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Le Dr Tauckoor Luxmi de la Harm Reduction Unit : «Il faut des centres de désintoxication ainsi qu’un personnel formé»

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« Comment sortir de l’enfer de la drogue synthétique ? ». C’était le thème de l’émission Au cœur de l’info, animée par Nawaz Noorbux, sur Radio Plus vendredi. Lors de son intervention, le Dr Tauckoor Luxmi, addictologue au sein de la Harm Reduction Unit du ministère de la Santé et du bien-être, a fait comprendre qu’il y a des centres à travers le pays, mais qu’il n’y a pas suffisamment de personnel qualifié dans ce domaine spécifique.

« Il faut des centres de désintoxication et de réhabilitation pour traiter les patients ayant une dépendance à la drogue synthétique, ainsi qu’un personnel formé. Le gouvernement est en train de créer davantage de centres de désintoxication pour la prise en charge de personnes souffrant d’addiction. Un centre vient tout récemment d’être créé à l’hôpital Yves Cantin de Rivière-Noire afin de faire face à la demande dans l’Ouest du pays. Le ministère est en train de recruter des médecins qui sont disposés à travailler au sein de la Harm Reduction Unit. Une vingtaine de médecins ont d’ailleurs été embauchés depuis le début de l’année, et 50 % d’entre eux ont suivi une formation spécifique avec l’addictologue réunionnais David Mété. Ils ont reçu leurs diplômes cette année », a expliqué le Dr Tauckoor Luxmi, addictologue au sein de la Harm Reduction Unit du ministère de la Santé et du bien-être, lors de son intervention. 

José Ah-Choon.
José Ah-Choon

Ce dernier a ensuite rappelé que le ministère fournit un service de psychothérapie, comprenant des thérapies familiales et de groupe lors des sessions de réhabilitation. « Nous faisons nos thérapies avec les moyens du bord. Le personnel est motivé et nous le formons pour qu'il puisse traiter diverses pathologies », précise-t-il.

Revisiter la stratégie de sensibilisation

Y a-t-il suffisamment de psychologues et de professionnels pour travailler avec les patients toxicomanes ? « Deux psychiatres font de leur mieux, ainsi que quatre psychologues. Ces derniers doivent être formés pour traiter les patients souffrant de problèmes d’addiction. Nous manquons de cette compétence spécifique », souligne le Dr Tauckoor Luxmi. Il estime qu’il faudrait peut-être revoir le programme de prévention et la stratégie de communication. 

Dr Siddick Maudarbaccus.
Dr Siddick Maudarbaccus. 

Le Dr Siddick Maudarbocus partage cet avis et suggère de revisiter la stratégie de sensibilisation en misant sur la technologie. « Il faut approcher les influenceurs afin qu'ils puissent transmettre des messages profonds et poignants sur les réseaux sociaux, plutôt que de mener des campagnes de sensibilisation d'une journée », propose-t-il. Le Dr Tauckoor Luxmi abonde également dans ce sens.

Plus de 60 000 jeunes drogués

Selon le travailleur social José Ah-Choon, « plus de 60 000 jeunes sont des consommateurs de drogue de synthèse dans le pays ». « Les autorités sont impuissantes face à la situation. Personne n’est épargné par ce fléau, même les enfants de VVIP sont accros à la drogue synthétique », déplore-t-il. José Ah-Choon affirme également que les trafiquants incorporent des substances inconnues, allant même jusqu’aux ordures, dans ces drogues. 

Cependant, le Dr Tauckoor Luxmi nuance ces propos. « Nous ne disposons pas de données confirmant qu'il y aurait environ 60 000 jeunes accros aux substances synthétiques dans le pays », rétorque-t-il. L’addictologue indique néanmoins qu’environ 100 patients sont désintoxiqués chaque année dans les divers centres à travers le pays.

Pression des pairs, ennui…

Selon le Dr Tauckoor Luxmi, les jeunes sont souvent influencés par les réseaux sociaux, la pression des pairs et l’ennui. « Le taux de réussite des traitements est de 50/50. La réhabilitation et les séances de conseil sont deux éléments très importants pour éviter les rechutes. En cas de rechute, il est impératif de contacter le ministère », explique-t-il. 

José Ah-Choon souligne pour sa part que « la toxicomanie est une maladie incurable ». « La police devient impuissante face à cette ampleur. ‘Ena landrwa pe met lake pou aste sintetik. Ena zanfan pe servi kouma mul ek pe gayn 1 000 roupi par zour », fait-il ressortir. 

Protocole de traitement

Le Dr Siddick Maudarbocus, fondateur et directeur de « Les Mariannes Wellness Sanctuary », soutient que toutes les personnes souffrant d’addiction portent un lourd passé. « Toutes les drogues ont un protocole de traitement, mais ce n'est pas le cas pour les drogues synthétiques. La thérapie psychologique démarre quelques jours après l’admission. Le dialogue est la meilleure approche. Nous avons failli sur de nombreux points : les enseignants, les parents. La drogue reste un sujet tabou », affirme-t-il. 

Les substances synthétiques sont-elles plus addictives ? « En 2023, le site de l’UNODC (United Nations Office on Drugs and Crime) a répertorié 1 240 drogues synthétiques disponibles dans plus de 140 pays à travers le monde », indique le Dr Tauckoor Luxmi. L’addictologue avance par ailleurs qu’une nouvelle substance synthétique est créée chaque semaine dans des laboratoires clandestins. 
 

 

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