La perfide Albion

La bataille pour la souveraineté des Chagos prend une nouvelle tournure. Alors que Maurice commençait à croire dans la bonne volonté des Britanniques en ouvrant des discussions, c’est un coup de poignard qu’ils nous ont planté dans le dos.

Mercredi, le gouvernement britannique est venu « set the record straight », comme dit l’Anglais. à la Chambre des Communes, Joyce Anelay, est venue clairement affirmer que les Chagos sont britanniques et le resteront tant qu’ils en décideront ainsi.

Pas question de céder un pouce à Maurice tant que Diego Garcia sera utilisée à des fins militaires par les états-Unis. Et pour bien enfoncer le clou, les Britanniques précisent qu’ils renouvelleront le bail des Américains ce 31 décembre jusqu’en 2036. En d’autres mots, il ne faudra rien attendre de la part des Britanniques pour au moins les 20 ans à venir.

Cette posture complique bien les choses. La seule issue possible semble donc d’enclencher les procédures devant l’Organisation des Nations unies pour demander un avis consultatif sur la question à la Cour Internationale de justice sans attendre la fin du délai. Délai bienveillamment accordé par le gouvernement mauricien, qui a donné jusqu’à juin 2017 aux Britanniques pour trouver un consensus.

Le lion britannique semble s’être réveillé et être prêt pour le combat. Plus que les mots, il y a les actes. Dans sa tactique de « divide & rule », le gouvernement britannique cherche à affaiblir la revendication mauricienne en s’achetant l’allégeance des Chagossiens. Pour Maurice, sans ces derniers à ses côtés, le combat devient quasiment vain.

Et les Britanniques ont fixé un prix sur leurs têtes : 40 millions de livres sterling sur dix ans, et cela sans droit de retour sur les terres d’où ils ont été expulsés manu militari entre 1968 et 1973. Les quelque 10 000 Chagossiens, éparpillés majoritairement entre Maurice, les Seychelles et la Grande-Bretagne, ne valent donc pas plus que Rs 2 milliards sur dix ans. Après la déportation, le mépris d’une compensation dérisoire venant avec plus de 40 ans de retard...

La réaction d’indignation et de révolte exprimée par les Chagossiens est très louable. Elle mérite d’être applaudie, car elle démontre que la dignité d’un peuple n’a pas de prix.