Interview

François Eynaud, CEO de Veranda Leisure & Hospitality : «La drogue est une grande menace pour le tourisme»

François Eynaud

François Eynaud, hôtelier ayant trois décennies d’expérience dans le secteur, se livre sur la performance de Veranda Leisure & Hospitality. Le Chief Executive Officer du groupe, qui compte sept hôtels dans le milieu à haut de gamme et quelque 1 700 employés, passe en revue l’industrie du tourisme.

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Veranda Leisure & Hospitality (VLH) a tenu la troisième édition des « Excellence Awards » avec 12 distinctions attribuées à ses employés. Qu’est-ce qui motive un tel évènement ?
Le tourisme est une industrie dans laquelle ce sont les gens qui comptent avant tout, pas l’infrastructure. À travers les Excellence Awards, nous voulons reconnaître publiquement le travail et les efforts de nos employés. Ces derniers en sont très fiers. La remise de distinctions à chacun de nos établissements permet de comparer la performance de chaque hôtel. Cela entraîne une fécondation d’idées et de meilleures pratiques.

Le groupe a bouclé son année financière le 30 juin. Quels sont les faits saillants ?
VLH a maintenu sa performance financière en dépit d’un taux de change défavorable. La livre sterling a chuté dans la fourchette de 15 % à 17 %. L’euro a été en baisse. Des hôtels du groupe ont fermé leurs portes pour cause de rénovation. En dépit de ces facteurs, VLH a connu une légère amélioration de sa profitabilité par rapport à la précédente année durant laquelle les profits après impôts ont été de Rs 190 millions.

Quel montant a été investi dans la rénovation ?
En 2016-17, le groupe a déboursé Rs 700 millions sous cet item. L’Heritage Le Telfair et Veranda Paul & Virginie sont en rénovation depuis mai. Le Château de Bel-Ombre a connu des travaux similaires. À Bel-Ombre, nous avons effectué des travaux pour enrayer l’érosion des plages. L’Heritage Awali a été fermé le temps de rénover toutes les parties publiques.

VLH poursuivra-t-il avec sa stratégie d’acquisition d’hôtels et de contrats de gestion ?
Le groupe est engagé dans une excellente dynamique avec un très bon bilan financier et un niveau d’endettement peu élevé. Nous avons un excellent savoir-faire dans le milieu de gamme, qui est reconnu. C’est pour cette raison que nous avons décidé d’étendre la marque Veranda à Maurice et dans la région. L’hôtel Tamarin a été notre première acquisition. Nous étudions d’autres possibilités. Nous continuerons à développer la marque Heritage dans le domaine de Bel-Ombre, qui est devenu une destination touristique et golfique reconnue.

Il est de plus en plus question de la sécurité des touristes. Êtes-vous d’avis, en tant qu’hôtelier, que la situation se corse ?
Quand on parle de sécurité, elle n’a pas trait au terrorisme. On parle, en fait, de vols et de criminalité. Les statistiques de la police ne sont pas à jour car il y a beaucoup qui ne rapportent pas les vols. Nous le faisons. Mais les opérateurs privés ne le font plus parce qu’on perd beaucoup de temps à la police.

La criminalité dans le Nord, par exemple, a atteint un niveau dramatique, à tel point que certains investisseurs veulent quitter Maurice parce qu’ils se sentent menacés, eux et leur famille. Ce sont des investisseurs étrangers qui habitent dans des bungalows. Il faut donner plus de moyens à la police et qu’elle utilise plus de technologie.

Quelles sont les raisons derrière cette montée de la criminalité ?
Nous avons un problème de criminalité qui est surtout dû à la drogue. Il y a énormément de jeunes drogués qui volent. C’est une des plus grandes menaces qui planent sur le secteur. Les hôteliers rehaussent le niveau de sécurité dans les établissements. Il n’y a pas beaucoup d’intrusion. Mais le problème demeure la criminalité en dehors des murs des hôtels.

En se basant sur les données de la Banque centrale, on note que les dépenses par touriste est en infime hausse au premier semestre. Quelle est votre analyse sur cet aspect ?
Dans le cas de VLH, nous savons qu’on est en train d’augmenter notre prix moyen de manière assez importante. Maintenant que la demande est plus grande, nous pouvons majorer les prix pour se rattraper par rapport aux années précédentes. Nous sommes parmi les seuls groupes hôteliers à le faire. Quant à la moyenne nationale des dépenses par visiteur, elle est difficile à analyser parce qu’elle comprend aussi les loisirs, pas uniquement l’hôtellerie.

Le jeudi 24 août, Statistics Mauritius a indiqué qu’elle misait sur une croissance de 6,6 % des arrivées touristiques pour 2017. Est-ce réalisable ?
L’industrie progressera plus que 7 % cette année-ci. Je suis convaincu que les prochains 18 mois seront excellents. Il y a une forte demande. La desserte aérienne augmente de manière continue. Le hub d’Amsterdam avec KLM/Air Mauritius dynamisera les arrivées touristiques.

Le parc hôtelier peut-il se permettre d’autres établissements quatre-étoiles ou cinq-étoiles ?
Oui. Pendant trois ans, le pays a compté 13 600 chambres d’hôtel. Seules les infrastructures hors du circuit hôtelier – appartements, villas et bungalows – ont connu une hausse.

Maintenant, je peux recommencer à augmenter le parc hôtelier. Le ministre du Tourisme a annoncé environ un millier de chambres additionnelles sur les deux ou trois prochaines années. Du moment que ces projets sont bien sélectionnés, qu’ils sont qualitatifs et qu’ils sont bons pour la réputation de Maurice, on peut commencer à croître l’inventaire hôtelier.

 

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