L'Arabie saoudite accueille ce week-end les dirigeants arabes et le président iranien pour deux sommets consacrés à la guerre entre Israël et le mouvement palestinien Hamas, qui fait craindre une escalade régionale.
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Les réunions d'urgence de la Ligue arabe et de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) se tiennent samedi et dimanche à Ryad, un peu plus d'un mois après le début de la guerre. Celle-ci a fait plus de 10 000 morts à Gaza dont plus de 4 300 enfants, selon le ministère de la Santé du gouvernement Hamas dans le territoire palestinien assiégé.
En Israël, au moins 1 400 personnes sont mortes, essentiellement des civils tués le jour de l'attaque, tandis que 239 personnes ont été enlevées et emmenées dans la bande de Gaza.
Israël, qui dit vouloir anéantir le Hamas, poursuit son offensive à Gaza et refuse un cessez-le-feu tant que les otages n'auront pas été libérés.
Face à la colère qui monte après la mort de plus de milliers de personnes à Gaza et au risque de déstabilisation régionale, susceptible de menacer ses projets de diversification économique, l'Arabie saoudite, comme ses voisins, "craint (...) une escalade plus large", souligne Elham Fakhro, du cercle de réflexion londonien Chatham House.
"La poursuite des violations flagrantes et injustifiées du droit international contre le peuple palestinien frère (...) aura des répercussions graves sur la stabilité de la région", avait prévenu Ryad fin octobre.
Les Emirats arabes unis et Bahreïn ont normalisé leurs relations avec Israël en 2020 dans le cadre des accords d'Abraham négociés par les Etats-Unis, tandis que l'Arabie saoudite, qui ne reconnaît pas Israël, a engagé des discussions dans le même sens, avant de les suspendre au début de la guerre.
Ces trois pays du Golfe, qui entretiennent une étroite coopération sécuritaire avec les Etats-Unis, allié indéfectible d'Israël, "sont très inquiets", a souligné Mme Fakhro lors d'une table ronde du Arab Gulf States Institute à Washington.
Car ils craignent "d'être pris pour cible par des groupes pro-iraniens qui chercheraient à riposter à Israël et les Etats-Unis" pour l'offensive israélienne à Gaza, a-t-elle expliqué.
Participation de Raïssi
L'Arabie saoudite, qui abrite les sites les plus saints de l'islam, a toujours affiché son soutien à la cause palestinienne et condamné la violence contre la population civile.
Mais pour l'analyste saoudien, Sulaiman al-Oqaily, le sommet arabe doit absolument aller au-delà d'une simple condamnation et "déboucher sur un cadre permettant de faire pression sur Israël afin qu'il arrête la guerre".
Les sommets consécutifs à Ryad pourraient marquer le début d'un engagement diplomatique plus médiatisé du royaume, qui "essaie de se placer stratégiquement au-dessus de la mêlée", selon Bader al-Saif, de l'université du Koweït.
Ryad "essaie de se positionner pour l'étape d'après", en tentant de faire avancer ses propres intérêts mais aussi le processus de paix israélo-palestinien, a-t-il expliqué, des experts n'excluant pas une reprise des discussions en vue d'une normalisation avec Israël après la guerre.
La participation attendue du président iranien Ebrahim Raïssi au sommet de l'OCI dimanche, devrait également braquer les projecteurs sur cette organisation qui réunit 57 pays à majorité musulmane, allant de l'Asie à l'Afrique.
Il s'agira du premier voyage du dirigeant iranien en Arabie saoudite depuis l'annonce en mars d'un accord surprise, négocié par la Chine, rétablissant les relations entre Ryad et Téhéran après sept ans de rupture.
La République islamique soutient non seulement le Hamas et le Hezbollah libanais, en conflit avec Israël, mais aussi les rebelles Houthis du Yémen en guerre contre une coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite depuis 2015.
Les deux poids lourds du Moyen-Orient s'accordent toutefois à soutenir publiquement les Palestiniens, comme l'a souligné le premier appel entre Ebrahim Raïssi et Mohammed ben Salmane, prince héritier et dirigeant de facto de l'Arabie saoudite, le 12 octobre, cinq jours après le début de la guerre.
Pour l'analyste saoudien Aziz Alghashian, des déclarations fortes de l'OCI pourraient montrer que le soutien aux Palestiniens dépasse le Moyen-Orient, et que les pays non occidentaux "n'adhèrent plus à la version américaine et occidentale" du conflit.
© Agence France-Presse
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