C’est une jeune femme droite dans ses bottes qui déboule dans la rédaction du Défi Plus, prête à répondre à nos questions. L’avocate Gayle Mary Jane Yerriah, 31 ans, vient d’être nommée membre du board de l’Equal Opportunities Commission (EOC). Elle doit cette nomination, affirme-t-elle, à ses compétences et non à son appartenance au Mouvement socialiste militant (MSM).
Mais avant de se faire un nom, la jeune femme a d’abord pu compter sur la notoriété de sa mère Hilda, avouée et membre du comité disciplinaire du Mauritius Turf Club. « Ma mère, c’est mon modèle ! C’est une femme de caractère, elle est un peu l’autre face d’une même médaille, avec mon père. Lui est scientifique au Mauritius Sugar Industry Research Institute. C’est un bon équilibre pour moi », explique Gayle Mary Jane.
Enfant unique, notre interlocutrice a poursuivi ses études primaires et secondaires à l’école Beau Séjour et au Collège Lorette de Quatre-Bornes respectivement. Elle a ensuite mis le cap sur Buckingham pour des études de droit, avant de passer son examen du barreau à l’université de West England. De retour à Maurice, elle effectue son pupillage à l’étude de Mes Maxime Sauzier et Thierry Koenig, puis rejoint celle de sa mère.
Valeurs de justice
Sous la férule de cette dernière, elle acquiert le sens des responsabilités. Parfois, elle l’épaule dans le traitement de certains dossiers, mais sa première expérience au prétoire, c’est une amie qui la lui fournira dans un cas mineur, en 2013. « J’étais contente parce que j’avais gagné », lance l’avocate dont la vie, jusqu’en 2014, ressemble à un petit cours d’eau tranquille, sans aspérité. Cette année-là, elle va prendre sa carte du parti au MSM. « J’ai rejoint ce parti au moment où il n’avait aucune chance de remporter les élections générales. Ce qui m’avait séduite, c’était les valeurs de justice du MSM et la place qu’il accordait aux femmes, ce qui correspondait à mes idéaux », dit-elle. Pour cette famille où la politique n’a jamais été au menu des dialogues, l’engagement de Gayle Mary Jane ne pose aucun problème. Le raz-de-marée de l’Alliance Lepep aux élections du 10 décembre 2014 la conforte dans son choix. Si elle affirme qu’elle n’attendait aucune « récompense » des vainqueurs, la jeune avocate est quand même nommée au sein du board de l’Information and Communication Technologies Authority en avril 2015. Au sein de cet organisme, sa présence est plutôt discrète, jusqu’à sa nomination, le 2 mai dernier, à l’EOC. « Le renouvellement de la direction de cet organisme était dans l’ordre des choses car le mandat de M. Glover était arrivé à terme », explique notre interlocutrice. Quant à son engagement politique, il est sans ambiguïté : un soutien sans faille au gouvernement mais aussi une oreille attentive aux critiques constructives d’où qu’elles viennent, souligne Gayle Mary Jane Yerriah.Fan de films fantastiques
Dans un coin de sa tête, elle ne perd toutefois pas de vue les défis qui l’attendent : « J’adore les challenges ! Plus il y en a, plus je me sens prête à les relever. En justice, j’aime comprendre les motivations des grands criminels. Un jour, j’aimerais bien traiter une telle affaire », avoue la jeune femme. Parlant justice, cette semaine, elle prévoit une sortie au cinéma pour voir Batman v Superman. « Ce type de films m’est nécessaire pour évacuer le stress. Je sais que ce sont des films aux aventures improbables, mais là, l’évasion est totale. On ne pose pas de questions », conclut-elle.Profil des membres de la commission
Le nouveau président de l’EOC, Khalid Tegally, possède une longue expérience dans le judiciaire. Il y a passé 20 ans et était Senior Magistrate. Khalid Tegally a présidé pendant deux mois le Tribunal d’arbitrage permanent en 2004 avant d’être révoqué et de retourner au Tax Appeal Tribunal qu’il présidait auparavant. Il a également eu une carrière politique, ayant été député du Mouvement militant mauricien dans la circonscription no 2 de 1983 à 1987. Ceux qui l’ont côtoyé en politique évoquent un homme à la personnalité forte, qui n’hésitait pas à tenir tête même à son leader. Trois assesseurs ont été nommés pour l’épauler dans sa tâche. Ils ont également prêté serment devant la présidente de la République à 17 heures lundi. Ils se sont rencontrés pour la première fois le lendemain dans les locaux de l’EOC lors de leur première journée de travail. Outre Gayle Mary Jane Yerriah, les assesseurs sont Roy Dookhony et Ashok Shibchurn. Le premier est un ancien haut fonctionnaire, qui a notamment passé plusieurs années au ministère de l’Éducation. Quant au second, Ashok Shibchurn, Paul Bérenger a émis des réserves à son endroit. Partisan actif du MSM dans la circonscription no 10, Montagne- Blanche/Grande-Rivière-Sud-Est, il a présidé plusieurs réunions nocturnes lors de la campagne électorale de 2014. Habitant de Mont-Ida, il enseigne au New Educational College, à Bel-Air.Tegally: « Pour plus de conciliation »
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À l’Equal Opportunities Commission (EOC), les choses devraient se passer différemment de l’époque où elle était présidée par Brian Glover. Le nouveau président, Khalid Tegally, a expliqué les grandes lignes de sa méthodologie : un retour sur le principe de conciliation et l’instauration du « first-come first-served ». Finis donc les cas ‘high profile’ qui font la Une des journaux. Le nouveau président insiste également beaucoup sur la confidentialité des affaires traitées par l’EOC.
Dans les colonnes du Défi Quotidien le mardi 3 mai, Khalid Tegally a dit le fond de sa pensée sur l’ancienne équipe qui dirigeait l’EOC : « L’objectif prioritaire de la commission, c’est la conciliation, il ne s’agit pas de trancher pour le noir ou blanc. Malheureusement, la commission a manqué de sérénité ces derniers temps d’après ce que j’ai pu lire. » Mettant l’accent sur la conciliation et évoquant sa longue expérience de magistrat pour gérer au mieux les relations tendues avec la classe dirigeante, Khalid Tegally indique qu’il préfère éviter les conflits.
Quelques jours plus tard, le nouveau président s’exprime de nouveau dans les colonnes du Défi Quotidien et décrie, cette fois, ce qu’il qualifie de « queue jumping » et la priorité accordée à des dossiers « high profile », comme celui de Youshreen Choomka. «Je ne suis pas d’accord avec ce principe. J’ai été magistrat et pour moi, il n’y a ni dossier ‘high profile’ ni personnalité qui tienne. La priorité ira aux vieilles affaires. Dorénavant, il n’y aura plus de ‘queue jumping’ », s’indigne-t-il. La commission travaillera donc en priorité sur les dossiers encore en suspens depuis 2012.
Les premières informations émanant de l’EOC indiquent aussi que ses membres seront moins bavards concernant les cas traités.
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