Fashion and Design Institute : du talent à l'état pur

La créativité se stimule, elle se forge et se développe au fil des expériences.

Leurs imaginations sont en pleine ébullition et leur esprit bouillonne de créativité. Chaque année, le Fashion and Design Institute (FDI) accueille son exposition annuelle. L'occasion pour les étudiants de l'institution de faire montre de leurs talents. Nous sommes partis à la rencontre de ces talents en gerbe qui excellent dans divers domaines artistiques.

Navinkumar Ramessur : la success-story d'un quadragénaire

Il n'y a pas d'âge pour apprendre. Navinkumar Ramessur en est la preuve vivante. Cet amoureux d'architecture a toujours rêvé de devenir architecte. Il a retrouvé les bancs de l'école, il y a trois ans pour entamer son degré en architecture d'intérieur. « Lorsque j'ai fini mes cours, les études en architecture n'existaient pas à Maurice à l'époque et je n'avais pas les moyens pour me payer des études à l'étranger », confie Navinkumar.

Il raconte qu'au collège, pendant que d'autres empruntaient des livres de littérature à la librairie, lui s'instruisait sur l'architecture : « C'est un univers qui me fascinait ». Ne voulant pas délaisser son rêve, Navinkumar intègre un bureau d'architecture où il apprend les dessous du métier. Un jour, alors qu'il était en bus, il tombe sur une affiche du FDI qui organisait une journée portes ouvertes. L'institution était une des premières à Maurice à proposer des cours en architecture d’intérieur. Du haut de ses 40 ans, Navinkumar décide alors de s'inscrire fort de ses 20 années de carrière. « J'avais économisé sou par sou dans l'espoir de pouvoir un jour poursuivre mes études », ajoute-t-il.

Son expérience et sa motivation le propulsèrent au rang de premier de la classe. Misant sur un style minimaliste pour son projet, Navinkumar a choisi d'opter pour des lignes épurées avec un minimum de décorations et surtout à moindre coût. L'étudiant, créatif, choisit de ne pas se contenter seulement de dessiner et décide de mettre la main à la pâte en créant chaque meuble de son intérieur, c'est-à-dire, un musée dans son cas.

Jody Jean-Pierre pour la protection d'oiseaux endémiques

La créativité coule dans ses veines. Jody Jean-Pierre vient tout juste de finir son National Diploma en Art and Design. À 22 ans, elle respire l'art et le conjugue dans sa vie au quotidien « L'art est ma passion. Lorsque, j'ai vu que j'étais douée dans le sujet au collège, je me suis dit qu'il était important de poursuivre ma passion », raconte Jody.

Elle intègre le FDI et y apprend une nouvelle forme d'art. Du digital art en passant par la céramique, paper making, sculpture, entre autres. Pour son projet final, Jody a choisi de représenter des oiseaux endémiques en grandeur nature.

Son tableau en 3-dimensions est sur le thème Recovery of birds en faveur de la protection des oiseaux endémiques. Pour réaliser son tableau, la jeune artiste s'est munie d'objets reçus comme des bouteilles en plastique, des rouleaux de toilettes, des chutes de tissu et de vieux journaux. « J'aime les oiseaux et la nature et c'était l'occasion pour moi de défendre la cause des oiseaux », dit Jordy.

Son travail lui a pris six mois. Son rêve ? Devenir une artiste connue qui pourrait promouvoir l'art chez les jeunes. La jeune femme a pour projet de participer à Porlwi by Nature en proposant un atelier éducatif pour les enfants sur les sculptures d'oiseaux.

Scott Leung : créativité débordante

Il a une tête de premier de la classe et ce n'est pas rien de le dire. Scott Leung a la tête sur les épaules et respire la créativité. À 23 ans, il a choisi d'évoluer dans un monde féminin qui se masculinise, depuis peu.

Scott raconte avoir toujours aimé le dessin, mais c'est sa visite à l'exposition du FDI qui lui donna envie de se lancer dans le domaine. Il s'inscrit il y a deux ans au cours du Fashoin and Textile, plus motivé que jamais à poursuivre son rêve. Quelle n'a pas été sa surprise en constatant qu'il était le seul garçon de sa classe. « Cela ne m'a pas découragé pour autant, car j'ai vite pris confiance en moi », dit-il.

Scott n'avait jamais attrapé une aiguille de sa vie et, pourtant, il a vite appris la base du stylisme lors de sa première année : patronage, designing, rien ne lui faisait peur. Le jeune homme se retrouve très vite premier de la classe et se découvre une passion pour les tenues classiques. « Quand j'étais petit, je m'amusais à analyser les tenues dans les magasins.

J'étais curieux et intrigué par le travail abattu derrière », raconte Scott. Ce dernier commence par s'inspirer des pagodes puis, graduellement, développe une fascination pour les bâtiments religieux, notamment la Cathédrale de Moscou en Russie qui fait l'objet de ses inscriptions pour son projet final.

Un concept qu'il réadapte dans des tenues classiques comme des chemisiers, vestes avec doublures et pantalons. Originalité et créativité sont les maîtres-mots du premier de la classe de Fashion and Textile. Il n'hésite d'ailleurs pas à miser sur les détails avec des broderies à la main faisant penser à des broderies à la machine. Cela lui a pris trois mois pour mettre sur pied ses quatre collections composées de neuf pièces maîtresses : jupe, pantalon, robe-caftan, manteau et veste.

Vidushi Gowreesunker, inspirations orientales

À 22 ans, elle a déjà trouvé le bon filon. Impossible de ne pas s'arrêter devant ses œuvres. Vidushi créé, mais sait aussi comment mettre ses créations en valeur. Un don ou juste une passion qui lui vient depuis très jeune déjà. « Je gribouillais souvent des sketchs, puis plus tard, je donnais mes dessins à ma grand-mère pour qu'elle les reproduise », dit Vidushi.

La jeune fille voulait déjà se démarquer. C'est sa prof de dessin qui l'encourage à choisir cette filière : « Elle m'a encouragée à me rendre à l'exposition annuelle de FDI et j'ai tout de suite aimé ». Vidushi choisit un cours en Fashion and Textile. « Durant la première année, j'ai appris toute la base du stylisme ».

Durant sa dernière année, l'étudiante gagne en maturité et en expérience pendant ses placements en entreprise. Sa collection s'inspire du Red Fort. « Un jour, j'ai regardé un documentaire sur Red Fort et j'ai tout de suite été inspirée par les nuances du coucher du soleil, sur la structure de ce bâtiment unique », relate Vidushi. Toujours inspirée des couleurs chaudes et des motifs indiens et tribaux, elle choisit alors de combiner la structure du Red Fort aux arabesques asiatiques.

Elle décide de créer une collection de maillots de bain inspirée de l'histoire, de la culture et des traditions de l'Inde. « J'ai choisi de combiner le "swimwear" à l'Oriental, car ce n'est pas quelque chose de commun ». Imprimés, miroirs cassés, elle a créé une collection composée de six vêtements et six maillots de bain et paréos. Un travail de longue haleine qui lui a pris cinq mois. Vidushi a d'ailleurs déjà reçu des propositions de shooting avec un photographe professionnel qui pourrait éventuellement lui permettre de se faire connaître.

Chrissie Murden : passionnément mode !

Elle s'est toujours intéressée à tout ce qui touchait de près ou de loin à la mode. Chrissie Murden sait où elle va du haut de ses 23 ans : « Enfant, je dessinais des robes dans mes diaries ». Cette accro de la mode tient sa passion de sa maman qui, comme elle, est une vraie fashionista. « Elle a toujours été un exemple pour moi. Je ne sors jamais sans être coquette et élégante », déclare Chrissie.

En Form IV, elle choisit Fashion comme sujet et décide de changer d'école plus tard pour poursuivre son rêve. Chrissie voulait évoluer dans cet univers, rien de tel pour elle qu'intégrer le FDI. Elle débute par une ‘foundation course’ en art and design qui lui permet de développer sa créativité et son imagination. « FDI m'a ouvert la route vers d'autres horizons. J'ai pu y trouver mes inspirations et j'ai appris beaucoup plus que juste coudre ou faire un patron, j'ai appris aussi la communication, le marketing et tout ce qui est relié à la mode ».

Pour son projet, Chrissie s'est inspirée du Palais Alhambra en Espagne. « C'est un lieu que j'ai visité et qui m'a touché ». La jeune styliste sait comment apporter sa touche personnelle à ses créations et mise sur les couleurs et des designs linéaires. Elle utilise aussi des techniques comme le tie & die et l'imprimé.

Dans sa collection, elle apporte aussi sa touche d'excentrisme, surtout au niveau des manches. Un travail qui lui a pris environ deux mois et demi. Ne laissant rien échapper, Chrissie confectionne aussi ses propres bijoux orientaux avec des port de tête pour les femmes, des bracelets reliés aux bagues et même des chaussures qu'elle dessine et fait fabriquer par un cordonnier. La jeune talentueuse compte s'envoler pour l'Angleterre afin de poursuivre ses études. En attendant, elle prévoit un défilé de ses collections, d'ici novembre ou décembre.

Chetan Doutale : du talent à en revendre

Il a les yeux qui s'illuminent aussitôt qu'il commence à parler de sa passion. Lui, c'est Chetan Doutale, un jeune talentueux qui ne manque pas d'ingéniosité et qui a de la suite dans les idées. À 24 ans, il est en deuxième année de Graphic Design. Passionné de design, il découvre son talent alors qu'il était au collège : « Lorsque, je choisissais mes thèmes, je m'orientais toujours vers le design, car j'étais plus à l'aise dans ce style ».

ll commence par un diplôme en Foundation Art & Design en se spécialisant en graphique. Talentueux et créatif, Chetan est premier de sa classe et reçoit le Best Student Award. Le jeune homme puise ses inspirations de ce qui l'entoure. Amoureux de la nature, c'est lors de ses nombreuses randonnées qu'il puise ses inspirations. C'est ainsi que prend naissance son projet final lors de sa deuxième année en Graphic Design. « En me baladant dans les rayons des supermarchés, j'ai réalisé que tous les emballages des jus de fruits se ressemblaient », dit-il. C'est alors que Juke prit forme dans sa tête, une simple idée qui se concrétisa quelque temps plus tard : « Je voulais faire quelque chose de différent qui sortirait de l'ordinaire ».

De la présentation du produit en passant par les spots publicitaires et les emballages, Chetan voit germer son projet. Des emballages originaux, des couleurs frappantes, rappelant la nature, et des choix ingénieux tels que des bouteilles réutilisables. Le jeune homme a pensé à chaque petit détail. Premier de sa classe une nouvelle fois, il a déjà été approché pour concrétiser son projet. En attendant de se faire connaître, Chetan poursuit ses études et espère pouvoir un jour être entrepreneur.

Photos : Waren Marie