La pression internationale monte contre Israël, avec l'appel à une écrasante majorité de l'Assemblée générale des Nations Unies à un "cessez-le-feu humanitaire" dans la bande de Gaza, devenue "l'enfer sur terre" selon l'ONU en raison des bombardements incessants et des conditions humanitaires chaque jour plus terribles.
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Et pour la première fois depuis le début de la guerre, le président américain Joe Biden a critiqué publiquement le gouvernement israélien pour son opposition à une "solution à deux Etats" et l'a mis en garde contre une érosion du soutien de l'opinion publique mondiale à cause de ses bombardements "aveugles" sur Gaza.
Prenant le relais d'un Conseil de sécurité paralysé, l'Assemblée générale de l'ONU a réclamé mardi "un cessez-le-feu humanitaire immédiat", dans une résolution adoptée par 153 voix pour, 10 contre, et 23 abstentions. Mais le texte, non-contraignant, ne condamne pas le Hamas, une absence fustigée par Israël et les Etats-Unis qui ont voté contre.
"Pourquoi est-ce si difficile de dire sans équivoque que tuer des bébés et abattre des parents devant leurs enfants est horrible?", a lancé l'ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield.
"Le temps est venu de rejeter la faute sur ceux qui le méritent, les monstres du Hamas", a insisté pour sa part l'ambassadeur israélien Gilad Erdan, répétant que selon lui, un cessez-le-feu ne ferait que renforcer le mouvement palestinien au pouvoir à Gaza depuis 2007.
"Le message puissant de l'Assemblée générale représente un jour historique", a salué pour sa part l'ambassadeur palestinien à l'ONU Riyad Mansour.
La population dans la bande de Gaza, où 85% des 2,4 millions d'habitants ont été déplacés et des quartiers entiers détruits par les bombardements, vit "l'enfer sur terre", a lancé le directeur de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini.
Dans le sud du territoire soumis à un blocus israélien depuis plus de 15 ans et à un siège total depuis deux mois, de nouveaux raids meurtriers ont visé mardi Khan Younès et Rafah. Des frappes sur deux maisons à Rafah ont fait 24 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas.
L'armée israélienne a déclaré la guerre au Hamas après une attaque d'une violence et d'une ampleur sans précédent menée le 7 octobre contre Israël par ses commandos infiltrés depuis la bande de Gaza voisine, qui a fait 1.200 morts, en majorité des civils, selon les autorités.
Elle a promis de détruire le Hamas et son offensive à Gaza a coûté la vie à 18.412 personnes, en grande majorité des femmes et des moins de 18 ans, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Deux corps d'otages découverts
Le 7 octobre, les combattants palestiniens ont emmené aussi environ 240 otages à Gaza, où 135 sont toujours détenus, selon l'armée, après plusieurs libérations dont une centaine à la faveur d'une trêve fin novembre.
Mardi, l'armée a annoncé avoir, "durant une opération à Gaza, découvert et ramené en Israël les corps des otages Eden Zakaria et (du soldat) Ziv Dado".
Les combats au sol accompagnés de frappes aériennes font rage à Khan Younès, où s'étaient réfugiés des centaines de milliers de civils fuyant la progression des troupes israéliennes dans le nord de Gaza.
Le Hamas a fait état aussi de combats dans le centre du territoire. Et des tirs d'artillerie ininterrompus et plusieurs frappes ont ciblé la ville de Gaza (nord).
Les soldats israéliens ont lancé le 27 octobre une offensive terrestre dans le nord de Gaza, avant de l'étendre à l'ensemble du territoire. Selon l'armée, 105 soldats y sont morts dont 13 tués par des "tirs amis".
Les combattants palestiniens ont, eux, continué à tirer des roquettes en direction d'Israël dont la grande majorité ont été interceptées, selon l'armée.
"Elle était morte"
Après avoir fui leurs maisons dans le nord puis leurs abris à Khan Younès, des dizaines de milliers de Palestiniens s'abritent désormais à Rafah, plus au sud, devenue un gigantesque camp comptant des centaines de tentes montées avec des bouts de bois, des bâches en plastique et des draps.
Après une frappe nocturne qui a creusé un énorme cratère, des survivants fouillent les ruines, à mains nues ou à l'aide de pelles.
"Il reste des gens sous les décombres. La Défense civile nous aide mais nous n'avons pas assez d'équipements pour les sortir", a témoigné Abou Jazar, 23 ans.
Des blessés, enveloppés dans des couvertures, sont emmenés dans le coffre des voitures vers un hôpital de la ville. D'autres sont transportés, une fois tirés des décombres, sur de grandes couvertures tenues par des jeunes hommes qui courent au milieu de personnes couvertes de poussière.
A l'hôpital al-Najjar de Rafah, Hani Abou Jameh porte en pleurant le corps enveloppé dans un linceul blanc de sa fillette, Sidal, tuée par un éclat d'obus alors qu'elle dormait sous une tente. Autour de lui, dix corps sont alignés.
"Il y a eu un bombardement très, très fort, à trois reprises. (...) Au matin, j'ai découvert qu'elle était morte", a-t-il raconté.
Depuis le siège imposé le 9 octobre à Gaza, Israël contrôle l'entrée de l'aide internationale dans le territoire via l'unique point de passage ouvert de Rafah, avec l'Egypte.
Selon l'agence de l'ONU chargée de la coordination humanitaire (Ocha), 100 camions transportant de l'aide sont entrés depuis lundi soir via Rafah, de même que 120.000 litres de carburant, une assistance qui reste d'après elle très en deçà des besoins.
De plus, en raison des combats, l'aide est très difficilement acheminée au-delà de Rafah où la nourriture se fait rare.
Désaccord entre alliés
La guerre a fait flamber les violences en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, où les forces israéliennes ont tué six Palestiniens mardi, selon l'Autorité palestinienne.
Elle a aussi rallumé le front avec le Hezbollah libanais à la frontière. L'aviation et l'artillerie israéliennes ont bombardé des positions du mouvement chiite allié du Hamas dans le sud du Liban en riposte à des tirs d'obus sur le nord d'Israël, d'après l'armée.
L'armée israélienne a également indiqué que ses avions et ses chars avaient frappé plusieurs installations militaires en territoire syrien, également en riposte aux tirs contre Israël.
Alors que les Etats-Unis ont apporté un soutien sans faille à Israël dans sa guerre contre le Hamas, Joe Biden a signalé mardi des désaccords avec son allié.
Le président américain a souligné qu'à l'heure actuelle, Israël avait le soutien de "la majeure partie du monde". Mais il a lancé l'avertissement suivant: "Ils sont en train de perdre ce soutien avec les bombardements aveugles qui ont lieu."
A propos du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le démocrate de 81 ans a dit: "C'est un bon ami mais il faut qu'il change", or "ce gouvernement en Israël fait qu'il est très difficile pour lui de changer", selon une retranscription de ses propos transmise par la Maison Blanche.
Dans une déclaration commune, les Premiers ministres canadien, australien et néo-zélandais se sont déclarés "alarmés par la diminution de l'espace de sécurité pour les civils à Gaza". "Le prix à payer pour vaincre le Hamas ne peut être la souffrance continue de tous les civils palestiniens", ont-ils ajouté.
© Agence France-Presse
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