L’Attorney-General et ministre de la Justice, Maneesh Gobin, se penche sur la dépénalisation de l’homosexualité et recherche l’expertise de l’Union européenne. C’est qu’il a révélé lors d’un forum-débat sur les droits de la communauté LGBT, organisé à Ébène par la National Human Rights Commission, en collaboration avec la Délégation de l’Union européenne à Maurice.
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«Je suis probablement votre meilleur ami, le seul qui puisse aider à obtenir l’amendement de la loi. Il faut cependant m’aider pendant que je suis encore ministre », a indiqué Maneesh Gobin à Nicolas Ritter, directeur de l’association PILS. Ce dernier demandait à l’Attorney-General de s’inspirer de l’Inde où la Cour Suprême a pris les devants pour dépénaliser l’homosexualité en 2018. Toutefois, Maneesh Gobin a précisé que ce verdict faisait suite à une motion déposée plusieurs années auparavant. Maneesh Gobin était l’un des cinq panelistes invités à participer à ce forum-débat, arbitré par l’ex-juge Dhiraj Seetulsing. Les autres participants étaient Najeeb Ahmad Fokeerbux, membre-fondateur de Young Queer Alliance, les Drs Linday Edouard et Conway Blake et Marjaana Sall, ambassadrice de l’Union Européenne à Maurice.
Invité à « entrer dans l’histoire », Maneesh Gobin a répondu qu’il veut prendre les opinions de tous et non pas se mettre à dos une partie de la population en promouvant une loi aussi sensible. « Il faut tenir en ligne de compte le tissu social de Maurice, il ne faut pas se voiler la face. On avance, lentement mais sûrement. On n’échappera pas à la mise en œuvre de cette loi car il y a la pression de l’opinion internationale. Je me réjouis du fait qu’il y ait un dialogue constructif mais la seule question est de savoir comment y arriver », a-t-il observé.
Pour l’Attorney-General, la loi à elle-seule ne peut pas modifier les attitudes et mettre fin à la discrimination et l’ostracisme qui frappent les personnes de la communauté LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres). « Il faut un travail de conscientisation et obtenir le consensus car ce n’est pas une question politique. En fait, ce qui peut satisfaire un groupe peut se révéler, dans le même temps, un dilemme pour le pays. Tout le monde est concerné. Pour que le changement ait lieu et pour briser la glace, j’ai besoin de tout le monde », a-t-il dit.
Commentant la Marche des fiertés, qui s’est tenue cette année, il a expliqué que « ce qui s’est passé est un concours de circonstances et cela prendra sans doute du temps pour comprendre, mais je souhaite que cela ne reproduise plus ». Revenant sur la décision de la Cour Suprême indienne, il dit attendre qu’une organisation à Maurice saisisse la justice mauricienne, comme cela s’est passé en Inde.
Cependant, pour Nicolas Ritter, c’est au gouvernement de prendre cette décision sans recourir constamment à la même argumentation fondée sur la religion. « À Trinidad et Tobago, il y a la même diversité communautaire et religieuse qu’à Maurice. Pourtant, la Cour suprême y a trouvé que les lois homophobes sont anticonstitutionnelles. Il faut cesser de se cacher derrière la religion, la véritable raison est de nature politique », a-t-il insisté.
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