Nous sommes nombreux à avoir été surpris d’apprendre la disparition d’un grand Mauricien en la personne d’Ibrahim Sheik-Yousouf, spécialiste de biochimie médicale et travailleur social infatigable.
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"18284","attributes":{"class":"media-image alignleft size-medium wp-image-30522","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"300","height":"300","alt":"Ibrahim Sheik-Yousouf"}}]]Ibrahim est l’un de ces Mauriciens à avoir donné de sa personne, corps et âme, pour faire reculer le suicide à Maurice. Il avait pris la succession de feu docteur Ibhoo Mansoor et, sous sa présidence, Befrienders devint une référence pour ceux côtoyant et titillant l’irrémédiable.
Il est difficile pour moi de parler de lui au passé, car il y a encore une semaine, il me fit appeler pour passer un moment avec lui. Et c’était un des moments des plus profonds et sacrés car votre ami vous fait sentir qu’il vous quitte, qu’il est prêt à partir et vous demande de l’accompagner…
Ibrahim se savait incurable. Lors d’une visite vers la fin de mars, avec la lucidité de scientifique, il me disait que l’on avait tout épuisé comme traitement et qu’il « accueillait la mort et la laissait faire son œuvre ». Sitôt, ces paroles prononcées, il me parla de ses rêves. Il caressait l’envie de faire un voyage au Vietnam avec Vandana et ses fils, un peu comme un dernier pèlerinage. Mais le rendez-vous avec l’autre monde a été inexorable.
Je rends grâce à Dieu, à la vie de m’avoir donné un tel ami. Nous nous voyions qu’à l’occasion mais l’on pouvait tout se dire, tout partager et surtout nous taquiner. Ibrahim était un homme sans frontières. Nous pouvions discuter de tout, politique, religion, culture, santé… L’homme connut bien des défis, des déconfitures, mais à chaque setback il en ressortait encore plus grand, plus humble, plus serviteur…
L’un de ses plus grands regrets, c’est d’avoir côtoyé la politique dans l’unique but de faire avancer la cause de la lutte contre le suicide. Ce monde-là n’était pas fait pour lui. Il fut vite désenchanté et porta en lui les stigmates d’un pestiféré car l’on lui ferma les portes et l’on fit la sourde oreille à la cause qu’il défendait, sans doute selon la logique manichéenne de la politique !
L’Île Maurice doit retrouver d’autres Ibrahim ; des hommes, des femmes, comme lui, peuvent s’oublier pour aimer et aider leurs frères, leurs sœurs aux prises avec le désespoir. Ibrahim incarnait une Espérance sans borne même face à l’inéluctabilité de la mort.
Grand Frère, merci de m’avoir donné l’occasion d’être ton ‘ti-bro’ et m’avoir permis de cheminer, ne serait-ce que quelques longues minutes en prière sur le chemin de la fin…
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