Foot, danse, natation, basket-ball… la pratique d’une activité physique est essentielle au bon développement de l’enfant.
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Mis à part les bienfaits pour le corps, pour quelles raisons les professionnels encouragent-ils les enfants à faire du sport ? Reportage.
Dimanche 14 mai. Il est 8 heures 45. On est dans la cour du collège St. Mary’s de Rose-Hill. Malgré le mauvais temps, les enfants sont au rendez-vous, tous en uniforme. Eux, ce sont les petits footballeurs de l’école de foot Health Kids Sport Ltd. Ils ont entre cinq et douze ans et sont au nombre de 75. La séance débute à 9 heures précises.
Au premier coup de sifflet, les footballeurs se réunissent sur le terrain avec leurs coachs. Ils se mettent en rang selon leur âge, ils chantent l’hymne national puis écoutent attentivement le coach Claudio Ferry (voir interview plus loin). Ce dernier anime une séance interactive où l’on passe en revue l’actualité sportive, mais il rappelle également les règles du football.
Quelques minutes plus tard, les enfants se séparent. Chaque groupe d’âge retrouve son coach pour l’entraînement. Pendant deux heures, les enfants jonglent, courent et jouent avec passion. Ils sont infatigables. Quant aux coachs, ils sont attentifs au jeu et conseillent les petits footballeurs pour qu’ils s’améliorent. À 11 heures, lorsque souffle le dernier coup de filet, les enfants ne veulent pas s’en aller…
Philip Pascal, Directeur sportif CAMO Sports : « Les enfants manifestent un besoin naturel de bouger »
Le CAMO Beau-Bassin Swimming Club propose aux enfants (à partir de 5 ans) un apprentissage à la natation, puis une pratique sportive de cette discipline. Aussi, ceux qui le souhaitent peuvent s’entraîner pour les compétitions. Le club CAMO a pris naissance à la suite de la rencontre de trois nageurs de l’équipe nationale, Patrice Leclair, Sultan Beeharry et Jan Boullé, lors des 2e Jeux des îles de l’océan Indien (JIOI) qui se sont déroulés à Maurice en août 1985. « Le nom du club CAMO provient d’un club de natation que Jan Boullé a rencontré à Montréal - le Club Aquatique de l’Olympique de Montréal. D’où le nom de Club Aquatique de M-O-rice », explique Philip Pascal, directeur sportif de CAMO Sports depuis janvier 2017.
Philip Pascal fait état des bienfaits du sport : « Plusieurs études scientifiques internationales démontrent les effets néfastes de l’alimentation industrielle et des produits technologiques dans l’éducation des enfants. Ces derniers sont de plus en plus en surpoids et font de moins en moins d’activités physiques. Au final, leur santé est très vite fragilisée et leur rapport avec autrui est de plus en plus artificiel. Ainsi, lorsqu’aujourd’hui ils arrivent en apprentissage, il faut d’abord reconstruire leur motricité avant de pouvoir leur enseigner la nage »
Pour lui, le sport reste fondamental : « Au même titre que les études académiques, la pratique du sport doit accompagner l’épanouissement des enfants. Du point de vue de la santé corporelle et psychique, le sport me semble incontournable. Les enfants manifestent très vite un besoin naturel de bouger. C’est essentiel à leur développement biologique. Les différentes disciplines sportives répondent parfaitement à ce besoin et les règlements qui encadrent les sports forment, d’une certaine manière, les enfants dans leur vie sociale. »
Stephan Buckland : « Je souhaite voir une de mes filles suivre mes traces »
« Il est essentiel de mettre l’accent sur le sport dès le plus jeune âge », estime Stephan Buckland. Selon lui, « le sport joue un rôle fondamental pour le développement de l’en-
fant ». L’ancienne gloire du demi-tour de piste explique que le sport n’aide pas seulement à garder une bonne condition physique. « Cela aide également à être discipliné dans la vie de tous les jours. Le sport permet d’acquérir des principes et d’avoir un bon équilibre de vie. »
En tant que père, dit-il, il incite ses filles à s’adonner au sport. Milane, l’aînée, âgée de 12 ans, pratique du tennis, le volley-ball, l’athlétisme et la danse. La seconde, Amery (8 ans), fait du tennis, la danse et du violon. « Pendant les heures d’entraînement, elles sont mes athlètes et je suis leur coach », fait part l’ancien sprinteur. « Mais après les heures de dur labeur, je redeviens le papa gâteau que je suis dans la vie de tous les jours ». Selon l’ancien champion, ses filles font du sport par passion et non par obligation. Il a à cœur, confie-t-il, de voir un jour une de ses filles lui emboîter le pas et devenir une grande championne.
Claudio Ferry : « Mettre en garde les parents contre la spécialisation précoce »
Claudio Ferry est éducateur sportif et responsable de Health Kids Sports Ltd. Il met en exergue les avantages de la pratique du sport chez l’enfant.
Pourquoi encouragez-vous les enfants à pratiquer du sport ?
Pratiquer une activité sportive est nécessaire au développement de l’enfant. Le sport aide l’enfant, qui a de l’énergie à en revendre, à grandir en toute harmonie. C’est aussi un moyen
de socialisation, car les enfants font des rencontres, jouent avec les amis et apprennent à être ensemble. Le sport, c’est surtout une école de vie où l’enfant apprend des règles de base, le respect de soi et des autres, ainsi que la discipline. Ils apprennent aussi à avoir davantage confiance en eux et à se surpasser.
À quel âge conseillez-vous aux enfants de commencer le sport ?
Le mot « sport » fait parfois peur, surtout aux parents qui préfèrent souvent voir leurs enfants tranquillement s’installer dans un fauteuil, au lieu de courir dans tous les sens. Certains parents ont même peur que leurs enfants se blessent et préfèrent leur offrir une tablette ou un téléphone portable. C’est une des raisons pour laquelle beaucoup d’enfants souffrent aujourd’hui d’obésité. Une activité physique ne veut pas uniquement dire faire du sport de haut niveau.
Le fait de marcher ou danser constitue aussi une activité physique. Il faut juste le faire de manière régulière. En ce qui concerne l’âge, dès la tendre enfance, à la maternelle, les enfants peuvent commencer une activité physique appropriée.
D’un autre côté, il y a des parents qui mettent la pression pour que leurs enfants pratiquent une activité physique régulière…
Effectivement, mais il ne faut jamais les forcer. L’enfant doit aimer ce qu’il fait et ce n’est pas aux parents de décider. Les parents peuvent les initier à une discipline, mais au final, c’est aux enfants de décider si cela leur convient. Il ne faut pas tomber dans le piège d’imposer son choix sur l’enfant. Il faut mettre en garde les parents contre la spécialisation précoce. Si l’enfant n’aime pas ce qu’il fait cela, cela lui causera des préjudices.
Que conseillez-vous donc aux parents qui ne savent pas quel sport choisir ?
Aux plus petits, je conseillerai de privilégier des sports d’équipe (football, basket-ball) aux sports en solo. L’enfant vient avant tout pour jouer, s’amuser et retrouver ses amis et finalement, il prend plaisir à être là. Par la suite, il peut choisir de se spécialiser ou de se tourner vers une autre discipline sportive. Les parents peuvent les initier à plusieurs sports avant de déterminer ce qu’ils souhaitent faire.
Portrait
Aurélien, Adrien et Éric, sportifs de père en fils
Ils ont 9 et 14 ans et sont déjà connus dans le giron sportif, notamment celui de la natation. Nageurs du club CSN Pamplemousses, les deux frères ne reviennent jamais d’une compétition sans médaille. Ils ont commencé la natation à l’âge de quatre ans et demi. C’est leur père, Éric Cicéron, athlète lui-même, qui les a initiés à ce domaine et leur a transmis cette passion. « Je travaille à la National Coast Guard, nous voyons souvent autour de nous des noyades ou risques de noyade impliquant des enfants. C’est une des raisons pour laquelle je les ai encouragés à faire de la natation ». Il dira que ses enfants ont vite pris goût au sport et ont voulu participer aux compétitions.
Ces habitants du village de Saint-Julien, Flacq, se rendent pratiquement tous les jours à la piscine de Calebasse pour nager : « Ils nagent deux heures par jour, au moins six fois par semaine et adorent la natation. À la maison, ils passent leur temps à regarder les championnats du monde de natation à la télé et à chercher des vidéos sur Youtube pour regarder les meilleurs nageurs ».
Adrien Cicéron participera aux prochains Jeux de la CJSOI
Lors des derniers championnats nationaux de natation, qui se sont tenus du 4 au 7 mai à la piscine Serge Alfred, Adrien, élève du collège John Kennedy, a décroché huit médailles. Il y a quelques jours à peine, il vient d’apprendre une bonne nouvelle : il a été sélectionné pour les prochains Jeux de la CJSOI et s’envolera dans quelques semaines pour l’île de La Réunion. Pour le jeune homme, cela représente à la fois une belle récompense, mais aussi un nouveau challenge : « Je défendrai au mieux le quadricolore mauricien », assure-t-il.
Quant à Éric Cicéron, spécialiste de la course à pied, il a brillé au dernier Championnat du monde en Australie, en novembre dernier, en finissant 1er dans sa catégorie, celle des 44 ans, et 10e au classement général.
Des noms à retenir donc. Après Éric et Adrien, nous entendrons sans doute parler du petit dernier dans un proche avenir.
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