La situation est de plus en plus dramatique pour les hôpitaux du nord de la bande de Gaza, où deux bébés prématurés en soins intensifs sont morts samedi faute d'électricité selon Médecins Sans Frontières, à proximité des violents combats entre soldats israéliens et combattants du Hamas.
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Des dirigeants arabes et musulmans ont appelé à un cessez-le-feu, également réclamé par des milliers de manifestants en Europe, sur fond de craintes d'un élargissement du conflit après une passe d'armes entre Israël et le Hezbollah libanais.
Dimanche, au 37e jour de guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement palestinien Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, 20 des 36 hôpitaux de la bande de Gaza sont "hors service" selon le bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha).
Le chef de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, s'est alarmé tôt dimanche d'avoir "perdu le contact" avec ses interlocuteurs à l'hôpital al-Chifa de Gaza-ville, le plus grand du territoire, objet d'"attaques répétées".
Des explosions et des échanges de tirs nourris à Gaza-ville, dans le nord de ce territoire palestinien de quelque 360 km2 contrôlé par le Hamas depuis 2007, sont visibles sur des images de l'AFP.
"Bombardements incessants"
Israël a déclaré une guerre au Hamas après l'attaque menée par ses commandos, pour "éradiquer" le mouvement.
Depuis, les bombardements israéliens ont fait 11.078 morts côté palestinien, essentiellement des civils, parmi lesquels 4.506 enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas, dont le dernier bilan remonte à vendredi.
Côté israélien, au moins 1.200 personnes ont été tuées, en majorité des civils le jour de l'attaque du Hamas, classée "organisation terroriste" pour Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne. Quelque 240 otages ont été emmenés à Gaza, selon l'armée israélienne qui a perdu 42 soldats depuis le lancement de l'offensive terrestre le 27 octobre.
Les combats ont lieu au cœur de la ville de Gaza, où se trouve selon Israël le "centre" de l'infrastructure du mouvement islamiste, retranché dans un réseau de tunnels.
Plusieurs organisations internationales s'inquiètent du sort des hôpitaux. Médecins Sans Frontières (MSF) a rapporté des "bombardements incessants" sur les hôpitaux de Gaza-ville. L'hôpital al-Chifa a été "touché plusieurs fois, y compris la maternité".
Deux bébés prématurés "sont morts parce que leur incubateur ne fonctionnait plus, il n'y avait plus d'électricité", a raconté le Dr Mohammed Obeid, chirurgien de MSF au service néonatal, dans un message diffusé par l'ONG sur le réseau social X.
Son service abrite une quarantaine de nouveau-nés prématurés, dont 17 en soins intensifs, a-t-il dit.
Evacuation des bébés
"Un autre patient adulte est mort parce que son respirateur artificiel s'est arrêté" faute d'électricité, a-t-il ajouté, soulignant la précarité qui règne dans l'hôpital: "Il n'y a pas d'électricité, pas d'eau, pas de nourriture" dans cet établissement qui accueille 600 patients.
"Les tirs ne s'arrêtent jamais, les frappes aériennes sont incessantes comme les obus d'artillerie", raconte par téléphone à l'AFP un témoin qui se trouve dans cet hôpital.
La branche armée du Jihad islamique, allié du Hamas, a confirmé que ses "combattants étaient engagés dans des affrontements violents, notamment dans les alentours du complexe d'al-Chifa", contre les soldats israéliens.
La situation dans cet hôpital est "vraiment catastrophique", a alerté Ann Taylor, la cheffe de mission de MSF dans les Territoires palestiniens.
De son côté, le directeur de l'hôpital, Mohammed Abou Salmiya, a demandé "à la communauté internationale de faire pression sur le gouvernement israélien pour qu'il cesse de viser des hôpitaux et des ambulances".
Mais l'armée israélienne a démenti samedi avoir ciblé l'hôpital, qualifiant de "fausses" les informations selon lesquelles ses troupes "encerclent et frappent" l'établissement.
Elle a en outre indiqué qu'elle allait aider dimanche "à évacuer les bébés du service pédiatrique vers un hôpital plus sûr".
Dans un nouveau communiqué diffusé dans la nuit, Mohammed Abou Salmiya a toutefois réaffirmé que "l'hôpital est totalement encerclé et les bombardements se poursuivent dans ses environs".
"L'équipe médicale ne peut travailler et les corps, par dizaines, ne peuvent être gérés ou enterrés", a-t-il ajouté.
Condamnation à Ryad
Selon le Croissant-Rouge palestinien, "des chars israéliens sont à 20 mètres de l'hôpital Al-Qods", autre établissement de Gaza-ville où sont réfugiées 14.000 personnes déplacées.
"L'hôpital est isolé pour le sixième jour consécutif à cause des bombardements incessants" qui visent "directement" l'établissement, a affirmé l'organisation.
Les autorités israéliennes répètent que le Hamas utilise les bâtiments civils comme les hôpitaux pour mener des attaques ou cacher des tunnels, ce que dément le mouvement islamiste.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a affirmé que "la responsabilité de tout tort fait aux civils incomb(ait) au Hamas", qui selon lui les utilise comme "boucliers humains".
Les multiples appels à un arrêt des combats depuis le début des opérations au sol sont rejetés par Israël et son principal allié, les Etats-Unis, estimant qu'une telle décision bénéficierait au Hamas.
A Londres, environ 300.000 personnes ont manifesté samedi pour un "cessez-le-feu maintenant". Ils étaient 20.000 à Bruxelles, 16.000 à Paris et environ 500 à Tunis.
Dans la soirée, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées à Tel-Aviv pour demander le retour des otages, en installant une longue table à manger avec plus de 200 chaises vides.
A Ryad, les dirigeants arabes et musulmans réunis en sommet extraordinaire ont condamné le "deux poids-deux mesures" dans les réactions internationales à la guerre, rejetant l'argument israélien de "légitime défense" après l'attaque du Hamas.
Le chef de la diplomatie saoudienne a fustigé "des pays qui (...) ferment les yeux sur le non-respect par Israël des bases du droit international".
Mise en garde
La communauté internationale craint une extension du conflit à la frontière entre le Liban et Israël, où les échanges de tirs sont quotidiens depuis le 8 octobre entre l'armée et le Hezbollah et visent des cibles chaque jour plus en profondeur dans les deux pays. Des frappes militaires israéliennes visent aussi la Syrie d'où le Hezbollah lance des roquettes.
Le chef du mouvement chiite, Hassan Nasrallah, a évoqué un renforcement des opérations contre Israël. Le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant l'a mis en garde, affirmant que Beyrouth pourrait subir le même sort que Gaza si le Hezbollah entraînait le Liban dans une guerre.
Plus de 90 personnes ont été tuées du côté libanais lors d'accrochages transfrontaliers, selon un décompte de l'AFP, la plupart des combattants du Hezbollah. Six soldats et deux civils ont été tués côté israélien, selon les autorités israéliennes.
L'armée israélienne a par ailleurs annoncé tôt dimanche avoir frappé des "infrastructures terroristes" en Syrie à l'aide d'avions de combat, après des tirs depuis ce territoire vers la partie du Golan annexée par Israël.
A Gaza, près de 200.000 Palestiniens ont fui ces trois derniers jours le nord du territoire via des "corridors" ouverts quotidiennement pendant des "pauses" humanitaires, pour se réfugier au sud, moins ciblé. Le terminal de Rafah, contrôlé par l'Egypte, doit rouvrir dimanche pour laisser passer des blessés, des étrangers et des binationaux, selon les autorités locales.
Pilonné sans relâche depuis plus d'un mois, le petit territoire palestinien où 1,6 des 2,4 millions d'habitants ont été déplacés selon l'ONU est plongé dans une situation humanitaire catastrophique.
Le siège total imposé par Israël depuis le 9 octobre prive la population d'eau, d'électricité, de nourriture et de médicaments.
© Agence France-Presse
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