Les participants à la ‘Fuel Strike du mardi 24 mai 2022, dans les rues de Port-Louis, seront appelés par la police. C’est ce qu’a annoncé l’Inspecteur de police, Shiva Coothen. Le responsable du Police Press Office répondait aux questions de Nawaz Noorbux et de Jugdish Joypaul dans l’émission Au Cœur de l’Info sur Radio Plus, vendredi 27 mai.
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L’inspecteur Shiva Coothen est catégorique. Le commissaire de police n’a pas été notifié sept jours avant la tenue de cette procession de véhicules, comme l’exige la Public Gathering Act. « Non seulement les procédures n’ont pas été respectées, mais la procession a été faite un mardi, soit le jour où l’Assemblée nationale siégeait. Kan Parlman sieze ou pa gayn drwa fer oken manifestasyon », soutient-il.
Néanmoins, le responsable du Police Press Office affirme que la police s’était préparée. « Les organisateurs ayant annoncé au préalable la tenue de cette manifestation, nous étions prêts afin de préserver le droit des citoyens qui devaient quitter la capitale après une journée de travail ou encore celui des jeunes qui terminaient leur cours. Il nous fallait nous assurer que tout se passe bien et que le droit de quiconque ne soit lésé », dit-il.
L’inspecteur Coothen souligne qu’une manifestation ne se limite pas à une marche dans la rue ou à la tenue d’un meeting, mais cela concerne aussi une procession de véhicules. « S’il n’y a ne serait-ce que deux véhicules qui défilent en guise de protestation, c’est illégal [si la police n’est pas notifiée », dit-il.
Interrogé sur la phrase « Lord vinn depi lao » - qui aurait été prétendument utilisée par des policiers pour justifier la charge provisoire, l’inspecteur Coothen balaie d’un revers de main ces allégations et a rappelle qu’il existe, dans la police, une hiérarchie. « Tout en haut, il y a le Commissaire de police, un poste constitutionnel et qui agit en toute indépendance. Il a le droit d’exercer ses pouvoirs et donner des directives. Il y a aussi des Deputy Commissionner of Police (DCP) à la tête de certaines unités, comme le Central Criminal Investigation Department (CCID) ou la brigade antidrogue (Adsu) et à qui le CP délègue des pouvoirs », dit-il.
Un peu plus tôt, les avocats Ravi Rutnah et Samad Golamaully, présents sur le plateau, se sont prononcés sur la perception d’un « climat de frayeur » instauré par le gouvernement à travers l’interpellation des activistes, des avocats et autres politiciens. Me Rutnah estime que la démocratie à Maurice fonctionne très bien. « Si quelqu’un souhaite tenir une manifestation, il y a des lois qu’il doit respecter. Des lois qui ne datent pas d’hier (…). S’il y avait réellement un climat de frayeur, Bruneau Laurette et l’Association des consommateurs de l’île Maurice (Acim), par exemple, n’auraient pas obtenu l’autorisation de tenir leur manifestation. Si cela se fait dans la légalité, n’importe qui peut manifester », dit-il.
Un avis que ne partage cependant pas Me Golamaully. Celui-ci se dit persuadé que « le gouvernement est en train de se servir de la police et d’autres institutions pour faire peur à la population. Si vous vous exprimez sur des réseaux sociaux ou si vous manifestez, vous courrez le risque d’être arrêtés », dit-il.
Selon lui, le Premier ministre aurait lancé une mise en garde à peine voilée sur le sujet. « Il vous demande de faire attention, car si vous êtes arrêtés, vous n’aurez plus de casier judiciaire vierge et cela peut se révéler problématique pour la recherche d’un emploi, par exemple. Qu’est-ce qu’il entend par ça ? » s’interroge-t-il.
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