était un peu inquiet. Ensuite, les professeurs ont pris contact avec les élèves. Ils proposent des devoirs et font le suivi. Certains d’entre eux font les classes en ligne via Zoom. D'autres donnent uniquement des devoirs ou diffusent des vidéos », ajoute-t-elle. Cependant, elle précise qu’à la maison c'est un peu compliqué, car il y a aussi les autres enfants de différents âges. « C'est dur pour les parents de suivre tous les enfants. Cela me prend beaucoup de temps pour assimiler les manuels dans le livre pour bien suivre les enfants », ajoute-t-elle.
Pour que l’enseignement en ligne fonctionne, tout le monde doit y mettre du sien, surtout au niveau des élèves. Malheureusement, certains d’entre eux font preuve d’indiscipline, ce que déplorent leurs parents, dont Mario. Ce dernier confie qu’il est toujours derrière son fils pour le réveiller et veiller à ce qu’il fasse ses devoirs. « Il prend trop de pauses et se retrouve à faire les devoirs jusqu’à tard le soir pour les terminer », relate-t-il.
En revanche, certains élèves sont très consciencieux comme Angela. Cette dernière, qui est en Grade 13, soutient qu’il faut trouver une activité physique à l’extérieur pour ne pas rester devant l’écran constamment. Elle a décidé de promener son chien chaque après-midi et cette activité lui est d’une grande aide.
Au niveau du primaire, cette semaine, les cours dispensés à la télévision ont été marqués par des erreurs diffusées en mathématiques et français. Les autorités n’ont pas tardé à agir. Il nous revient que ce sont des vidéos réalisées en urgence en 2020 qui ont été reprogrammées.
Le Mauritius Institute of Education (MIE) a initié une enquête. Des mesures sont prises pour assurer la qualité des vidéos diffusées sur les quatre chaînes de la télévision nationale. Les autorités ont pris des mesures pour produire d’autres vidéos afin de remédier à la situation.
Un meilleur contrôle
Harrish Reedoye, le président de la United Deputy Rectors and Rectors Union (UDRRU), met l’accent sur les avantages du nouvel emploi du temps en vigueur depuis le 15 novembre dernier dans les collèges d’État. Il souligne que cela permet une meilleure coordination de la classe en ligne. « Après chaque heure de travail, il y a une pause de 15 minutes et un moment pour la récréation. Ce planning permet donc d’avoir un meilleur contrôle du travail à accomplir, sans interruption ».
Le suivi des élèves
Basheer Taleb, le président de la Federation of Unions of Managers of Private Secondary Schools, fait le bilan après plus d’une semaine d’enseignement en ligne. Il soutient que tous les élèves ne peuvent pas suivre le programme d’études en raison, entre autres, du manque d’outil informatique. Dans ce cas, l’administration des établissements scolaires tente de résoudre le problème avec le suivi approprié. « Nous nous assurons que nos élèves soient présents lors de chaque cours. Si tel n’est pas le cas, les enseignants nous rapportent les noms. Par la suite, les membres de l’administration se mettent en contact avec les parents pour situer le problème. Dans bien des cas, les enseignants reprennent contact par le biais d’un texto ou d’un appel téléphonique pour assurer le suivi pédagogique, si l’élève n’a pas d’outil informatique », souligne-t-il. C’est, selon lui, aussi un moyen de s’assurer que les parents prennent leurs responsabilités. Basheer Taleb souhaite avoir l’assistance des autorités pour veiller à ce que les élèves soient en ligne. « Lorsqu’il y a école, les officiers de la Brigade pour La Protection des Mineurs sont toujours aux aguets concernant les élèves qui sont dans la rue au lieu d’être en classe. C’est le moment aussi de voir combien d’élèves sont ailleurs qu’à la maison pour les cours. Il faut rappeler que les écoles ne sont pas en congé en ce moment », fait-il remarquer.
Un guide à l’intention des parents
Au niveau du Service Diocésain de l'Éducation Catholique (SeDEC), le responsable de communication, Clive Anseline souligne que les enseignants font de leur mieux pour rester en contact avec leurs élèves. Au primaire, les écoliers et leurs parents peuvent consulter la plateforme Shared Learning Mauritius (RCEA) où est proposée une panoplie de ressources pédagogiques pour les écoliers des Grades 1 à 6. Il existe aussi un guide à l’intention des parents pour l’accompagnement des enfants.
Des erreurs dans des cours télévisés
Au niveau du primaire, cette semaine, les cours dispensés à la télévision ont été marqués par des erreurs diffusées en mathématiques et français. Les autorités n’ont pas tardé à agir. Il nous revient que ce sont des vidéos réalisées en urgence en 2020 qui ont été reprogrammées. Le Mauritius Institute of Education (MIE) a initié une enquête. Des mesures sont prises pour assurer la qualité des vidéos diffusées sur les quatre chaînes de la télévision nationale. Les autorités ont pris des mesures pour produire d’autres vidéos afin de remédier à la situation.
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