Maurice doit se lancer dans la recherche génétique pour produire de nouvelles variétés de fruits et légumes, estime Eric Mangar, directeur du Mouvement pour l’autosuffisance alimentaire. D’autant plus que le pays est vulnérable aux conséquences du changement climatique, vu qu’il importe 70 % de la nourriture qu’il consomme.
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Un récent rapport de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture indique que 36 pays, dont 28 du continent africain, ont besoin d’une aide extérieure pour couvrir leurs besoins alimentaires. Bien que Maurice ne figure pas sur cette liste, devons-nous nous en inquiéter ?
L’agriculture intensive vise à satisfaire le marché et non couvrir les besoins alimentaires dans le monde. L’agriculture intensive a un lien avec le réchauffement climatique. Elle est l’une des causes des catastrophes naturelles et contribue indirectement à 30 % des émissions de gaz à effet de serre, surtout avec l’utilisation intensive des fertilisants à base de nitrates.
Et Maurice n’est pas épargné…
Malheureusement, nous ne sommes pas épargnés. 70 % de la nourriture que nous consommons est importée. Que se passera-t-il si ces pays exportateurs sont confrontés à de graves problèmes naturels ou à des conflits armés, comme pour la pénurie de riz en 2008 ? Le pire, c’est qu’il y a une érosion des ressources génétiques dans le monde. Cela explique que, graduellement, nous perdons les plantes qui peuvent nous aider à faire face aux catastrophes naturelles, dont la sécheresse.
Quelle est la solution ?
Maurice doit s’assurer de disposer d’une banque de ressources génétiques capables de faire face au changement climatique et autres catastrophes, vu, par exemple, que nos plantations d’oignons se situent sur les côtes : Belle-Mare, Bambous-Virieux, Petit-Sable et Grand-Sable. Disposerons-nous de nouvelles variétés capables de résister ou tolérer un taux élevé de salinité, dans dix ou vingt ans avec la montée du niveau de la mer ? Il faut du temps pour produire de nouvelles variétés adaptées aux changements climatiques. Cela peut prendre dix à quinze ans. Maurice doit aussi prôner une politique d’autosuffisance en pomme de terre et en poisson entre autres, pour réduire notre dépendance aux importations. Il faut encourager la population à produire ses propres légumes.
Disposons-nous de la technologie nécessaire pour ces travaux ?
Nous sommes très en retard dans ce domaine. Maurice ne dispose pas encore des technologies nécessaires pour établir une banque génétique. Nous avons les ressources, mais pas la technologie pour les préserver ou les utiliser. Ainsi, il existe des variétés sauvages (wild relatives) de l’aubergine. Les gènes du bringelle marron pourraient servir à créer des variétés de bringelles résistantes à la sécheresse. Il faut investir davantage dans les travaux de recherche.
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