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A Gaza, la trêve et l'espoir de "rentrer à la maison"

Aux premières lueurs du jour, alors même que la trêve avec Israël n'était pas encore entrée en vigueur dans la bande de Gaza, des milliers de déplacés se sont pressés vendredi sur les routes du sud du territoire pour "rentrer à la maison".

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Depuis 48 jours, les frappes étaient incessantes sur le territoire palestinien: bombardements aériens, tirs d'artillerie, salves des chars postés à la frontière à l'Est, frappes depuis les navires de guerre à l'Ouest... Et elles se sont même intensifiées mercredi et jeudi, selon l'ONU.

Avec la trêve de quatre jours, qui prévoit la libération d'otages israéliens en échange de prisonniers palestiniens, plus aucun tir ne résonnait vendredi matin à Khan Younès et à Rafah, dans le sud du petit territoire assiégé.

Mais le fracas de la guerre a été remplacé par les klaxons des embouteillages et les sirènes des ambulances qui tentent de se frayer un chemin au milieu des déplacés quittant en masse des hôpitaux et des écoles où ils avaient trouvé refuge.

Hayat al-Mouammar, 50 ans, est pressée. Elle s'arrête à peine pour lancer à l'AFP: "je rentre à la maison" dans le sud-est de Gaza.

"On était dans une école, près de l'hôpital Nasser, on fuyait la mort, la destruction et tout ce qui se passe", lâche-t-elle, la voix étranglée. "Je ne comprends toujours pas ce qui nous est arrivé, pourquoi nous ont-ils fait ça?".

Le 7 octobre, le Hamas, au pouvoir à Gaza, a mené une attaque d'une violence inédite en Israël, tuant 1.200 personnes, en majorité des civils, selon les autorités israéliennes et capturant environ 240 otages.

- "Confiance" -
Depuis, la vie des 2,4 millions de Gazaouis a basculé: près de 15.000 personnes, aux deux tiers des femmes et des enfants, ont été tués par les bombardements, selon le gouvernement du Hamas.

Plus de la moitié des logements ont été endommagés ou détruits selon l'ONU et 1,7 million de personnes déplacées. Et vendredi, beaucoup n'ont qu'une hâte: retourner voir s'ils ont encore un toit.

Un homme âgé passe, un sac sur l'épaule. La voix enrouée, il dit avoir "confiance car c'est la trêve" et rentre enfin "au village", à Khouzaa, à l'est de Khan Younès le long de la frontière avec Israël.

Autour, des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants marchent, s'entassent dans des voitures ou se laissent porter sur des carrioles.

Mais des tracts lancés depuis les airs par l'armée israélienne préviennent: "la guerre n'est pas encore finie".

L'armée considère que le tiers nord du territoire, où se trouve la ville de Gaza, est une zone de combat et ordonne à tous les civils d'en sortir. "Revenir dans le Nord est interdit et très dangereux!!!", prévient le tract.

Ghadi Salamat, lui, réfléchit à repartir. "On en a marre d'être ici, c'est pas une vie. On espère qu'on pourra retourner à Gaza-Ville, même si c'est pour installer une tente dans les décombres de ma vie", dit-il.

- Pain et carburant -
Oum Ibrahim Asfour, elle, a retrouvé ce qu'il reste de sa maison à Abassan, près de Khan Younès. "C'est comme s'il y avait eu un tsunami, comment l'homme peut-il faire ça?", lance-t-elle à l'AFPTV au milieu de son salon dévasté, en jellaba jaune et voile noir.

Abou Qoussaï, les trais tirés, ne veut surtout pas rentrer à Gaza. "C'est une ville fantôme. Quand on en est partis, il n'y avait déjà plus que des décombres", martèle-t-il.

"Pourquoi j'irais là-bas? Pour voir ma maison détruite? Pour voir les corps de mes cousins morts? Pour avoir froid dehors?".

Khaled al-Halabi, jogging noir et sacoche en bandoulière, aimerait "pouvoir aller voir (sa) maison" mais il n'ira pas dans le Nord. Au moins, affirme-t-il à l'AFP, avec cette trêve, "on va enfin respirer après 48 jours".

"Des biens vont entrer parce qu'on ne trouve plus de pain, de carburant ou de nourriture", se réjouit-il, alors qu'au terminal de Rafah, point de passage avec l'Egypte, les premiers camions passent.

Du carburant est arrivé et les belligérants ont promis aux médiateurs qatari, américain et égyptien que "200 camions d'aide passeront chaque jour".

Raëd Saqer, déplacé à Rafah, veut y croire. "Il nous fallait ces jours de trêve pour pouvoir soigner les blessés, pour que les gens puissent se remettre un peu, parce que les déplacés du Nord vivent une tragédie innommable", dit-il.

"On espère que c'est la première étape vers un cessez-le-feu définitif".

© Agence France-Presse

 

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