Le politicologue Avinash Munowar : «La venue du pape François a lancé la campagne électorale»

La venue du pape François à Maurice et son message aux formations politiques ont lancé la campagne électorale. Avis partagé par le politologue Avinash Munowar, invité de l’émission ‘Au Cœur de l’info’ du mardi 10 septembre 2019. Il était aux côtés d’Alexandre Pougnet, jeune politicien. Animée par Jean-Luc Émile et Ruzayna Beegun, l’émission était centrée sur le message du pape et les jeunes.

Avinash Munowar estime que le pape François a lancé un défi. « Le parti politique qui arrivera à gagner les prochaines élections est celui qui arrivera à relever ce défi. C’est-à-dire l’élimination de la corruption et du déphasage des politiciens avec la jeunesse mauricienne avec une réconciliation autour d’un projet de société. On ne veut plus voir de la politique partisane avec des dossiers et des discours qui critiquent les adversaires. À présent, le souhait de la nation mauricienne est de voir une vraie politique sociétale. La venue du pape en est l’élément déclencheur », a expliqué le politologue. 

Les Mauriciens ont été agréablement surpris par l’humilité du chef religieux, a expliqué Avinash Munowar. « Une image forte à laquelle les jeunes ne sont pas habitués. Le pape François, qui est un chef religieux, a utilisé une voiture simple, il s’est assis devant, tandis que tout le cortège des ministres était composé de berlines. Cela démontre le déphasage de nos politiciens avec ceux qui se retrouvent au plus bas de l’échelle », a affirmé le politologue.

Même constat de la part d’Alexandre Pougnet, jeune politicien. « Ce déphasage fait que les jeunes ne s’intéressent plus à la politique, ceux qui s’y intéressent font face au déni des politiciens traditionnels.  On ne nous écoute pas, nos idées ne sont pas prises en considération. Nous sommes découragés », tient à préciser Alexandre Pougnet qui précise que « les jeunes veulent de la transparence, mais surtout des actions contre les politiciens qui fautent ».

Raison pour laquelle, dit-il, 68 % de ceux qui s’abstiennent de voter sont des Mauriciens âgés de 18 à 35 ans. Tenant compte que 40 % de la population ne vote plus. « C’est une mauvaise pratique, si vous voulez du changement, allez voter pour des candidats, pas pour les partis. Il faut cesser cette pratique de voter ‘bloc’ », ajoute le jeune politicien.

Olivier L’Etang, membre de la Pastorale des jeunes, fait un constat similaire. Les politiciens n’écoutent pas suffisamment les jeunes, avance-t-il. « Ils pensent que nous ne savons rien, alors que les jeunes savent très bien ce qui se passe autour d’eux. Nous demandons juste ceci : écoutez-nous, donnez la chance aux jeunes, nous avons des idées valables même si nous n’avons pas d’expérience dans le domaine. »