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Johanne Rannoojee : «Il faut oser sortir des sentiers battus»

Johanne Rannoojee, spécialisée en communication et relations publiques, est maman de deux enfants.

À 28 ans, Johanne Rannoojee souligne que chaque femme et chaque homme ont un rôle à jouer dans l’édification de la société. Pour elle, la résilience est dans l’ADN des Mauriciens.

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Comment définir une femme forte ? À cette question, Johanne Rannoojee, 28 ans, répond : « Je crois fermement que chaque femme que nous croisons dans la rue, et dont nous ne connaissons pas l’histoire, est forte à sa manière. » Les femmes qu’elle admire, ajoute cette spécialiste en relations publiques diplômée en sciences politiques de l’université de Pune, en Inde, ont trois caractéristiques essentielles : la capacité à transformer les épreuves de la vie en enseignements, des épaules solides sur lesquelles s’appuyer, et un cœur d’or qui guide leurs actions et leurs paroles.

Johanne Rannoojee en sait quelque chose, ayant elle-même été élevée par une femme forte. Elle garde en mémoire l’image d’une mère à la fois débrouillarde et patiente. « Danièle, ma maman, nous emmenait en bus, ma sœur et moi, chaque samedi, au Centre culturel Charles Baudelaire. Elle nous impliquait dans les tâches ménagères, dans la gestion des factures, dans les prises de décisions et dans les discussions familiales. Cela nous a inculqué le sens des responsabilités dès notre plus jeune âge et a nourri notre esprit critique, peut-être un peu trop par moments ! »

Aujourd’hui, Johanne Rannoojee affirme qu’elle découvre une nouvelle facette de sa mère, plus posée. « Elle me rappelle quotidiennement l’importance de lâcher prise et des valeurs essentielles de la vie. »

La jeune femme est profondément reconnaissante à sa mère pour lui avoir transmis très tôt cet amour des langues et de l’écriture. « J’ai fait de cette passion mon métier. Ma mère m’a ouvert les portes de ce monde. Je ne serais pas la personne que je suis aujourd’hui si elle n’avait pas pris soin de nous initier à la lecture dès notre plus jeune âge. »

Johanne Rannoojee souligne également l’influence positive des femmes issues d’horizons divers, qui l’ont entourée à chaque étape de sa vie. Elles sont, pour elle, une source constante d’inspiration.

Si les femmes fortes ont un rôle essentiel à jouer dans la société, Johanne Rannoojee est d’avis que chaque femme, et chaque homme, sont appelés à contribuer à son édification. « J’entends souvent des femmes dire que la politique est un domaine corrompu, réservé aux copains et aux hommes. Pourtant, elles possèdent cette capacité unique de rassembler, d’innover et de faire entendre les voix souvent ignorées. Ce sont précisément ces qualités dont nous avons besoin pour progresser en tant que peuple. Et le soutien des hommes dans cette quête est fondamental. »

Johanne Rannoojee confie avoir invité des amis à participer à des débats sur une multitude de sujets. Les réponses sont souvent similaires : « Je ne suis pas sûre que mon opinion compte vraiment » ou « Je ne suis pas suffisamment compétente dans ce domaine ». Selon elle, ces attitudes affectent l’estime de soi des femmes. « Pourquoi leur opinion ne serait-elle pas importante ? Parfois, il est nécessaire de se pousser, d’oser sortir des sentiers battus, et se rappeler que nos paroles ont du poids et que nos expériences sont précieuses. » 

Et bien qu’elle concède les défis quotidiens que doivent affronter les femmes, Johanne Rannoojee rappelle qu’un simple regard en arrière révèle l’évolution des droits et des opportunités féminins, bien plus vastes aujourd’hui qu’ils ne l’étaient au siècle dernier. « Leurs rôles se sont considérablement diversifiés. De nos jours, les attentes envers les femmes s’étendent à tous les domaines de la vie. »

Cependant, la multiplicité des attentes qui pèsent sur les femmes est impossible à combler, dit-elle. « Il est impératif de réexaminer les attentes de la société envers les femmes, ainsi que notre perception du travail et de la famille, afin que chacun puisse réellement s’épanouir. »

Dans le même temps, elle avoue qu’être à l’écoute de son corps et de son esprit peut être une tâche difficile pour une femme, surtout dans ce monde trépidant. « Trouver le temps pour se ressourcer, faire le point et prendre du recul est essentiel. C’est souvent plus facile à dire qu’à faire. Une des méthodes que j’ai trouvées pour répondre à ce besoin est de m’entourer d’autres femmes et d’amies avec qui partager nos expériences. »

Les réseaux sociaux représentent aujourd’hui des plateformes pour dialoguer avec des femmes à travers le monde. « Ce sont des forums permettant aux femmes d’échanger et de partager librement leurs expériences. Je crois fermement que nous avons énormément à apprendre les unes des autres et que ces cercles sociaux, qu’ils soient virtuels ou physiques, peuvent contribuer à libérer la parole et à renforcer l’affirmation des femmes », estime Johanne Rannoojee.

Quel est son avis sur la résilience ? Elle observe que depuis la pandémie de COVID-19, ce terme est omniprésent dans nos discours, nos conversations et les articles de presse. « Je me suis souvent interrogée sur sa véritable signification. Je découvre que ce concept est ancré dans l’ADN des femmes et des hommes de notre pays. »

Il n’en demeure pas moins que cultiver la résilience nécessite d’abord une compréhension des multiples défis auxquels sont confrontées les personnes de tous âges, de toutes classes sociales et de toutes communautés. « Pour progresser, il est essentiel d’aller à la rencontre de l’autre en laissant de côté nos jugements. »

Son message 

« À l’occasion de la Journée internationale des droits de la femme, mes pensées vont tout particulièrement aux Palestiniennes qui endurent les terribles conséquences d’une occupation prolongée. Je ne saurais oublier non plus toutes les femmes victimes des conflits armés à travers le monde. Une pensée spéciale également aux Chagossiennes, véritables piliers de leur peuple. J’encourage vivement les Mauriciennes à se plonger davantage dans l’histoire des figures féminines emblématiques de notre passé, de notre présent et de notre avenir. D’Anna du Bengale à nos mères et aux femmes de ma génération, chacune a joué un rôle crucial. Je pense notamment à deux amies, Pawena Kaniah dont j’admire la franchise, et Mélanie Pérès, une artiste, écrivaine et femme aux multiples talents. Je suis convaincue que toutes laissent une empreinte indélébile dans notre histoire, et j’espère ardemment que l’Histoire saura leur rendre justice. »

Bio-express

Son parcours est aussi riche que varié. Johanne Rannoojee a exploré différentes facettes de la communication allant de chargée de communication pour des ONG et des start-up mauriciennes, à des missions récentes dans le monde de la diplomatie. Passionnée par la danse, la lecture et l’écriture, cette jeune mère de deux enfants embrasse chaque opportunité pour donner vie aux idées et mettre sa plume au service de causes importantes. 

 

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