Histoires de hubs

En 1968, il était un petit territoire, perdu au milieu de nulle part. Celui-ci ne comportait que peu d’habitants. Son avenir était sombre, car sa population était peu éduquée et pauvre. Il y avait très peu de possibilités de croissance. Il aura fallu un dirigeant éclairé pour, à partir d’une matière première et surtout des idées révolutionnaires, créer une société extrêmement prospère. Vous pensez qu’on parle de notre île Maurice ? Pas du tout. On parle de Dubaï. En 1968, elle comptait 58 971 habitants. Aujourd’hui, elle en compte plus de 2,3 millions et a l’un des PIB les plus forts de la planète. Dubaï est, grâce à son port, son aéroport et sa compagnie d’aviation Emirates, l’un des principaux hubs du monde. Certes, le pétrole lui a donné un bon coup de pouce, mais ce qu’il faut surtout retenir c’est que Dubaï a parié sur le futur en diversifiant fortement son économie. Les pétrodollars pèsent aujourd’hui moins de 3 % de ses revenus. Un peu plus à l’est, on a un autre pays qui a connu un essor similaire, pétrole en moins. Singapour, l’un des quatre dragons d’Asie, est devenu en quelques décennies un autre hub incontournable. Cela grâce à son économie ouverte et axée sur les services, son port, son aéroport et sa compagnie aérienne Singapore Airlines. L’ambition gouvernementale de transformer notre port et notre aéroport en hubs régionaux, avec le coup de main de Dubaï Ports World, Singapore Airlines et l’aéroport de Changi, ne peut donc qu’être salutaire. Certes, le rêve du hub régional, point incontournable entre l’Asie et l’Afrique, ne date pas d’hier. Le mal a toujours été dans la mise en application de l’ambition mauricienne. Il y a cependant toujours un mais quelque part. Singapour et Dubaï ont autre chose en commun. C’est l’ingrédient secret qui a permis à la magie d’opérer : les deux ont banni la corruption et tout ce qu’elle amène dans son sillage. L’argent facile, le copinage, les petits tours de passe-passe et la politisation outrancière des institutions publiques du pays y ont été combattu avec succès. Nous avons la recette du succès pour ce second miracle économique, mais encore faut-il que la classe dirigeante veuille y ajouter ce fameux ingrédient secret.