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Fermeture d’usine et construction d’un « château » : une enquête réclamée sur les avoirs des Mardemootoo

Indignation et colère des employés de Future Textiles de Ram Mardemootoo depuis la mise en liquidation de l’usine. Ils prennent le ministre du Travail au rebond en souhaitant que l’enquête sur la gestion de l’usine soit étendue sur les avoirs des Mardemootoo. 

D’une pierre deux coups. C’est ce que souhaitent des employés licenciés de Future Textiles Ltd en proposant aussi une enquête sur les avoirs de Ram Mardemootoo et de ses proches. « Nous sommes jetés sur le pavé avec un avenir incertain, nos patrons (Ndlr : Ram Mardemootoo et son fils Logissen) sont en train de construire un château à Rose-Hill. C’est irréconciliable et inacceptable ! Nous vous (Ndlr : le ministre du Travail) demandons de bien vouloir initier une enquête également sur les avoirs de nos patrons. » 

Cette somptueuse maison est en construction à la rue Dr Jeetoo, à Trèfles, Rose-Hill. Selon nos recoupements, les travaux ont débuté fin 2017. C’est le 6 juillet 1995 que Ram Mardemootoo a fait l’acquisition de cette portion de terrain sur une superficie de 315,30 mètres carrés au coût de Rs 590 000. Par la suite, ce terrain a été vendu à son fils Logissen Mardemootoo, en mars 2009, pour Rs 6 millions.

La clôture est faite de pierres taillées et de briques avec un portail métallique. Une partie de la façade de la résidence des Mardemootoo est aussi en pierre taillée. Elle est érigée en face de la demeure principale qui surplombe une immense cour. 

Des ex-employés de l'usine devant le siège du ministère du Travail à Port-Louis.
Des ex-employés de l'usine devant le siège du ministère du Travail à Port-Louis.

Interrogé par Le Défi Plus, Logissen Mardemootoo, l’actionnaire principal de Future Textiles avec son père Ram, a confirmé que la maison lui appartient. « Cette maison m’appartient. » Par contre, il n’a pas voulu faire de commentaire sur la fermeture de Future Textiles. Son père, lui, demeure injoignable.

Les ex-employés se demandent comment il a pu, l’an dernier, acquérir une limousine si Future Textiles Ltd était en difficultés financières. Selon nos recherches, Ram Mardemootoo avait contracté un leasing de Rs 2,5 millions en mars 2018 auprès de La Prudence Leasing Finance pour l’achat d’un BMW 740I. Selon les données disponibles, le sexagénaire a fait un dépôt de Rs 4 millions et il doit rembourser Rs 50 223 par mois jusqu’à mars 2020.

Le ministre du Travail montre du doigt les directeurs de la compagnie Future Textiles dont Ram Mardemootoo. Le vendredi 19 avril 2019, le ministre Soodesh Callichurn a rencontré la presse à la suite d’une réunion avec les représentants des employés de l’usine. 

« La compagnie était profitable jusqu’à 2018 et l’usine n’aurait pas dû fermer ses portes, a dit le ministre Callychurn. C’est une situation qui découle d’une mauvaise gestion financière. Une enquête sera donc initiée et un inspecteur nommé pour faire la lumière sur toute cette affaire ». Il ajoute qu’il y avait des commandes à hauteur de 40 millions « qui n’ont pas été honorées ‘on purpose’ afin de créer cette situation de faillite ».

Informations troublantes

Soodesh Callichurn promet aux employés que les coupables devront en répondre devant la justice s’il s’avère qu’ils ont fauté afin qu’ils ne puissent de nouveau opérer de compagnies. « Entre-temps, le gouvernement travaille en collaboration avec les liquidateurs de PricewaterhouseCoopers afin de trouver l’argent pour compenser les travailleurs », affirme le ministre qui conseille cependant aux ex-employés de s’inscrire au Welfare Program en attendant d’être redéployés. 

Atma Shanto, syndicaliste et représentant des anciens travailleurs de Future Textiles, explique que « des informations très troublantes ont été évoquées à l’encontre du directeur de l’usine. » Il indique que c’est la troisième usine de Ram Mardemootoo qui met la clé sous le paillasson.

« On s'attend que l’enquête sera menée jusqu’au bout », ajoute Atma Shanto qui affirme qu’il y a des chiffres qui circulent à propos d’un transfert d’argent vers Madagascar. « Rs 23 millions y ont été transférées », dit le syndicaliste.

Atma Shanto (à dr.) lors de la réunion au ministère du Travail. Au centre de la photo, au fond, le ministre Soodesh Callichurn.
Atma Shanto (à dr.) lors de la réunion au ministère du Travail. Au centre de la photo, au fond, le ministre Soodesh Callichurn.

Rs 109 millions d’emprunts depuis 1991

Ram Mardemootoo était à la tête de RS Denim, RS Fashion, Future Textiles Ltd et Tex Washing & Tex Services. Ces compagnies ont toutes sombré dans la faillite. 

Depuis 1991, ce Rosehillien a contracté des emprunts  d'un montant total de Rs 109 800 000 auprès de différentes banques. Il a remboursé bon nombre d’entre eux. 

C’est le 11 avril 1991 que Ram Mardemootoo sollicite des prêts pour RS Fashion Ltd, dont Rs 5 millions de la banque Baroda. Quatre ans plus tard, soit le 29 septembre 1995, il contracte un loan de Rs 15 millions de cette même banque. Durant cette même période, l'homme d'affaires obtient un emprunt de Rs 4,8 millions de la Banque de Développement (DBM). Le 8 juillet 1997 , le patron de RS Fashion sollicite un leasing auprès de la Mauritius Leasing Company Ltd pour l’achat d’une BMW 318. L’homme d’affaires fait une requête pour un emprunt de Rs 3 millions auprès de la DBM le 5 juillet 2004 pour son usine, Mklen Fashions Ltd. 

Ram Mardemootoo est élu à l’Assemblée nationale le 3 juillet 2005. Son usine RS Denim Ltd reçoit un prêt industriel, en août 2005, de Rs 50 millions de la DBM. L’objectif : la création du Denim Manufacturing Plant à La Tour Koenig. Un an plus tard, RS Fashion Ltd reçoit une Export Loan Assistance de Rs 2 millions de la DBM. Le 14 août 2008, la même compagnie reçoit un autre prêt de la Development Bank of Southern Africa Ltd. Le montant : USD 10 millions !

Les emprunts de Mardemootoo Fils

Logissen Mardemootoo,, un des directeurs des entreprises Mardemootoo, a aussi contracté des emprunts. Le 30 juillet 2018, il sollicite la MauBank pour un prêt d’un million de roupies, alors que 13 octobre 2017, il avait demandé un prêt de Rs 4 millions de la MauBank. 

Pour le compte de Future Textiles Ltd en 2013, il contracte un loan d’un million de roupies. Le 3 mai 2012, une demande pour Rs 2 millions toujours pour le compte de Future Textiles est faite. 

Le 17 mars 2006, le fils de Ram Mardemootoo s'offre deux portions de terrain : les lots 1 et 9 du morcellement Les Résidences L5 Stanley Rose-Hill. D'une superficie de 372,84 mètres carrés (m2) et de 747,49 m², ces deux portions de terre lui coûteront Rs 1 427 400 et Rs 952 400 respectivement. Le 22 décembre 2003, Logissen Mardemootoo fera l'acquisition d'un terrain de 284,9 m² pour la somme de Rs 700 000.

Un chiffre d’affaires de Rs 160 millions pour Future Textiles Ltd

Incorporée le 10 juin 2009, la compagnie Future Textiles Ltd a comme directeur, Ram Mardemootoo. Cependant, son fils Logissen Mardemootoo, plus connu comme Kishen, possède 218 actions dans la compagnie alors que son père n’en a que deux seulement. Dans le rapport financier le 30 juin 2018, la compagnie a réalisé un chiffre d’affaires de Rs 160 959 040 ainsi qu’un profit de Rs 13 millions.

La famille Mardemootoo crée deux filiales pour Future Textiles Ltd. La première est Tex Washing and Tex Services opérant à Baie-du-Tombeau et une autre à Madagascar, soit Future Textiles Mada. 

Tex Washing croule également sous les dettes. La moitié des actions est partagée avec Bernard Maigrot. L’usine réalise un chiffre d’affaires de Rs 4,2 millions le 31 décembre 2015 et une perte de Rs 1 million.

 

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