La leçon américaine

Ils étaient très peu à avoir prédit, un an de cela, que Donald Trump deviendrait le nouveau locataire de la Maison Blanche à partir de janvier. La risée de l’establishment politique américaine jusqu’à tout récemment, il a pu se hisser jusqu’à Washington avec des discours populistes, teintés de racisme, de sexisme et de xénophobie, et des positions controversées.

Les électeurs lui ont pardonné ses multiples frasques, ses mensonges et ses demi-vérités, tout comme ses multiples échecs personnels, car il leur a soufflé dans l’oreille ce qu’ils voulaient entendre, ce qu’ils avaient besoin d’entendre.

Cette élection présidentielle américaine est une excellente leçon pour tout le monde, y compris pour nos politiciens. Si Trump a pu s’imposer facilement sans aucune expérience politique, c’est surtout parce qu’il a su exploiter la rage et la colère de ceux qui se sentaient oubliés par la classe politique.

En matière de populisme, on n’a pas à se plaindre. À chaque élection mauricienne, nos leaders parviennent à faire ressortir les sentiments les plus primaires des électeurs. À ce niveau, le milliardaire américain n’a aucune leçon à nous donner.

Par contre, tout comme l’establishment politique américain, une fois les élections terminées, nos politiques se renferment dans leurs salons cossus et leurs berlines ronflantes. Qu’on le veuille ou non, nos leaders d’aujourd’hui sont déconnectés de la réalité de ceux qu’ils sont censés servir. C’est valable pour le gouvernement du jour mais aussi pour l’opposition. Les ambitions personnelles passent avant les aspirations du peuple.

Alors que Maurice gagne en richesse, nombreux sont ceux qui doivent se contenter de regarder depuis le bas-côté. Même la classe moyenne doit lutter avec des fins de mois de plus en plus difficiles.

La politique déçoit. Une frange importante de la population ne se retrouve plus dans les discours et les décisions des élus. Cela ouvre la voie à de nouvelles forces et à une démocratisation du monde politique et ne peut être que positif. La diversification ne peut qu’apporter des couleurs à la démocratie.

Ce vide sidérant laissé par nos politiques peut aussi ouvrir la voie à un Trump local.