L’École de Foot Champ de Mars joue son avenir

Elle se donne une dernière chance de sortir des jeunes de Tranquebar, mais aussi de toute la capitale, issus d’un milieu précaire, de la rue. De les initier au sport, ainsi qu’à la protection de l’environnement notamment. À cette fin, l’association Ecole de Foot Champ de Mars a élargi son champ d’action et s’est enregistrée sous le nom Ecole de Foot et Tous les Sports en début d’année. Depuis sa relance, l’association compte une dizaine de membres. Elle a pour président Christian Bernard et vice-président Ashwanee Shibduth.

« Ashwanee Shibduth m’a fait part de ses inquiétudes concernant le manque de motivation de certains, ce qui l’a poussé à envisager d’arrêter. Cependant, il a décidé de tenter quelque chose avant de prendre une décision définitive », explique Christian Bernard. 

Il faut dire que la pandémie de Covid-19 et les restrictions imposées pour endiguer la propagation du virus à Maurice ont porté un coup dur à l’association. « En ce moment, nous sommes complètement démunis », dit le président de l’Ecole de Foot et Tous les Sports.

Il faut ajouter à cela, regrette Christian Bernard, le manque de soutien des parents. « Je souhaite que les parents se sentent plus concernés par ce que l’association a à leur proposer. »

Afin de renforcer son attractivité, l’association a récemment changé ses statuts. Auparavant, elle était principalement axée sur le football et était exclusivement ouverte aux enfants de Tranquebar qui devaient s’inscrire à l’école de foot pour bénéficier des avantages proposés. Cependant, les nouveaux statuts ont complètement éliminé cette restriction et l’association est désormais ouverte à tous les jeunes et moins jeunes de la région de Port-Louis et à tous les sports, même la randonnée. « Par exemple, si un jeune de 18 ans souhaite pratiquer la boxe, il sera le bienvenu. » 

Christian Bernard et Ashwanee Shibduth ont organisé une première réunion, il y a quelques jours, avec des habitants de Tranquebar. Elle s’est tenue dans l’ancienne maison de Christian Bernard dans le quartier, la salle auparavant mise à la disposition de l’association ayant été réquisitionnée. L’objectif était de donner plus de visibilité à l’association.

Je souhaite que les parents se sentent plus concernés par ce que l’association a à leur proposer»

Le défi, indique Christian Bernard, est « de recréer un groupe, une osmose ». Le but ultime, insiste-t-il, est de sortir les enfants issus d’un milieu précaire de la rue. « Je veux qu’ils s’intéressent au sport. »

Mieux, les deux hommes souhaitent donner l’opportunité à ces jeunes de participer à des échanges avec l’île de la Réunion. Pourquoi l’île sœur ? Christian Bernard y compte de nombreux amis. Selon lui, les jeunes et les adultes de la Réunion qui viennent à Maurice sont souvent attirés par l’escalade de la montagne Le Pouce. « Nous, quand nous allons chez eux, nous jouons des matchs de foot. »

Cet échange avec la Réunion permettra ainsi d’organiser des randonnées en pleine nature. « Nos contacts à la Réunion sont très portés sur l’environnement et le trail. Auparavant, chaque année, nous organisions des tournois au stade Saint-François, à Port-Louis. On ne faisait que du football. Maintenant, il y aura aussi des randonnées. »

Car au-delà de l’encadrement des enfants et des adultes, l’association veut les sensibiliser à la protection de l’environnement. « Nous connaissons l’enjeu avec le réchauffement climatique, la préservation de l’environnement. Apprend-on à ces enfants à préserver la nature ? » 

Le projet de l’association cette année, si elle parvient à rassembler suffisamment de personnes et trouver des sponsors, est d’organiser une tournée à la Réunion ou à Rodrigues en novembre, comme cela a été fait dans le passé, avance Christian Bernard. Sous l’ancienne association, ils ont effectué au moins cinq ou six voyages à Rodrigues et un voyage à la Réunion, rappelle-t-il.

Avant la Covid-19, la cotisation s’élevait à Rs 50 par mois. « Pour le voyage à l’île de la Réunion, qui durait 10 jours et comprenait presque tous les frais, nous avions demandé Rs 3 500. Et sur cette somme, nous avions déduit les Rs 50 que les membres avaient payées pendant deux ans. Ainsi, ils n’avaient qu’à débourser Rs 2 300. Rs 3 500 pour emmener des enfants à la Réunion pendant dix jours, c’est très abordable », explique-t-il. « Il suffit de voir le visage des enfants lorsqu’ils prennent l’avion pour la première fois, c’est un moment inoubliable pour eux », ajoute-t-il. Pour lui, cela n’a pas de prix. 

Que sont devenus les enfants qui étaient avec l’association auparavant ? « Ils se sont dispersés. Toutefois, s’il y a des parents qui veulent donner un coup de main, ils sont les bienvenus », déclare Christian Bernard.