Un autre drame frappe Maurice, avec quatre personnes mortes noyées. Il y a une semaine, le skipper Bert Marie a contacté notre rédaction pour évoquer son métier et les risques mortels auxquels il est exposé chaque jour. Son témoignage mérite un petit détour au regard de la triste actualité.
« Nous éprouvons beaucoup de difficultés dans notre métier de skipper. Un danger mortel guette tous ceux qui viennent visiter les lieux, particulièrement les cascades de Grande-Rivière-Sud-Ouest. » Propos de Bert Marie, 46 ans, qui, depuis 12 ans, fait visiter l’embouchure de la mythique Grande-Rivière-Sud-Est aux touristes et aux Mauriciens.
« Il est très difficile d’emmener les visiteurs vers les cascades. Il y a beaucoup de rochers qui peuvent endommager nos bateaux, nos moteurs. Il y a aussi un énorme risque pour les clients. Le bateau peut chavirer », confie Bert Marie.
« Le moteur de notre hors-bord coûte environ Rs 100 000. Toutefois, ce qui me préoccupe le plus, ce sont les vies de mes passagers. J’ai eu de la chance jusqu’ici, mais certains de mes collègues ont été moins chanceux », ajoute-t-il. Une réflexion qui prend une autre ampleur après le drame qui a frappé notre pays mercredi, et qui a vu la noyade d’une policière Urmila Mewa, 25 ans et deux enfants âgés de sept mois et quatre ans, et de Chetalsing Mungur, un policier âgé de 30 ans.
Le skipper dit avoir entamé depuis deux ans des démarches auprès des autorités concernées pour améliorer les conditions d’exercice de ses activités professionnelles. Les rochers présents à l’embouchure de la rivière représentent un danger réel, assure-t-il.
Crue subite
« Nous ne demandons pas aux autorités qu’elles enlèvent tous les rochers, mais au moins quelques-uns pour que nous puissions, avec nos embarcations, disposer d’une ligne droite pour aller vers les cascades. Cela nous facilitera la tâche. Les visiteurs courront moins de risques, surtout quand la mer est mauvaise et que la houle est forte. » Il ajoute que des officiers de la Tourism Authority sont venus sur place pour dresser un état des lieux de la situation mais ils n’ont jamais repris contact avec lui. Le niveau de risques augmente sensiblement quand la marée est basse ou quand la rivière est en crue. « Le problème, c’est qu’on ne sait pas toujours quand elle sera en crue. Cela peut arriver subitement. La GRSE mesure 40 kilomètres de long, et fait entre 8 et 20 mètres de large à certains endroits. La pluie peut tomber ailleurs, le niveau de l’eau peut monter sur les versants, loin de nous, et nous prendre par surprise. Il n’est alors pas évident de sortir de la rivière rapidement. Surtout quand le passage entre les rochers est de seulement 5 mètres de large », explique Bert Marie. L’embouchure de la GRSE accueille entre 200 et 300 touristes chaque jour, indique le skipper. Des catamarans amènent des touristes de Pointe d’Esny, Mahébourg, Trou-d’Eau-Douce, Belle-Mare et Poste-de-Flacq. Pour faciliter le passage vers les cascades, Bert Marie souhaiterait qu’il y ait une entrée et une sortie. Des passages aménagés et sécurisés. « Aux jours de pointe, on compte beaucoup de bateaux. Il peut y avoir une cinquantaine de speed boats, plus d’autres embarcations, ce qui peut porter le total des embarcations présentes en même temps à une centaine », explique-t-il. Contactée par la rédaction de Xplik Ou K, la Tourism Authority a invité les skippers à soumettre une nouvelle plainte officielle. « Voilà comment des autorités promptes à sanctionner des drames, après coup, traitent des suggestions de bon sens venant d’un professionnel, déplore Bert Marie. Combien de vie faudra-t-il encore perdre pour tenir compte de ce que disent les petites gens ? »Monique, skippeuse: «Des touristes viennent du monde entier pour les cascades»
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"18835","attributes":{"class":"media-image size-full wp-image-32268","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1280","height":"720","alt":"Monique"}}]] Monique est skippeuse depuis cinq ans.<
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Monique est, depuis cinq ans, skippeuse à l’embouchure de Grande-Rivière-Sud-Est. Elle aussi souhaite qu’un passage droit soit aménagé pour faciliter l’accès aux cascades et éviter un autre malheur. « Heureusement, que cela n’est pas arrivé jusqu’ici », déclare-t-elle (NdlR : ses propos datent de la semaine dernière).
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"18836","attributes":{"class":"media-image alignleft wp-image-32270","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"400","height":"225","alt":"GRSE"}}]]Elle rappelle que la Mauritius Broadcasting Coporation a déjà débarqué sur les lieux pour réaliser un reportage sur les problèmes rencontrés par les skippers. Sans suite cependant. Son souhait est que le gouvernement en place fasse ce que l’ancien régime n’a pas fait, vu que ce lieu historique de la GRSE est visité par des touristes venant du monde entier. «Tous veulent visiter les cascades. Il faut assurer leur sécurité », soutient-elle.
A-t-elle personnellement entamé des démarches auprès du ministère du Tourisme pour trouver une solution au problème ? Elle répond que ses collègues ont tenu des réunions et ont écrit au ministère concerné, en vain.
« L’endroit est naturellement beau, mais il y a des à-côtés qui doivent être améliorés, embellis. Comme la restauration des bâtiments historiques qui tombent en décrépitude et le ramassage des ordures qui jonchent la rive », fait-elle remarquer.
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