Eric Ng, économiste : «On peut faire dire aux chiffres ce qu’on veut»

L’économiste Eric Ng revient sur les chiffres avancés par le Premier ministre, ce 1er mai, lors du meeting de l’Alliance Lepep à Vacoas. Il relativise les annonces faites par Pravind Jugnauthsur l’économie.

« Les investissements directs étrangers (FDI) seront de Rs 13,5 milliards cette année », affirmait le Premier ministre. Il estime que cela démontre que « les étrangers font de plus en plus confiance à notre économie ». Pour l’économiste, cette donnée doit être relativisée. « Ce n’est pas forcément mieux que les autres années. Ce n’est pas un grand accomplissement surtout que 75 % des FDI vont dans l’immobilier. Nous avons besoin de FDI dans les secteurs productifs (industrie et secteurs émergents). Rs 13,5 milliards, ce n’est pas beaucoup mieux que l’an dernier », commente Eric Ng.

Sur le taux de croissance du Produit intérieur brut (PIB) estimé entre 3,8 % et 4 % cette année par le PM, selon Eric Ng il faut s’attendre à 3,8 %. L’économiste souligne qu’avec une croissance à 3,6 % en 2016, on ne peut parler de reprise de l’économie. « Il faudra attendre la fin de l’année pour voir si le secteur de la construction atteindra les 7 % de croissance annoncée par le Premier ministre. »

Chômage : Pravind Jugnauth note une baisse de 7,8 % en 2016 à 7,3 % attendu en 2017. Là aussi, Eric Ng relativise. « Le taux de chômage baisse, car la population active diminue et parce qu’on crée des emplois dans la Fonction publique. Le problème reste le chômage chez les jeunes et chez les femmes. On peut faire dire aux chiffres ce qu’on veut », lance Eric Ng.

Économie numérique : encore du travail à faire

L’économie numérique a aussi tenu une place importante dans le discours du PM. Selon Eric Ng, il faut dynamiser ce secteur en offrant des incitations fiscales pour la numérisation des entreprises. « Il faut d’abord baisser les coûts de l’Internet et augmenter les capacités.

C’est un beau concept, mais il y a encore beaucoup à faire. L’e-government c’est bien, mais il faut que les services suivent derrière », déclare Eric Ng. Dev Sunassy, président de la Mauritius Information Technology Industry Association (MITIA), partage le point de vue de l’économiste.

« Beaucoup a été accompli en faveur de l’économie numérique, mais il reste encore du travail. La plateforme en ligne Citizen Service Unit (csu.mu) est une bonne chose, mais cela doit aller plus loin. Il faut mettre en place des projets », dit-il..