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Herbert Jouan : «inacceptable et déraisonnable de créer une psychose chez les employés»

Herbert Juan, conseiller technique au ministère de l’Emploi.

Herbert Jouan, conseiller technique au ministère de l’Emploi, déplore que le spectre du licenciement plane sur les employés à chaque fois qu’une hausse salariale est demandée. C’était lors de l’émission Au cœur de l’info animée par Élodie Domun sur Radio Plus, le 27 août. 

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Le thème de l’émission était : « Nouvelle grille salariale : implications et conséquences ? ». Dans un entretien accordé à Élodie Domun, Herbert Jouan a dénoncé la manipulation des employés en leur faisant croire qu’une augmentation salariale peut entraîner leur licenciement. « Il est inacceptable de créer une psychose chez les employés en leur faisant croire qu’ils sont responsables de leur licenciement simplement parce qu’une augmentation salariale a été accordée. Ce n’est ni raisonnable ni acceptable. Ce n’est pas la première fois que nous entendons de telles accusations. Lors de la hausse du salaire minimum en janvier, nous avions également été confrontés à des affirmations similaires. »

Or, le conseiller technique au ministère de l’Emploi soutient que le taux de chômage, actuellement de 6,1 %, n’a pas été aussi bas durant ces vingt-sept dernières années. Il a aussi mis en avant les conclusions du dernier rapport intérimaire du National Wage Consultative Council. « Selon les chiffres du dernier rapport publié la semaine dernière, 22 000 emplois ont été créés en un an, de juin 2023 à juin 2024. Ce qui montre que depuis l’introduction du salaire minimum en 2018, il n’y a pas eu de répercussion sur l’emploi », estime-t-il. 

De plus, poursuit Herbert Jouan, il n’y a pas eu d’impact significatif sur le nombre de plaintes recensées par rapport à des cas de licenciement. Que ce soit au niveau du ministère de l’Emploi ou du Redundancy Board.

Intervenant au téléphone, Maya Sewnath, la présidente de SME Chambers laisse entendre que les responsables des petites et moyennes entreprises ne savent plus où donner la tête avec les hausses salariales successives. « Certaines PME ont fermé leur porte, d’autres envisagent de le faire, d’autres encore, comme moi, sont en train de préparer leur “ exit plan ”, car nous n’en pouvons plus », dit-elle. 

Selon Maya Sewnath, il faut envisager des règlements différents pour les petites et moyennes entreprises et les grosses entreprises. « Car  nous nous retrouvons à opérer dans le même climat d’affaires. Nous payons le même taux de taxe et les salaires sont alignés, c’est donc très difficile », estime-t-elle. La présidente de SME Chambers confie qu’une rencontre a eu lieu avec le ministre de l’Emploi, Soodesh Callichurn, en ce sens. « Il a certes été à l’écoute, mais il n’y a pas eu de décision prise jusqu’ici. Nous sommes dans le flou », dit-elle.

Présent sur le plateau, le syndicaliste Reaz Chuttoo de la Confédération des travailleurs des secteurs public et privé (CTSP) est d’avis qu’il serait temps d’avoir un « débat intelligent » sur la question. Car selon lui, il ne peut y avoir une disparité dans les salaires et les conditions des employés évoluant dans le même secteur et qui font le même travail. « Car lorsque nous parlons de salaire minimum qui représente la sécurité alimentaire, nous ne pouvons avoir un panier pour les employés des petites et moyennes entreprises et un autre pour les grandes entreprises », estime-t-il. 

Pour le syndicaliste, environ 100 000 employés, dont 75 % sont des femmes, figurent parmi les grands perdants de l’exercice de réajustement salarial. Leur corps de métier n’est pas régi par un Remuneration Order. « Nous avons rencontré le ministère de l’Emploi et nous avons montré comment ce réajustement a engendré de nombreux problèmes, surtout dans les entreprises dans lesquelles il y a un accord collectif. Dans certains cas, il peut même y avoir contradiction avec la loi.

Ceux dont les salaires sont importants vont en bénéficier alors que d’autres pourront ne rien avoir », fait-il comprendre. Il a annoncé une manifestation de la CTSP le 7 septembre. 

Ramesh Ramnarain, vice-président du Mauritius Trade Union Congress, estime, pour sa part, que l’exercice de réajustement des salaires pour la fonction publique n’est pas à la satisfaction des fonctionnaires. Il est d’avis que, si le Pay Research Bureau (PRB) a bien sa raison d’être, il faudrait cependant revoir ses « Terms of Reference » et son fonctionnement. « Car tenant compte de ce qui a été fait dans le passé, je ne suis pas trop d’accord avec la façon dont le PRB traite les choses », dit-il. 

 

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